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Plan de Trump sur Gaza : « Il y a très clairement une volonté d’imposer une fin de guerre, sans résolution politique du conflit »

Après l’annonce d’un accord entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou pour mettre fin au conflit dans la bande de Gaza, la plupart des puissances mondiales saluent une avancée majeure. Pourtant, de nombreux détails restent à préciser et la résolution politique du conflit demeure en suspens.
Henri Clavier

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Devant un parterre de généraux et d’amiraux de l’armée américaine, Donald Trump a déclaré que « ce serait une grande insulte à notre pays » s’il n’obtenait pas le Prix Nobel de la paix. Une récompense que le Président américain juge désormais inévitable après la présentation de son plan pour mettre fin au conflit dans la bande de Gaza. Hier, à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre Israélien, le 47e président des Etats-Unis a présenté un plan en vingt points sur le futur de la bande de Gaza. Le plan prévoit la libération de tous les otages détenus par le Hamas, la démilitarisation du mouvement islamiste, le retour de l’aide humanitaire à Gaza ou encore la présence dans l’enclave d’une force internationale de stabilisation. 

L’accord a été accepté par plusieurs pays arabes, qui ont salué les « efforts sincères » du président des États-Unis pour « mettre fin à la guerre », et par Israël, tandis que le Hamas doit encore faire connaître sa position. Une position qui devrait être connue après une réunion entre les représentants du Hamas et les négociateurs turcs et qataris ce mardi soir. Donald Trump a lancé un ultimatum de “trois ou quatre jours” au Hamas pour donner sa réponse.

Donald Trump et Benyamin Netanyahou ont menacé le Hamas d’une disparition complète en cas de rejet du plan. Le Premier ministre Israélien a affirmé qu’il se réservait le droit de « finir le travail » en cas de refus du Hamas. Par ailleurs, suite aux critiques d’un ministre d’extrême droite appartenant à la coalition de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien s’est empressé de préciser que le plan ne prévoyait pas « d’accepter un Etat palestinien ». Des positionnements qui jettent le flou sur le futur du plan et mettent en doute son applicabilité. 

Un accord peu contraignant pour Israël 

En rappelant l’ambiguïté de certains éléments du plan, le premier ministre israélien montre surtout qu’il a réussi à convaincre les Etats-Unis de reprendre les priorités de l’Etat Hébreu pour mettre fin au conflit. « Avec ce plan, tout le monde accepte que le retrait de l’armée israélienne ne soit pas immédiat. Les détails du plan ne sont pas finalisés et les termes restent assez vagues pour que chacun puisse soutenir le plan, présenter son propre narratif. C’est là le coup de maître de Trump qui « piège » les pays arabes, qui ont soutenu la première version du plan, mais ne contraint pas non plus Israël », explique Laure Foucher, maîtresse de recherche sur le Moyen-Orient à la Fondation pour la recherche stratégique. 

Ainsi, Israël est parvenu à obtenir, dans le plan, la libération de tous les otages tout en conciliant cela avec un retrait progressif de l’armée israélienne. Par ailleurs, le retrait reste conditionné au respect des garanties sécuritaires voulues par Israël. 

Un plan encore imprécis 

Malgré plusieurs éléments essentiels, le plan demeure particulièrement flou sur des points clés et notamment la question de la gouvernance de la bande de Gaza. « L’application du plan doit dépendre de la « force internationale de stabilisation » qui prendrait une forme assez inédite, même si l’on manque encore de détails », rappelle Laure Foucher qui rapporte également que la création d’un comité « technocratique et apolitique » présidé par Donald Trump pour diriger Gaza permet à Israël de se placer dans une gestion bilatérale de la région avec les Etats-Unis. Par ailleurs, la place accordée à l’Autorité palestinienne dont le président Mahmoud Abbas a promis qu’elle engagerait un vaste mouvement de réforme interne reste inconnue. Enfin, la question de la colonisation en Cisjordanie reste absente du plan. 

« Il y a très clairement une volonté d’imposer une fin de guerre, sans résolution politique du conflit, dans cet accord tout est uniquement rattaché à la dimension sécuritaire. Le plan reprend l’ensemble des exigences sécuritaires d’Israël, sans lui demander des engagements réels sur le plan politique, ce qui n’est pas le cas pour la partie palestinienne », analyse Laure Foucher. 

« Le Qatar et la Turquie vont tout faire pour qu’il soit d’abord accepté par le Hamas » 

Un accord qui semble peu contraignant pour Israël et qui semble également illustré l’urgence pour les négociateurs d’obtenir une fin du conflit alors que la famine touche toujours la bande de Gaza. « Les frappes israéliennes à Doha ont beaucoup joué sur la position des pays du Golfe pour qui la priorité est d’obtenir un cessez-le-feu, et se contentent des garanties offertes par les Etats-Unis », estime Laure Foucher. La pression mise par les pays arabes sur le Hamas pour faire avancer les négociations s’est déjà illustrée récemment lorsque le mouvement islamiste avait accepté en août 2025 de renoncer à s’impliquer dans la gouvernance de Gaza une fois le conflit terminé. 

Grandement fragilisés, les dirigeants du Hamas pourraient donc se satisfaire de l’amnistie offerte par le plan. « Si l’application du plan semble difficile, le Qatar et la Turquie vont tout faire pour qu’il soit d’abord accepté par le Hamas en lui donnant notamment des garanties sur sa survie politique, ce qui est depuis un certain temps ce qu’il peut espérer de mieux », résume Laure Foucher.

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