Meta Bans Russian State Media Outlets, Asuncion, Paraguay – 16 Sep 2024
Mandatory Credit: Photo by Andre M Chang/ZUMA Press Wire/Shutterstock (14723789c)RT logo is displayed on a smartphone backdropped by Meta Platforms logo. Facebook owner Meta said on Monday that it is banning RT, Rossiya Segodnya and other Russian state media outlets.Meta Bans Russian State Media Outlets, Asuncion, Paraguay - 16 Sep 2024/shutterstock_editorial_Meta_Bans_Russian_State_Media_14723789c//2409170621

Meta bannit les médias d’État russes sur ses plateformes pour contrer les ingérences étrangères 

La société américaine qui possède Facebook, Instagram et WhatsApp a annoncé, lundi 16 septembre, expulser le groupe Rossia Segodnia, dont fait partie Russia Today (RT), et plusieurs autres médias soutenus par Moscou. Objectif : limiter leurs activités d'ingérence sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, les autorités américaines avaient déjà mis en place certaines mesures contre ces organes de presse.
Quentin Gérard

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Les médias publics russes ne peuvent plus accéder aux plateformes du groupe Meta. « Rossia Segodnia, Russia Today et d’autres entités apparentées sont désormais bannies de nos applications en raison de leurs activités d’ingérence étrangère », affirme la société gérée par Mark Zuckerberg. Pour Catherine Morin-Desailly, sénatrice centriste de Seine-Maritime et spécialiste des questions numériques, cette décision est logique. « C’est la conclusion d’un épisode qui date de plus de huit ans », indique-t-elle, faisant référence aux ingérences russes sur l’application Messenger, appartenant à Facebook, pendant l’élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.

« Laisser la régulation aux plateformes est un problème »

Est-ce le rôle de Meta de prendre de telles décisions politiques ? « Laisser la régulation aux plateformes est un problème », avoue l’ancienne membre de la commission d’enquête sur les politiques publiques face aux opérations d’influences étrangères au Palais du Luxembourg. Le rapport de cette commission recommandait davantage de sensibilisation à la sécurité informationnelle pour les plus jeunes et la création d’un observatoire des influences étrangères. « Ça pose des questions. Qui doit s’occuper de ce danger ? Il faudrait peut-être avoir une instance de régulation des plateformes à l’échelle internationale », s’interroge-t-elle. Une législation de la sorte, adoptée en 2022, intitulée : « Règlement sur les services numériques », existe dans l’Union européenne. Elle fixe des règles pour responsabiliser les plateformes et vise à supprimer les contenus illicites ou préjudiciables, notamment en permettant aux internautes de les signaler.

L’interdiction de Meta intervient quelques jours après que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a dénoncé les activités de déstabilisation du groupe russe Rossia Segodnia, auquel appartient RT. Début septembre, les autorités américaines avaient déjà dévoilé plusieurs mesures visant les médias russes. Notamment des poursuites pénales et des sanctions pour répondre à des tentatives d’ingérences dans la campagne de l’élection présidentielle de 2024. Le département d’État leur avait aussi imposé des restrictions de visa. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a ironisé sur les dernières annonces américaines. « Je pense qu’il devrait y avoir une nouvelle profession aux Etats-Unis : spécialiste des sanctions contre la Russie », a-t-elle déclaré.

Des campagnes de déstabilisation dans le monde entier

« Ces médias soutenus par le Kremlin ne jouent pas seulement un rôle d’influence clandestine pour saper la démocratie aux Etats-Unis, mais aussi pour s’immiscer dans les affaires souveraines de pays du monde entier », a certifié Antony Blinken. De l’autre côté de l’Atlantique, RT a notamment financé une société de création de contenus en ligne. Depuis fin 2023, elle a publié près de 2000 vidéos, visionnées plus de 16 millions de fois sur YouTube. La France n’est pas épargnée. « Ça a été démontré que les Russes sont intervenus dans le dossier de la Nouvelle-Calédonie il y a quelques mois », souligne Catherine Morin-Desailly. « À l’échelle européenne, on peut aussi se poser des questions sur le Brexit. C’est évident que les Russes ne veulent pas d’une Europe forte et unie », termine-t-elle.

Le média public Russia Today, émis en plusieurs langues, est considéré par les Occidentaux comme un organe de propagande en faveur du Kremlin. Quatre jours après l’invasion en Ukraine, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, avait interdit sa diffusion dans l’Union européenne avec Sputnik, une agence de presse financée par la Russie. Le Kremlin avait lui exclu Facebook et Instagram en 2022 après une décision du tribunal qualifiant Meta d’extrémiste. Plus récemment, en juin, il a bloqué 81 médias européens.

Russia Today au service du renseignement russe

« Les moyens de Russia Today ont été étendus avec de nouvelles capacités opérationnelles cyber et des liens avec les services de renseignements russes », a indiqué le département d’État américain dans un communiqué. Ce dernier déclare déployer des efforts diplomatiques pour informer les gouvernements du monde entier de l’utilisation de RT par la Russie pour mener des activités secrètes. D’après Washington, ce média a lancé un programme de financement participatif en ligne en Russie pour fournir un soutien et de l’équipement militaire aux unités russes en Ukraine.

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