Marseille accueille à partir de ce vendredi le pape François pour une visite de deux jours, essentiellement consacrée à la crise migratoire en Méditerranée. Le souverain pontife célébrera samedi une grande messe au Vélodrome, à laquelle Emmanuel Macron a prévu d’assister, ce qui n’a pas manqué de déclencher de vives critiques au sein de la classe politique. À gauche notamment, où l’on rappelle que la République « ne reconnaît aucun culte », selon la loi de 1905, mais à droite également où l’on dénonce une forme de récupération. « La messe, ce n’est pas un one man show, ce n’est pas un happening », a ainsi taclé en début de semaine Olivier Marleix, le patron des députés LR.
Invitée ce vendredi de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, s’est montrée plus nuancée : « Franchement, c’est sa place », a-t-elle commenté. « L’Eglise et la messe sont ouvertes à tous, croyants et non croyants. Emmanuel Macron accueille un chef d’Etat », explique cette ancienne filloniste qui assistera elle aussi à la célébration papale.
« Il n’y a pas d’humanité à accueillir des gens sous des ponts »
« L’actualité rattrape cette visite avec ce qu’il se passe à Lampedusa », note l’élue, favorable comme le reste de sa famille politique à une politique de grande fermeté sur les questions migratoires. La semaine dernière, cette petite île italienne, entre la Sicile et les côtes tunisiennes, a vu débarquer sur son sol quelque 12 000 voyageurs étrangers en provenance d’Afrique. « Nous avons le devoir de faire cesser cette situation, aussi bien pour les pays d’immigration que pour ceux qui reçoivent ces clandestins », estime Valérie Boyer. Elle espère ainsi que l’héritier du trône de Saint-Pierre parlera « aussi de ceux qui reçoivent les migrants et souffrent de ces migrations. »
« Les Européens sont exemplaires dans la façon dont l’accueil se fait. Nous sommes face à une situation inédite, nous n’avons jamais eu autant de personnes qui viennent sur notre sol sans y avoir été invitées, qui ne sont pas des réfugiés politiques, qui choisissent de venir chez nous pour des raisons économiques. »
« Il y a une souffrance des migrants, mais je n’oublie pas la souffrance des personnes qui les accueillent, le poids économique que cela représente pour notre pays. On a parlé récemment de 55 milliards d’euros », poursuit la sénatrice. « La situation n’est plus tenable ni sur le plan humain, ni sur celui de l’intégration. Il n’y a pas d’humanité à accueillir des gens sous des ponts, des bretelles d’autoroute, dans les rues ou sous les portes cochères des immeubles. Je ne vois pas où est l’humanité à faire cela. »
Nouvelle escalade dans le Haut-Karabagh
Valérie Boyer espère également que le pape François aura un mot pour les Arméniens. L’Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans le Haut-Karabagh, région qu’elle dispute depuis des décennies à l’Arménie. « Nous devons aussi être émus par ce qu’il se passe en Arménie, le premier royaume chrétien du monde », martèle la sénatrice qui évoque « la mise en place d’une ‘solution finale’ par l’Azerbaïdjan à l’égard des Arméniens. » « Venir à Marseille sans parler de l’Arménie n’est pas possible ! », conclut Valérie Boyer.