« On ne s’attendait à rien et personne de sérieux ne pouvait s’attendre à quelque chose », lance, désabusé, Nicolas Tenzer qui s’interroge sur les marges de négociation entre les deux pays. « D’un côté vous avez les Ukrainiens qui demandent un cessez-le-feu inconditionnel et de l’autre, des Russes, qui sont des tueurs, avec une délégation qui ne veut pas la paix », s’inquiète l’ancien haut fonctionnaire.
Sur proposition de Vladimir Poutine, les premières négociations ont eu lieu ce vendredi matin, entre Ukrainiens, Russes et Américains. Les chefs d’Etats des pays belligérants ne vont pas se rencontrer malgré l’insistance du président ukrainien.
Pour Nicolas Tenzer, le président russe ne prend pas au sérieux les négociations en cours. « Les Russes défendent une position maximaliste », analyse-t-il. « On sait très bien que Poutine cherche à annihiler l’Ukraine, à la détruire. Il y a une volonté d’éliminer les Ukrainiens, de leur enlever leur patrimoine ». Il l’assure, la Russie est en train de commettre un génocide : « Des viols de masses sont organisés et des enfants sont déportés. Du point de vue de la Convention, c’est un génocide ».
« L’Ukraine peut finir par gagner cette guerre »
Nicolas Tenzer note tout de même une légère inversion des rapports de force dans ces nouvelles négociations : « Poutine cherche à manipuler tout le monde, mais cette fois-ci, il a en face de lui, quelqu’un [Volodymyr Zelensky] qui n’a pas peur. Celui qui est en position de force aujourd’hui, c’est Zelensky ».
Le spécialiste insiste sur la défense impressionnante des Ukrainiens qui se « réarment massivement ». « Le récit du Kremlin c’est que l’Ukraine a déjà perdu la guerre, or elle tient, le front ne bouge pas », se réjouit-il. « L’Ukraine peut finir par gagner cette guerre à condition que les Occidentaux l’aident. Mais pour cela, il ne faut pas être dans une position défaitiste ».
Cependant, il pointe une erreur importante du président ukrainien en marge des négociations : « C’est une faute [de la part de Zelensky] de dire que l’Ukraine ne récupérera pas l’intégralité de son territoire. Si des territoires restent occupés, je ne vois pas comment conserver une crédibilité en Europe en termes de protection du droit international », juge-t-il en redoutant le moindre accord de paix. « Cela pourrait nous endormir et accroître la menace que fait peser la Russie sur notre sécurité ».