Emmanuel Macron arrive à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies. Crédit : Sergey Guneev/SPUTNIK/SIPA
Emmanuel Macron arrive à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies. Crédit : Sergey Guneev/SPUTNIK/SIPA

ONU : à quelle heure et comment va se dérouler la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France ?

Emmanuel Macron a prévu d’annoncer la reconnaissance officielle de l'État de Palestine par la France devant l'Assemblée générale des Nations Unies, le 22 septembre. Le chef de l’Etat mise sur cet événement diplomatique de grande envergure pour donner un nouvel élan au processus de paix au Moyen-Orient.
Romain David

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Le compte à rebours est lancé. La France s’apprête à reconnaître officiellement l’existence de l’Etat de Palestine, à l’occasion de la 80e Assemblée générale des Nations unies, qui se tient actuellement à New York jusqu’au 23 septembre. Annoncée en avril par le président Emmanuel Macron, cette reconnaissance devait initialement intervenir le 17 juin, mais elle a été reportée sine die en raison de l’attaque surprise lancée par Israël contre l’Iran.

La reconnaissance d’un Etat palestinien ne dépend d’aucun vote ni d’une procédure particulière au sein des Nations unies. Il s’agit de la ligne adoptée par la politique étrangère française, souvent présentée comme l’un des « domaines réservés » du chef de l’Etat. En choisissant la tribune de l’ONU pour exprimer la position officielle de la France, Emmanuel Macron entend lui donner une résonance particulière, espérant à la fois créer un effet d’entraînement auprès des autres nations et revitaliser la solution dite « à deux Etats ».

Une initiative franco-saoudienne

Si la décision française ne dépend d’aucune instance internationale, ni d’un mécanisme législatif particulier, comme d’un vote du Parlement, elle procède néanmoins d’un effort diplomatique plus large, conjointement mené avec l’Arabie saoudite.

Du 28 au 30 juillet 2025, Paris et Riyad ont coprésidé une première conférence des Nations unies à New York, autour de la solution à deux Etats, qui prévoit la coexistence de l’État d’Israël avec un État palestinien, conformément à la résolution 181 des Nations unies, adoptée le 29 novembre 1947. Une centaine de délégations ont pris part à cette conférence, néanmoins boudée par Israël et les Etats-Unis.

La « Déclaration de New York »

Au cours de ce symposium, un texte rédigé par les deux co-organisateurs, et désormais connu comme la « Déclaration de New York », a été présenté aux participants, sorte de feuille de route vers un retour de la paix au Moyen-Orient. Ce document prévoit « un règlement juste, pacifique et durable du conflit israélo-palestinien, fondé sur la mise en œuvre effective de la solution à deux États ».

La « Déclaration de New York » exclut également le Hamas des démarches diplomatiques et politiques, insistant sur la nécessité de désarmer le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis 2006, et qui a perpétré les attaques terroristes du 7 octobre 2023 contre Israël.

Ce texte, qui n’a pas valeur de traité mais qui procède plutôt de la proclamation ou de la profession de foi, a d’abord été signé par 17 pays occidentaux et arabes. Le 12 septembre, il a été soumis au vote de l’Assemblée générale des Nations unies, et finalement adoptée par 142 des 193 Etats membres, avec 10 voix contre et 12 abstentions parmi les participants au vote. Ce scrutin « traduit le soutien inédit d’une majorité de la communauté internationale à des principes aussi essentiels que l’appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération de tous les otages et la réalisation d’un État palestinien viable et souverain », a salué le Quai d’Orsay dans un communiqué.

À rebours, Oren Marmorstein, le ministre israélien des Affaires étrangères, a qualifié l’Assemblée générale des Nations unies de « cirque politique détaché de la réalité », fustigeant le fait que pas une seule fois ce texte ne qualifie le Hamas « d’organisation terroriste ». « Cette résolution ne fera pas avancer la paix, au contraire, elle encourage le Hamas à continuer la guerre », a-t-il estimé sur X.

» LIRE AUSSI – Reconnaissance de l’Etat de Palestine : « Tant que les conditions ne sont pas réunies, c’est une aberration », estime Roger Karoutchi

Le sommet du 22 septembre

Point d’achèvement de cette séquence diplomatique la semaine prochaine, avec une dernière réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui marquera aussi le 80e anniversaire de l’organisation. Elle se tiendra à New York lundi 22 septembre, de 15 heures à 18 heures (21 heures à minuit, heure de Paris), toujours co-présidée par la France et l’Arabie saoudite.

Selon nos informations, c’est vers 15 h 30 heure locale (21 h 30 heure de Paris), qu’Emmanuel Macron doit prendre la parole depuis la tribune, et annoncer devant ses homologues du monde entier et leurs représentants la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France. Le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique et l’Australie ont déjà fait savoir leur intention d’en faire autant.

À ce jour, 148 pays membres sur 193 reconnaissent l’Etat palestinien. Avec la France et le Royaume-Uni, ce sont désormais quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – l’organe exécutif de l’ONU -, qui valideront cette reconnaissance, la Chine et la Russie l’ayant fait dès la fin des années 1980. De quoi isoler les Etats-Unis autour de la table, qui disposent néanmoins, comme les autres membres du Conseil de sécurité, d’un droit de veto.

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