Alors que de nombreux sénateurs attendaient une réponse de la ministre depuis plusieurs jours, Agnès Pannier-Runacher a finalement annoncé ce 13 novembre, lors des questions d’actualité au gouvernement, qu’elle ne se rendrait pas à la COP 29 en Azerbaïdjan. Elle était attendue à Bakou à partir du 20 novembre, pour participer à la fin des négociations jusqu’au 23 ou 24 novembre.
La décision de la ministre de la Transition écologique fait suite aux déclarations du président Ilham Aliev. Ce 13 novembre, celui-ci a ouvertement dénoncé des « violations des droits humains » de la France en Nouvelle-Calédonie. « Le régime du président Macron a tué 13 personnes et blessé 169 personnes pendant les légitimes protestations du peuple kanak », a-t-il affirmé, alors que l’Azerbaïdjan est accusé par la France d’ingérences dans le cadre de ces émeutes.
Une remise en cause des conclusions de la COP 28
Le président de l’Azerbaïdjan est coutumier de ce genre déclarations polémiques. En ouverture de la COP 29 ce 11 novembre, Ilham Aliev a ainsi affirmé que le gaz et le pétrole, dont l’économie du pays dépend fortement, étaient un « cadeau de Dieu ». Des propos renouvelés et assumés dès le lendemain : « Le pétrole, le gaz, le vent, le solaire, l’or, l’argent… Ce sont des ressources naturelles et on ne doit pas reprocher aux pays d’en avoir et de les fournir aux marchés, car les marchés en ont besoin. »
Au micro de Public Sénat, la ministre de la Transition écologique dénonce « une provocation » : « La grande victoire obtenue par la diplomatie française et européenne l’an dernier à la COP 28, c’était la sortie progressive des énergies fossiles. Affirmer que ces énergies sont un « don de Dieu », c’est une façon de remettre en cause cet accord international qui nous engage tous ».
Le gouvernement « interrogateur » face au traité gazier conclu entre l’Europe et l’Azerbaïdjan
« Évidemment, on ne laissera pas faire », affirme la ministre, qui promet que malgré son absence la France portera lors de la COP 29 « des positions très ambitieuses dans la lutte contre le réchauffement climatique ». Sans se rendre à Bakou, Agnès Pannier-Runacher devrait ainsi piloter l’action de sa délégation à distance : « Je serai en appui de mes équipes, au plus près. […] Les équipes françaises seront dans toutes les salles de négociation, elles porteront notre agenda, que ce soit sur la sortie des énergies fossiles ou sur les droits de l’homme. »
Si la France entend poursuivre les avancées sur la sortie des énergies fossiles engagées lors de la précédente COP, sa position sur le contrat gazier négocié en 2022 entre l’Union européenne et l’Azerbaïdjan reste nuancée. Dans l’hémicycle, la sénatrice Les Républicains Christine Lavarde a interpellé Agnès Pannier-Runacher en l’appelant à dénoncer cet accord. « Nous n’importons pas de gaz d’Azerbaïdjan, nous sommes totalement indépendants de toute molécule de gaz qui viendrait de ce pays », insiste la ministre, ajoutant que le gouvernement est « interrogateur par rapport à ce traité » sans pour autant appeler à en sortir.