Le texte de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, finalisé le 6 décembre, a été dévoilé cette semaine par la Commission européenne. Il prévoit une réduction drastique, voire la suppression des droits de douanes sur des quotas de produits fabriqués de part et d’autre de l’Atlantique. La France continue de s’opposer à ce texte, alors que les volumes de denrées agricoles concernés soulèvent l’inquiétude de nombreuses filières.
Narcotrafic : « il faut une véritable police européenne » plaide cet eurodéputé allemand
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Il y a 10 ans, qui aurait imaginé des trafiquants de drogue projeter d’enlever un Premier ministre en Europe ? C’était pourtant bien le projet de la Mocro Mafia, un réseau de narcotrafiquants semant la terreur aux Pays-Bas et en Belgique, et qui était prêt à enlever en 2021 Mark Rutte, le chef du gouvernement néerlandais de l’époque. Alors que les crimes liés à ce fléau se multiplient, le trafic de drogue figure parmi l’un des enjeux de sécurité et de santé publique les plus urgents aujourd’hui en Europe.
D’autant que la consommation de stupéfiants ne cesse d’augmenter d’année en année. En 2024, 22 millions d’Européens, soit 8% de la population adulte, ont consommé au moins une fois du cannabis, 4 millions de la cocaïne et 3 millions de l’ecstasy.
« Les saisies de cocaïne en Europe, en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique et dans de nombreux autres ports secondaires, n’ont jamais été aussi importantes », expliquait le 13 juin dernier, Robert Fay, le chef de l’unité Drogues d’Europol, agence européenne qui facilite l’échange d’informations entre les polices nationales des différents Etats-membres. Ce jour-là, l’agence se félicitait de la saisie historique de 9 tonnes de cocaïne, dont une partie dans le port espagnol d’Algésiras.
Malgré ce type de succès, la coopération européenne dans la lutte contre le trafic de drogue doit encore progresser. « Plus qu’une coopération entre 27 petites polices nationales, il faut une véritable police européenne avec des compétences fortes pour lutter contre le crime organisé qui traverse facilement les frontières » estime Daniel Freund, eurodéputé allemand écologiste, interrogé dans l’émission Ici l’Europe sur France 24, LCP et Public Sénat. « Si on en reste à la coopération entre polices, il y a de l’information qui se perd, et des difficultés pour travailler ensemble. »
Pour l’eurodéputé du Rassemblement national, Mathieu Valet, ancien commissaire de police, une police européenne est un vœu pieux car « les législations des Etats-membres dans le domaine de la sécurité ne sont pas les mêmes. Il faut donc renforcer la coopération entre les différentes polices (…) réalisée par Europol avec des équipes communes d’enquêteurs venus de différents pays. Le problème est aussi que les juges européens mettent à genoux les policiers face aux narcotrafiquants », estime l’élu RN, en faisant référence à certaines jurisprudences qui limitent l’action des forces de l’ordre.
Légalisation du cannabis ou pénalisation du consommateur ?
Les pays européens divergent dans la stratégie à adopter vis-à-vis des consommateurs de drogue. En France, le gouvernement de Michel Barnier prône des sanctions renforcées des consommateurs de drogue, car selon le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, « chaque joint fumé a le goût du sang », et finance le crime organisé. A l’opposé, l’Allemagne, sous l’impulsion d’un gouvernement de gauche, a légalisé, au printemps dernier, la consommation de cannabis et sa production domestique en petites quantités. « Légaliser la drogue, c’est faire preuve de lâcheté face aux cartels qui veulent mettre nos démocraties sous omerta », commente Mathieu Valet.
Pour Daniel Freund à l’inverse, « cette légalisation permet aux policiers allemands de ne plus être occupés à arrêter les consommateurs d’une drogue, qui est, selon plusieurs études, moins dangereuse que l’alcool et la cigarette. On commence à observer en Allemagne la formation d’associations de cultivateurs de cannabis. Les législations des pays où la consommation est dépénalisée mais la production interdite favorisent la montée de la violence et n’affaiblissement pas le crime organisé. » Au sein de l’Union européenne, 3 pays (l’Allemagne, Malte et le Luxembourg) ont légalisé la consommation de cannabis et 8 pays l’ont dépénalisé.
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