« À New York avec 14 autres pays, la France lance un appel collectif : nous exprimons notre volonté de reconnaître l’État de Palestine et invitons ceux qui ne l’ont pas encore fait à nous rejoindre », écrit le ministre français affaires étrangères sur X, mercredi 30 juillet. Un appel déjà lancé pendant la conférence ministérielle à l’ONU, le 29 et 28 juillet. Le message a été entendu. Quelques heures plus tard, le Royaume-Uni annonce son intention de reconnaitre l’Etat de Palestine.
Mercredi, en fin de journée, c’est au tour du Canada de s’inscrire dans la lignée de la France et du Royaume-Uni. « Le Canada a l’intention de reconnaître l’Etat de Palestine lors de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2025 », a déclaré le Premier ministre canadien Mark Carney. Une décision motivée par « le niveau de souffrance humaine […] intolérable » à Gaza. L’Elysée s’est réjoui de « pouvoir travailler de concert avec le Canada pour relancer une perspective de paix dans la région ».
Ottawa se base aussi sur la « volonté de l’Autorité palestienne de mener des réformes essentielles ». Son président, Mahmoud Abbas, s’est en effet engagé à organiser des élections générales en 2026 et à ne pas militariser l’Etat palestinien.
Menaces américaines
« Wow ! Le Canada vient d’annoncer qu’il soutient un Etat palestinien. Cela va devenir très difficile pour nous de conclure un accord commercial avec eux », a réagi le président américain sur son réseau social, Truth Social. Le ton est donné. La porte-parole de Donald Trump Kaorline Leavitt a fait savoir que le président exprimait son mécontentement et son désaccord avec les décisions françaises, britanniques et canadiennes. Il n’avait pourtant pas été aussi virulent pour les deux premières annonces, estimant que ces reconnaissances n’auraient « guère de poids » et « ne changeraient rien ». La décision canadienne, a semble-t-il, provoqué un peu plus d’agacement à la Maison blanche. À tel point que le gouvernement américain a annoncé des sanctions contre des responsables de l’Autorité Palestine et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Il s’agirait de refus de visa pour certains membres de ces deux instances.
Ottawa « récompense le Hamas » selon Tel-Aviv
L’Etat hébreu a immédiatement réagi à la position prise par Mark Carney, décriant « une campagne de pression internationale déformée », venant « durcir la position du Hamas à la table des négociations à un moment critique ». Sur X, le ministre des affaires étrangères israélien a accusé le Canada de « récompenser le Hamas » et de « nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza et un cadre pour la libération des otages ».
Entre temps, c’est le Portugal qui a rejoint le mouvement. Le Premier ministre Luis Montenegro a annoncé consulter le président Marco Rebelo de Sousa ainsi que le Parlement, pour une reconnaissance qui pourrait intervenir lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU), en septembre prochain.
Ces annonces, en moins d’une semaine, pourraient amener d’autres pays à s’engager en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Si la France, Le Royaume-Uni, le Canada et le Portugal tiennent leurs engagements, le nombre de pays reconnaissant l’Etat de Palestine passerait à 152 dès le mois de septembre.