« Il y a beaucoup de chemin à faire ». Alors que Kiev et Washington ont abouti, mardi 11 mars, à une proposition de cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, le général Kempf reste « sceptique » quant à l’espoir d’une adhésion russe. En effet, « l’Ukraine est existentielle pour les Russes », estime-t-il sur notre plateau, néanmoins, ce « premier pas » est significatif.
« Donald Trump veut cesser la guerre au Proche-Orient et en Ukraine », pour le Général Olivier Kempf
Avec ces premières négociations, le président américain montre un visage « pacifiste », selon le chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. En effet, Donald Trump « n’aime pas la guerre et veut cesser la guerre au Proche-Orient et en Ukraine », mais seulement dans un but commercial. Pour le Général Olivier Kempf, le chef d’Etat américain « ne s’intéresse pas à la question européenne ».
Or, celle-ci plane sur les discussions entre Paris et le reste du continent européen. Le président de la République a notamment reçu la présidente moldave, Maia Sandu, à Paris le lundi 10 mars dernier pour soutenir « l’indépendance, à la souveraineté et à la sécurité » du voisin russe, selon les mots de l’Elysée. En effet, selon le directeur du cabinet stratégique La Vigie, un « risque » russe existe pour les pays baltes, mais également des pays frontaliers de la Russie, comme la Roumanie ou la Moldavie.
Aujourd’hui, l’ensemble du continent européen « se rend compte qu’il faut peut-être un plan B » à la « garantie de sécurité » que représentaient les Etats-Unis, avant le retour de Donald Trump à la Maison blanche, analyse Olivier Kempf.
La Russie n’est pas une « menace existentielle pour la France », estime-t-il
Cependant, le général ne voit pas dans la fédération de Russie une « menace existentielle » pour la France. En ce sens, il nuance les propos d’Emmanuel Macron lors de son allocution du 3 mars dernier, qui affirmait que la Russie était « devenue une menace pour la France et l’Europe ». En effet, selon le chercheur « La Russie a déjà du mal à battre l’Ukraine. […] Avant qu’elle se mette à attaquer toute l’Europe, il y aura un peu de temps ».
Cependant, des risques d’ingérence demeurent pour le pays, dès lors que des Etats comme la Russie, la Chine ou encore la Corée du Nord « ciblent particulièrement » notre espace cyber. Pourquoi ? « Pour nos positions politiques, mais aussi et beaucoup pour nos positions économiques », imagine-t-il. « La nécessité de la cybersécurité est évidente. Elle doit être tous azimuts », affirme le général sur notre plateau.
Dans le futur, l’Europe devra faire un « effort stratégique et capacitaire » pour parvenir à se défendre un jour sans les Américains. En effet, le général Olivier Kempf estime que cette petite révolution pourrait prendre « 10 ans ». En attendant, « il faut rester prudent, et maintenir une sorte de garantie transatlantique », conseille-t-il.