Quel avenir pour le Pacte vert de l’Union européenne ?  

La nouvelle Commission européenne d’Ursula von der Leyen est entrée en fonction après avoir été validée par le Parlement européen. Durant ses 100 premiers jours, elle va défendre une loi pour l’Industrie propre, en essayant de conjuguer ambitions écologiques du Pacte vert et relance de la compétitivité économique, priorité de la droite européenne. L’avenir du Pacte vert c’est le débat de la semaine dans l’émission Ici l’Europe.
Alexandre Poussart

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Fin novembre, devant les eurodéputés à Strasbourg, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a tenté de rassurer la gauche de l’hémicycle concernant ses ambitions écologiques. « Nous devons rester dans la course pour atteindre les objectifs du Pacte vert européen », a-t-elle assuré. Ce paquet de lois qu’elle a portées depuis 2019 doit permettre à l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais dans un second temps de son discours, l’Allemande a voulu donner des gages économiques à la droite européenne, et à la formation politique dont elle est issue, le Parti populaire européen, premier groupe du Parlement, et souvent sceptique sur le Pacte vert : « Pour réussir cette transition, nous devons être plus agiles, mieux accompagner les entreprises et les citoyens. Nous avons besoin de nous appuyer sur nos forces : notre industrie, notre innovation, nos travailleurs. C’est pourquoi nous allons mettre en place la loi sur l’industrie propre dans les 100 premiers jours de ce mandat. »

Cette loi sur l’industrie propre, qui sera portée par le Français Stéphane Séjourné, commissaire européen à l’Industrie, a pour but à la fois de relancer notre industrie qui connaît une crise dans de nombreux secteurs comme l’automobile tout en orientant notre appareil productif vers des technologies moins émettrices en carbone.

Le Pacte vert va détruire des emplois, estime la droite européenne

Cette nouvelle priorité de la Commission européenne est influencée par le Parti populaire européen, sorti renforcé des dernières élections européennes, alors que les écologistes ont perdu des sièges. Pour le PPE, la priorité européenne de ces cinq prochaines années doit être le retour de la compétitivité économique et de l’emploi. « Le Pacte vert va détruire des emplois dans les secteurs polluants », affirme Letizia Moratti, eurodéputée italienne du PPE, interrogée dans l’émission Ici l’Europe sur France 24, LCP et Public Sénat. « 200 000 emplois sont menacés dans le secteur de l’acier, 600 000 dans celui de l’automobile. »

« Ce ne sont pas les lois européennes vertes qui détruisent des emplois, c’est l’absence de protection du marché européen face à la concurrence déloyale chinoise », répond Christophe Clergeau, eurodéputé français socialiste. « C’est aussi le manque d’accompagnement de la demande car la majorité des citoyens européens n’a pas encore les moyens d’acheter des véhicules électriques. »

L’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs va-t-elle être reportée au-delà  de 2035 ?

Mesure phare du Pacte vert, l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035, votée au sein de l’Union européenne, va être rediscutée (une clause de revoyure est prévue en 2026) et la droite européenne pourrait tenter de repousser cette interdiction, dans le contexte de la crise que connaît le secteur automobile actuellement. « Il faut revoir les conditions pour atteindre cet objectif dès 2035 », estime l’eurodéputée italienne du PPE. « Les constructeurs automobiles ne demandent pas un report de l’échéance mais un meilleur accompagnement », précise Christophe Clergeau. » On peut repousser l’objectif de 3 ans, cela ne changera pas les menaces qui pèsent sur les emplois dans ce secteur. »

L’accord du Mercosur, un accord anti-climat ?

Même si Ursula von der Leyen maintient ses objectifs climatiques, sa décision de signer l’accord de libre-échange avec le Mercosur interroge sur le plan environnemental. Des études ont montré que cet accord de libre-échange allait accélérer la déforestation de l’Amazonie dans les prochaines années. La France s’oppose à ce traité car elle estime que rien ne prouve qu’il respectera l’engagement de l’Accord de Paris sur le climat en 2015.

Une majorité alternative droite/extrême droite pour affaiblir les textes écologiques

Politiquement les ambitions écologiques de ce mandat européen pourraient être revues à la baisse par une majorité  de circonstances formée entre le Parti populaire européen, et les groupes d’extrême droite du Parlement européen, notamment les Patriotes pour l’Europe où siègent les députés du Rassemblement national. Officiellement, le PPE forme une majorité avec les Sociaux-démocrates et les centristes du groupe Renew, mais récemment il a mêlé ses voix à celles de l’extrême droite pour tenter d’affaiblir une loi européenne sur la lutte contre la déforestation. Selon Christophe Clergeau, « la droite européenne joue avec l’extrême droite en votant ses amendements, mais à la fin elle perdra les voix de la gauche. »

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