Israël et l’Iran n’ont pas échangé de nouvelles frappes ces dernières heures. Les deux pays, opposés depuis le 13 juin et les frappes de l’État hébreu sur des sites du programme nucléaire iranien, respectent pour le moment un cessez-le-feu, annoncé mardi par Donald Trump. Dans la soirée, le président iranien Massoud Pezeshkian a officialisé « la fin de la guerre de 12 jours » avec Israël, trois jours après plusieurs tirs de missiles américains sur les sites nucléaires du pays.
« Les Iraniens ont sans doute intérêt au cessez-le-feu », analyse Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), invité ce mercredi 25 juin de la matinale de Public Sénat. « Trump a intérêt au cessez-le-feu, car il ne veut pas d’un nouveau conflit au Moyen-Orient. Mais la question, c’est de savoir si les Israéliens se satisfont ou pas de ce qui a été fait. » Mardi, le pouvoir israélien s’est réjoui d’avoir rempli « tous les objectifs » de sa guerre contre la République islamique.
« Une démonstration de force » à « la valeur dissuasive »
« Les installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont été complètement et totalement détruites », avait de son côté lancé en grande pompe Donald Trump, après les frappes du week-end. Mais mardi, CNN a révélé que l’opération n’avait finalement « pas détruit les éléments essentiels du programme nucléaire iranien ». Des informations se basant sur des sources du renseignement américain, mais réfutées par le président américain dans la nuit. « Le programme nucléaire n’est pas détruit. Il est endommagé, retardé, mais certainement pas éliminé », décrypte Bruno Tertrais.
Pour le spécialiste, Israël a néanmoins « gagné du temps sur le programme nucléaire » iranien. « Ils ont fait une démonstration de force qui non seulement a forcément impressionné les Iraniens, ce qui a une valeur dissuasive pour l’avenir, mais aussi toute la région. » Dans l’autre camp, Téhéran apparaît comme « très affaibli » après le conflit des derniers jours, notamment sur le « plan militaire », poursuit Bruno Tertrais. Malgré tout, il note également « la capacité de résilience » du régime des mollahs, qui n’est pas tombé durant la crise.
Isolée au niveau diplomatique, la République islamique pâtit de la perte de puissance de ses principaux groupes alliés. En riposte aux attaques du 7 octobre 2023, le gouvernement de Benyamin Netanyahou a lancé de nombreuses opérations contre le Hamas dans la bande de Gaza. Au Liban, le Hezbollah a été considérablement ébranlé par l’opération des bipeurs piégés et la mort de son chef de file, Hassan Nasrallah, en septembre dernier. « Ça n’est que parce qu’Israël avait considérablement affaibli le Hezbollah que l’opération a pu se faire », souligne Bruno Tertrais. « Parce que le grand moyen de dissuasion des Iraniens vis-à-vis d’Israël, c’était le Hezbollah. »