Election américaine 2024 : les 7 choses à savoir avant le scrutin
Avant l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, Public Sénat fait le point sur les 7 points essentiels à avoir en tête pour comprendre le scrutin.
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Le monde retient son souffle devant l’escalade militaire d’une intensité inédite, entre Israël et le Hezbollah. Depuis plusieurs jours, l’armée israélienne intensifie ses frappes contre l’organisation islamiste chiite, basée au Liban et soutenue par l’Iran. Solidaire du Hamas, cette organisation politique et militaire avait repris ses tirs de roquettes contre le nord d’Israël, en réponse à l’opération militaire de l’Etat hébreu dans la bande de Gaza, elle-même menée en réaction aux attentats de masse perpétrés le 7 octobre. Au cours de ces derniers mois, les affrontements transfrontaliers ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de civils des deux côtés de la frontière, dont près de 70 000 du côté israélien.
Le vendredi 27 septembre, Tel Aviv a porté un coup important au sommet du commandement du Hezbollah, en éliminant notamment son leader Hassan Nasrallah, lors d’une frappe massive contre le quartier général de l’organisation dans la banlieue sud de la capitale libanaise, Beyrouth. Une vingtaine d’autres hauts responsables ont également péri dans ce bombardement comme sur d’autres sites visés, dans le sud du pays ou le sud de la capitale. Ce lundi, le ministre israélien de la défense a estimé que la mort de Nasrallah était une « étape importante », mais « pas la dernière ».
Mais ces victoires militaires se sont faites au prix de victimes collatérales nombreuses. Le nombre de morts, en majorité des civils, se chiffre à près d’un millier, selon le ministère de la Santé libanais. Hier, le Premier ministre libanais Najib Mikati a estimé qu’un million de personnes ont dû fuir les zones touchées par les bombardements, soit « le plus grand déplacement de population de l’histoire du pays ».
L’appel à un cessez-le-feu de trois semaines, porté par la France et les États-Unis vendredi, et soutenu par les Européens et plusieurs Etats arabes, sont restés sans réponse. Arrivé dimanche soir à Beyrouth pour afficher le soutien de la France, le nouveau ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a réitéré un appel à la fin des combats, mais aussi au « respect du droit international et humanitaire », ainsi qu’à la mise en œuvre de la résolution 1701, qui avait mis fin à la guerre en Israël et le Hezbollah en 2006. « Les solutions diplomatiques existent », a plaidé le ministre français, qui « exhorte » Israël à ne pas se lancer d’offensive terrestre au Liban.
Sur place, le calme n’est pas revenu. L’armée israélienne a mené une frappe ce matin dans le cœur de Beyrouth, tuant trois membres d’un groupe armé palestinien, le FPLP. « On doit se réjouir que le ministre Jean-Noël Barrot se soit rendu sur place, même si la situation est dangereuse », salue le président de la commission des affaires étrangères et des forces armées du Sénat, Cédric Perrin (LR). Le sénateur du Territoire de Belfort tire cependant un constat d’échec sur les tentatives de la communauté internationale de mettre fin à l’escalade militaire. « Cela nous oblige à constater que la voix de la France ne porte plus depuis le 7 octobre », regrette le parlementaire. « Cela démontre aussi une incapacité des organisations internationales de régler un quelconque problème. On le redoutait depuis le 7 octobre, tous les ingrédients sont là pour que l’extension du conflit soit une triste réalité. »
Son prédécesseur, Christian Cambon (LR), qui a multiplié les prises de contact avec le Liban ces dernières années, tire le même bilan sur la perte d’influence de la diplomatie française. « Les choses ont tourné de manière dramatique. C’est une très grande inquiétude pour le Liban, mais tout cela était inscrit dans les faits. Je ne pense pas personnellement que l’emprise du Hezbollah et cet état de guérilla permanente pouvaient continuer éternellement », réagit le sénateur du Val-de-Marne.
Pour le sénateur (Union centriste) Olivier Cadic, les appels au cessez-le-feu relèvent dans le contexte actuel d’une « impuissance absolue ». « Il y a deux forces qui sont déterminées à s’éliminer physiquement. La volonté de l’Iran, c’est d’éliminer Israël de la carte, c’est ce que voulaient le Hamas et le Hezbollah. De l’autre côté, il y a une volonté de se défendre, existentielle, cela peut se comprendre. Il y a aussi une nouvelle position israélienne de l’extrême droite qui revendique des nouveaux objectifs territoriaux, qui ne cache plus sa volonté de ne pas permettre un second Etat, Palestien. On sait très bien qu’il n’y pas de solution sans cela. Ces gains militaires violents n’offrent que des répits », estime le sénateur représentant les Français établis à l’étranger.
