L’ancienne députée de l’Assemblée nationale du Venezuela et cheffe de l’opposition à Nicolas Maduro, a été récompensée pour son action en faveur de la paix, alors que 338 concurrents étaient en lice, dont 224 personnalités et 94 organisations. L’an passé, le sésame avait été décerné à l’organisation japonaise militant pour les droits des victimes des bombes nucléaires, Nihon Hidankyo. Alors qu’il convoitait ardemment le prix, défendant son implication dans plusieurs conflits dans le monde, le nom de Donald Trump n’a pas été retenu.
Reconnaissance de « l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine »
Celle qui vit dans la clandestinité dans son propre prix depuis la réélection contestée de Nicolas Maduro en juillet 2024, a déjà reçu l’année dernière, le prix Vaclac-Havel, une récompense décernée par le Conseil de l’Europe, en faveur de la défense des droits de l’homme. Elle avait aussi été honorée par le prix Sakharov, remis par l’Union européenne.
« María Corina Machado est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps », a justifié le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes. Dans un communiqué sur X, le comité a salué « son travail inlassable en faveur des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour son combat en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ». Par ce choix, le régime vénézuélien voit sa bête noire récompensée, lui qui l’avait empêchée de se présenter à la présidentielle de 2024.
Plus récemment, le soutien public de María Corina Machado au déploiement militaire des États-Unis dans les Caraïbes contre le narcotrafic en septembre, a continué de creuser son opposition au chef d’État vénézuélien, alors que le gouvernement de Nicolas Maduro perçoit l’opération américaine comme une « menace » visant à un « changement de régime ».
L’accord de Gaza pas pris en compte
Un vrai revers pour Donald Trump. Objet de convoitises, le prix était lorgné ouvertement par le président américain, revendiquant son implication dans la résolution de divers conflits dans le monde cette année. Jeudi encore, il affirmait que « personne dans l’histoire n’a jamais résolu huit guerres en l’espace de neuf mois ». Depuis la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre, il déclarait même que « tout le monde dit que je devrais l’avoir ». Et prévenait que ne pas lui remettre cette récompense serait une « insulte » contre les États-Unis.
Des pressions émises outre Atlantique qui se sont accentuées depuis l’investissement du Républicain dans l’obtention d’un cessez-le-feu à Gaza. Son proche allié, Benyamin Netanyahou a par ailleurs proposé son nom pour la distinction, emboîtant le bas aux gouvernements pakistanais et cambodgiens. Mais la décision du comité, annoncée officiellement ce vendredi 11 octobre, au lendemain d’un accord entre Israël et le Hamas, date, en réalité, d’il y a plusieurs jours. La dernière réunion du comité s’est tenue lundi 6 octobre, permettant à ses cinq membres de peaufiner les explications de leur choix, lui-même acté en amont. Un calendrier qui a donc rendu impossible la prise en considération des négociations de paix au Moyen-Orient.