En réponse à la hausse des droits de douane annoncée par Donald Trump, les Etats membres de l’Union européenne doivent se prononcer sur une liste de produits américains à taxer. Au total : c’est 22 milliards de produits américains qui se verront touchés par cette hausse des droits de douane.
On retrouve dans cette liste éclectique : les textiles, le tabac, les bateaux de luxe, les rétroviseurs, les motos, le bois, l’acier, les produits de beauté et le maquillage, l’électroménager, le plastique, les saucisses, le maïs, le riz, la volaille… Les droits de douane entreront en vigueur dès le 15 avril pour certains produits. La majorité d’entre eux sera taxée à partir du 15 mai.
Une réponse européenne timide
La réponse européenne semble proportionnée aux 26 milliards d’euros de taxes américaines sur l’acier et l’aluminium entrés en vigueur le 12 mars dernier. Cependant, elle apparaît relativement timide en comparaison des 370 milliards d’euros d’exportations européennes taxés par les Etats-Unis ce qui correspond à 70 milliards d’euros de rétorsion. Le 2 avril, Donald Trump annonçait des « droits de douane réciproques » sur les produits importés aux Etats-Unis. Désormais, l’ensemble des produits européens sont taxés à hauteur de 20 % et les voitures à 25 %.
La Commission européenne reste prudente sur la taxation des produits américains. Elle estime ne pas pouvoir imposer plus de la moitié des 370 milliards de produits américains importés sans porter préjudice au consommateur européen. Sous pression de la France, de l’Italie et de l’Irlande, l’UE a déjà effectué un rétropédalage sur le bourbon américain et les produits laitiers. Fortement dépendantes des importations américaines sur les vins et spiritueux, la France et l’Italie espèrent négocier, du moins atténuer les velléités sur ces produits. Le 13 mars dernier, Donald Trump menaçait les vins et spiritueux européens d’une taxe de 200 % qui ne sera finalement pas appliquée.
Le « bazooka » européen
Puisque les négociations n’aboutissent pas, la Commission envisage, dès la semaine prochaine, une salve de contre-mesures. Elle pourrait concerner les géants de la tech et les grandes banques américaines qui font des affaires sur le Vieux continent. Pour ce faire, l’UE dispose de son « bazooka » européen. Un instrument anti-coercition, adopté en 2023, qui permet d’imposer des restrictions commerciales à des pays tiers.
L’excédent commercial sur les services des Etats-Unis avec l’UE est de 109 milliards d’euros. En tout, c’est 427 milliards d’euros qui pourraient être impactés par une mesure de rétorsion sur les services américains. Et contrairement à une taxe sur les biens, une hausse des droits de douane sur les services impactera nettement moins le consommateur européen.