Les deux derniers présidents de la commission des affaires étrangères voient en tout cas dans l’élimination d’Hassan Nasrallah, et de plusieurs cadres du mouvement, une façon d’ouvrir un nouveau chapitre. « Il y a une sorte d’hypocrisie de la part des dirigeants occidentaux, qui appellent au cessez-le-feu, qui doivent être contents que le Hezbollah soit mis à terre », observe Christian Cambon. Cédric Perrin appelle, de son côté, à considérer l’ancienne figure chiite comme un « chef d’une organisation terroriste », et non comme un leader politique. « Il a les mains salies de la mort de milliers d’hommes, et de plusieurs dizaines de Français, notamment de l’attentat du Drakkar en 1983. Ce serait bien de s’en souvenir », insiste le sénateur belfortain.
Interrogés sur le risque d’embrasement généralisé et de contagion dans la région, le président de la commission et l’envoyé spécial de Gérard Larcher pour les relations internationales restent confiants quant à l’attitude de Téhéran. « Pour l’instant, ils n’ont pas les moyens de leurs ambitions, ils sont en retrait », observe Cédric Perrin. « Je ne crois pas à une guerre généralisée car l’Iran ne peut pas se le permettre, compte tenu de la crise économique et sociale », ajoute Christian Cambon. Le sénateur note toutefois que la campagne présidentielle aux Etats-Unis ne facilite pas un retour au calme dans la région. « On ne peut plus arrêter Israël, qui profite du vide qui court jusqu’au 4 novembre. Israël et Netanyahou vont finir le travail, au prix de lourdes pertes civiles », redoute-t-il. « Israël ne se soucie plus de son image, de ce que pensent les autres pays occidentaux, c’est quelque chose que l’on constate de manière très claire », observe Cédric Perrin.
Pour le centriste Olivier Cadic, l’une des clés dans la fermeture du front nord d’Israël se trouve dans les mains des responsables politiques à Beyrouth, alors que le pays est dans une situation de blocage politique complet. Depuis deux ans, les différentes familles politiques n’ont pas réussi à s’entendre sur un nom pour la présidence de l’Etat, qui reste toujours vacant. « Ce n’est pas à nous de négocier avec Israël pour le Liban, il faut absolument un gouvernement avec un vrai président, qui soit respecté. Aujourd’hui, on a peut-être l’opportunité avec ce qu’il s’est passé d’avoir une issue politique », explique le sénateur des Français de l’étranger. Le sénateur se dit convaincu que le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, pourrait s’imposer comme un candidat idéal, l’armée représentant le Liban multi-confessionnel, selon lui.
Au sein de la commission, Akli Mellouli, sénateur écologiste du Val-de-Marne, se montre vivement préoccupé par le sort des populations civiles. Il conteste la dureté de la réponse de l’armée israélienne, qui s’affranchit selon lui du « respect du droit international ». « C’est inconcevable de laisser faire ça. On ne peut pas se féliciter que pour lutter contre le terrorisme, on utilise des lois de terroristes. Les règles de protection des civils, et le droit international qu’on a construit à la fin de la Seconde Guerre mondiale, sont en train de mourir au Liban », s’écrie ce vice-président de la commission des affaires étrangères. L’ancien socialiste, qui qualifie l’action de Benjamin Netanyahou de « fuite en avant pour rester au pouvoir », entend demander au groupe écologiste le dépôt d’une proposition de résolution, pour rappeler un certain nombre de principes. « Les dommages collatéraux ne sont pas négligeables, c’est un vrai sujet », admet le président LR de la commission.
Comme il y a an, la situation explosive au Proche-Orient va s’imposer encore une fois, aux côtés du conflit en Ukraine, des préoccupations les plus vives de la commission des affaires étrangères du Sénat. « On va essayer d’organiser des auditions de haut niveau, pour mieux comprendre ces questions et voir comment agir », précise Cédric Perrin, en contact avec Christine Lavarde (LR), la présidente du groupe d’amitié France-Liban. Ce jeudi, la commission doit entendre Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. Le ministre des Affaires étrangères devrait aussi être auditionné à la mi-octobre, pour la première fois depuis sa nomination.
« La commission ne peut pas rester inerte devant ces évènements. Le Sénat va montrer sa plus vive attention et essayer d’inviter le gouvernement à prendre des initiatives », espère également Christian Cambon, qui rappelle que les « armes ne régleront pas le problème ».
Comme ses collègues, Olivier Cadic se montre par ailleurs vigilant sur le sort des plus de 20 000 Français qui vivent au Liban. Le sénateur s’est rendu dans la région au mois de juillet, il se dit rassuré sur les capacités françaises à gérer une éventuelle évacuation. « Je voulais vérifier si on était prêt à organiser une sortie de nos ressortissants si on avait une nouvelle crise à l’image de ce qu’on a connu dans le passé. Le travail de préparation a été fait, il faut rendre hommage à nos armées et à notre diplomatie dans ce domaine. »
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