“L’Union européenne veut appliquer le Pacte vert mais sans moyens pour accompagner les agriculteurs” estime l’eurodéputé (Renaissance) Jérémy Decerle

Le monde agricole européen s’embrase et la question de la responsabilité de l’Union européenne dans la situation actuelle des agriculteurs se pose. Comment sortir de la crise ? La politique agricole commune est-elle responsable de tous les maux ? Eléments de réponse dans l’émission Ici l’Europe sur France 24 et Public Sénat.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

En pleine crise agricole dans toute l’Europe, les agriculteurs sont venus en tracteur jusqu’au pied du Parlement européen le jeudi 1er février pour exprimer leur colère. Des manifestations qui montrent le rôle crucial de l’Union européenne dans le fonctionnement du secteur agricole. “S’il n’y a pas les subventions européennes de la Politique agricole commune, il n’y a pas de revenus pour les paysans”, rappelle l’eurodéputé français Jérémy Decerle, du groupe Renew au Parlement européen, et de la majorité présidentielle en France, lors du débat de l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. En effet, la PAC représente un tiers du budget de l’Union européenne et en France 22% des revenus des agriculteurs sont issus de ces subventions.

Des normes environnementales trop lourdes ?

Alors que les agriculteurs manifestent dans de nombreux pays européens pour pouvoir vivre décemment de leur travail, le poids des normes environnementales européennes est pointé du doigt, comme par exemple l’obligation de mettre en jachère chaque année 4% des terres des exploitations agricoles. Une obligation qui va être assouplie de manière temporaire pour soulager les agriculteurs. Mais pour les écologistes, cette rotation des cultures est nécessaire : “Des études scientifiques ont montré que la jachère permettait de préserver la biodiversité, le développement des insectes, qui contribuent à la bonne santé des sols et donc au futur de l’agriculture”, explique Tilly Metz, eurodéputé luxembourgeoise du groupe Les Verts au Parlement.

Parmi les inquiétudes du secteur agricole, il y a aussi le Pacte vert, un ensemble de lois écologiques pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre qui s’appliquent à de nombreux secteurs de l’économie dont l’agriculture. Une partie de ces textes ont été votés mais pas encore appliqués. “Les agriculteurs se rendent compte que l’Union européenne va instaurer de nouvelles normes mais sans leur apporter des moyens techniques, financiers, pour pouvoir les appliquer. Il faut des moyens pour accompagner les agriculteurs dans la transition écologique.”

“Pendant que les agriculteurs étaient sur la route, la Commission voulait avancer sur l’accord avec le Mercosur”

Autre point d’inquiétude, les accords de libre-échange signés entre l’Union européenne et des pays étrangers qui font du tort à nos agriculteurs locaux. “Il faut sortir de cette globalisation de l’agriculture et soutenir les chaînes de production locale où le paysan peut peser sur les prix alors qu’aujourd’hui ce sont les grands groupes agroalimentaire et de grande distribution qui décident des prix.”, estime Tilly Metz.

L’accord de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), en cours de négociation depuis des années, est particulièrement décrié car les productions de cette région ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

“La France s’y oppose depuis 2019 et c’est une fierté. Aujourd’hui, pendant que les agriculteurs sont sur les routes, la Commission européenne souhaite avancer sur cet accord avec le Mercosur, c’est scandaleux”, s’indigne Jérémy Decerle.

La négociation de cet accord par la Commission européenne a été finalement suspendue, sous la pression de la France et d’Emmanuel Macron qui a rappelé son opposition ferme à ce projet.

Dans la même thématique

Turkey Iran Protest
6min

International

Iran : « Au sein de la jeunesse, il y a un rejet très fort de l’islam politique, voire de l’islam tout court »

Que se passe-t-il aujourd’hui en Iran ? La semaine dernière, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé un durcissement récent du contrôle des femmes sans voile. Dans le même temps, Paris juge « inacceptable » la condamnation à mort du rappeur Toomaj Salehi, emprisonné pour son soutien au mouvement Femme, Vie, Liberté. Pour Public Sénat, Farid Vahid, spécialiste de l’Iran et co-directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean-Jaurès, analyse le durcissement de la République islamique.

Le

Russian missile hit the outskirts of the city of Kharkiv
6min

International

Guerre en Ukraine : « Les Russes peuvent tirer dix fois plus d’obus que les Ukrainiens  »

Depuis l'été dernier et l’échec de sa grande contre-offensive, l’armée ukrainienne est sur la défensive. Malgré le déblocage d’une aide américaine de 61 milliards de dollars, le commandant en chef des armées reconnaît une dégradation de la situation sur le front. Pour Public Sénat, le Général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, analyse une situation qui ne connaîtra d’issue qu’avec la « disparition de Vladimir Poutine ».

Le

“L’Union européenne veut appliquer le Pacte vert mais sans moyens pour accompagner les agriculteurs” estime l’eurodéputé (Renaissance) Jérémy Decerle
4min

International

En Espagne, la Catalogne s’invite dans la campagne des européennes

A quelques semaines des élections européennes, l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat, s’intéresse aux enjeux du scrutin en Espagne, où l’alliance du gouvernement socialiste avec les indépendantistes catalans crée des remous dans la société espagnole et résonne au niveau européen.

Le

Trait-d-union-V2
1min

International

[Podcast] Trait d’Union - Qu'est-ce qu'il se passe si la France rejette le CETA ?

Le 20 mars dernier, le Sénat français a rejeté l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne : le fameux CETA. La droite sénatoriale s’est alliée pour l’occasion aux communistes et aux écologistes pour marquer un coup politique contre la majorité présidentielle. Mais ce théâtre politique est loin d’être fini! Le texte doit maintenant être transmis par le gouvernement à l’Assemblée nationale. Dans cet épisode, je voudrais qu’on se projette. Et si l’Assemblée venait à rejeter le CETA à son tour ? Qu’est-ce qui se passerait ? Est-ce que tout s’arrêterait ? Et puis autre question, pourquoi est-ce que le CETA est déjà mis en oeuvre, alors que tous les pays ne l’ont pas encore ratifié ? C’est ce qu’on va voir dans cet épisode.  Invité : Alan Hervé, professeur de droit européen à Sciences Po Rennes Vous souhaitez soutenir Trait d’Union ou en savoir plus ? Rendez-vous sur www.traitdunionpodcast.com

Le