Election 2024 Trump

Primaire républicaine USA : une multiplication des candidatures qui profite à Donald Trump 

L’ex-vice-président de Donald Trump, Mike Pence vient d’entrer dans la course à la présidentielle. On compte désormais 9 candidats face à Donald Trump pour la primaire américaine, une multiplication des candidatures qui favorise l’ancien président. Son inculpation fédérale pour recel de documents gouvernementaux classifiés ne chang
Tâm Tran Huy

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Et de dix. Mercredi 7 juin, Mike Pence est entré à son tour dans la course à la primaire républicaine. Dans sa vidéo de lancement de campagne, l’ex-vice-président de Donald Trump a lancé : « Dieu n’en a pas encore fini avec l’Amérique ! » Pour l’heure, sa candidature comme celle des huit autres postulants déclarés, risque surtout de faire les affaires de Donald Trump. L’Amérique n’en a sans doute pas fini avec l’ancien président américain.

Dix candidats pour une investiture

A plus d’un an de la Convention républicaine, on compte déjà 10 postulants sur la ligne de départ. Face à Donald Trump, le principal challenger est aujourd’hui le gouverneur de Floride, réélu très largement en 2022, Ron DeSantis, dont les différences avec l’ancien président américain ne sont pas flagrantes. Rival mais aussi héritier (en 2018, Donald Trump saluait en lui un « leader très brillant »), « il fait du Trump sans Trump » résume le spécialiste des Etats-Unis André Kaspi. Anti-woke, très conservateur sans partager les outrances de Donald Trump, il est aujourd’hui menacé de poursuites après avoir déplacé en avion des migrants, de la Floride jusqu’en Californie, terre démocrate.

Les différences de tempérament sont plus claires avec son ex-vice-président Mike Pence, qui s’était déjà démarqué de Trump en reconnaissant, en 2021, le résultat des urnes lors de la dernière présidentielle américaine. « Discret, il ne déplace pas les foules, mais bénéficie d’un appui chez les chrétiens fondamentalistes », explique André Kaspi. En revanche, difficile pour lui de se détacher complètement du bilan des années Trump : « Lorsqu’on a été vice-président et que l’on se présente, ça veut dire que l’on défend le mandat que l’on a exercé. »

Les électeurs républicains auront l’embarras du choix puisque deux autres candidats se sont fait connaître cette semaine : Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey, et Doug Burgum, gouverneur du Dakota du Nord. Ils sont venus s’ajouter à une nuée d’ambitieux déjà déclarés : Nikki Haley, diplomate et ancienne gouverneure de Caroline du Sud, Asa Hutchinson, ex-gouverneur de l’Arkansas, le sénateur Tim Scott et l’entrepreneur Vivek Ramaswamy. Mais rien n’assure qu’ils seront encore tous là pour la Convention d’investiture républicaine en vue de la présidentielle, qui doit se tenir en juillet 2024 à Milwaukee. « On est dans une période où les candidatures se déclarent et disparaissent » explique André Kaspi, qui tire tout de même une première conclusion de cette multiplications des postulants : « plus il y a de candidat, plus cela favorise Trump. La diversité est une faiblesse pour tous les candidats sauf pour lui. »

Les casseroles de Donald Trump : avantage ou inconvénient ?

Résultat : l’ancien président américain fait plus que jamais figure de favori et écrase ses concurrents dans les sondages, en ayant plus de 30 points d’écart avec son premier challenger Ron DeSantis. Il a beau avoir été mis en accusation par deux fois par la Chambre des représentants, être lesté de nombreuses poursuites judiciaires, Donald Trump reste extrêmement populaire chez les conservateurs.

Les ennuis judiciaires du milliardaire sont pourtant nombreux. Le 30 mars, il a été inculpé pour une série de paiements avant 2016 qui visaient à étouffer des affaires embarrassantes. La plus médiatique d’entre elles, l’affaire Stormy Daniels (du nom de l’actrice pornographique qui aurait reçu de l’ancien président 130 000 dollars), a été révélée en 2018 par le Wall Street Journal. Problème : ce paiement a été enregistré comme frais juridique de la Trump Organization alors qu’il pourrait s’apparenter à un frais de campagne. Outre ces affaires, Donald Trump a fait l’objet d’une enquête parlementaire qui, à la fin de l’année dernière, a affirmé détenir des « preuves accablantes » montrant que l’ancien président avait « orchestré et supervisé » les opérations visant à renverser le résultat de la dernière élection présidentielle.

Pour André Kaspi, « sa dernière mise en accusation à New York a contribué à renforcer sa popularité chez les Républicains. Pour ses partisans, s’il est si souvent attaqué, c’est qu’il représente une menace pour le camp adverse. » Donald Trump s’est d’ailleurs présenté en victime d’un procès politique et ses équipes ont même lancé des levées de fonds sur ce thème. » Si ces affaires n’accablent pas du tout Trump du côté de ses adeptes, c’est une autre histoire si l’on s’intéresse au point de vue des Américains dans leur ensemble. « C’est une personnalité encombrante, qui fait beaucoup de bruit, qui a des affaires sur les bras » énumère André Kaspi, avant de résumer : « Pour les Américains en général, Trump est un personnage que l’on adore ou on déteste, mais qui occupe le devant de la scène. »

Dernière affaire en date et non des moindres, l’inculpation fédérale à laquelle Donald Trump fait face pour recel de documents. Il lui est reproché d’avoir conservé des cartons de documents dont certains classés « secret-défense », après avoir quitté la présidence des Etats-Unis. « L’administration corrompue de Biden a informé mes avocats que j’ai été inculpé, vraisemblablement dans la fausse affaire des boîtes », a fustigé Donald Trump sur son réseau Truth Social, en annonçant la nouvelle, entonnant déjà le couplet du procès politique. Cette inculpation est une première et c’est une affaire bien plus sérieuse que les précédentes, mais cela ne l’empêche pas de présenter sa candidature à l’élection suprême. Dans une tribune au Monde, la juriste et spécialiste des Etats-Unis Anne Deysine souligne d’ailleurs qu’un procès reste très improbable au niveau fédéral car à ce niveau, « le ministre de la justice a le dernier mot et peut décider du non-lieu pour des raisons d’opportunité politique ».

Vers un match retour Trump Biden ?

En tout cas, le camp républicain n’arrive pas à cette élection en position de force, signe qu’il n’a pas su utiliser le mandat de Joe Biden à son avantage. « Le camp républicain avait de grands espoirs pour les élections législatives en 2022 » rappelle André Kaspi. « Les espoirs ont été déçus, ils sont majoritaires mais de très peu à la Chambre des représentants et n’ont pas obtenu de majorité au Sénat. Ils sont dans une position incertaine voire de faiblesse. » A l’époque, beaucoup avaient réclamé un bilan critique de la stratégie du camp conservateur, très dominée par les positions de Donald Trump, une figure tutélaire extrêmement clivante.

Malgré cela, le milliardaire est aujourd’hui en pole position pour représenter son camp. C’est peut dire que la perspective d’un match retour Trump Biden ne suscite pour l’heure aucun enthousiasme chez les Américains.

Historien, spécialiste des Etats-Unis, André Kaspi a publié dernièrement Mes chroniques américaines (Ed. de l’Observatoire, janvier 2023).

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