Otages français en Iran : « Ils commencent vraiment à douter de pouvoir revenir un jour », confie la sœur de Cécile Kohler

Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris sont arbitrairement détenus par Téhéran depuis mai 2022. Entendue au Sénat ce mercredi 22 janvier, sa sœur Noémie, à la tête d’un comité de soutien, espère que l’adoption prochaine d’une résolution européenne sur les otages d’Etat fera bouger les lignes.
Romain David

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À l’approche du 1 000e jour de détention de Cécile Kohler en Iran, sa sœur Noémie, porte-parole du comité de soutien « Liberté pour Cécile », a été reçue par la commission des Affaires étrangères du Sénat ce mercredi 22 janvier 2025. Au début du mois, Narges Mohammadi, la lauréate du Prix Nobel de la paix 2023, détenue dans la même prison que Cécile Kohler, s’était alarmée au micro de France Inter des conditions de détention et de l’état de santé de Cécile Kohler, qui a été placée à l’isolement. La militante iranienne sera d’ailleurs auditionnée jeudi 23 janvier par la délégation sénatoriale aux droits des femmes.

« On commence une nouvelle année sans Cécile. Sa situation reste absolument bloquée, de même que celle de Jacques [son compagnon, ndlr]. Et ils sont de plus en plus désespérés. Ils commencent vraiment à douter de pouvoir revenir un jour », confie Noémie Kohler au micro de Public Sénat. « Il est très difficile d’avoir des informations fiables sur l’état de santé de Cécile parce que les seuls contacts qu’elle peut avoir avec l’extérieur, ce sont des contacts très rares, très aléatoires. Ce sont des visios WhatsApp d’environ cinq minutes qui se déroulent sous très haute surveillance. Elle ne peut pas s’exprimer librement sur son état de santé, ses conditions de détention. En revanche, on sent, quand on lit entre les lignes, que son désespoir est de plus en plus grand. »

« Elle dort à même le sol »

Cécile Kohler et son compagnon, Jacques Paris, ont été arrêtés et emprisonnés en mai 2022, arbitrairement accusés d’espionnage par le régime de Téhéran, alors qu’ils passaient des vacances dans le pays. « Elle est enfermée dans une cellule avec la lumière allumée 24 heures sur 24. Elle n’a pas de fenêtre, elle est surveillée 24 heures sur 24 », relate Noémie Kohler. « Elle ne peut en sortir que trois fois par semaine pendant des sorties très courtes, de 20 à 30 minutes dans une cour. Elle dort à même le sol. Elle fait tout par terre. Elle n’a pas de quoi écrire, elle ne reçoit pas nos livres. Ce sont vraiment des conditions extrêmes qui nous font craindre vraiment le pire pour sa santé. »

À ce stade, ses proches ne sont pas tenus informés par le gouvernement sur le contenu des tractations mises en œuvre par la France avec Téhéran pour obtenir la libération de cette enseignante. « La question qui se pose, c’est de savoir si c’est positif ou négatif pour les otages de communiquer sur leur situation. Désormais beaucoup pensent qu’après 1 000 jours de détention, il faut y aller ! », explique le sénateur LR Cédric Perrin, président de la commission des affaires étrangères.

Mi-janvier, le Français Olivier Grondeau, 34 ans, détenu en Iran depuis plus de deux ans, a choisi de révéler son identité pour la première fois dans un message diffusé par ses proches. « Il y a eu le temps diplomatique, pendant lequel on a laissé faire, et rien ne s’est passé. Maintenant, c’est le temps des médias », a expliqué sa mère sur France Inter.

Une initiative européenne

Ce jeudi, le Parlement européen débattra de l’adoption d’une résolution exigeant la libération de tous les otages retenus par le régime des Mollahs. « Il y a une quinzaine d’otages européens actuellement en Iran. Nous sommes persuadés qu’une plus grande coopération entre les Etats membres sur la question des otages serait la bienvenue, et nécessaire vu l’urgence de la situation des trois otages français », conclut Noémie Kohler.

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