Reconnaissance de l’Etat de Palestine : « Tant que les conditions ne sont pas réunies, c’est une aberration », estime Roger Karoutchi

Invité de la matinale de Public Sénat ce mardi, Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine a pris position contre la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France la semaine prochaine. Il a également débattu avec le maire communiste de Gennevilliers Patrice Leclerc sur l’attitude que doit avoir la France face à l’intensification des attaques israéliennes sur la bande de Gaza.
Mathilde Nutarelli

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

La pression israélienne sur la bande de Gaza s’intensifie, avec de fortes frappes sur Gaza city dans la nuit de lundi à mardi et le lancement d’une offensive terrestre par Israël. Dans ce contexte, Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine et président du groupe d’amitié France Israël du Sénat, était l’invité d’Oriane Mancini dans Bonjour chez vous. Le sénateur a donné son avis sur la prochaine reconnaissance par la France de l’Etat de Palestine, qui devrait intervenir lors de la quatre-vingtième assemblée générale de l’Onu le 22 septembre prochain.

Reconnaissance de l’Etat de Palestine : une « inversion de la diplomatie »

Il s’est montré très opposé à cette perspective. « Est-ce que c’est le moment, après les massacres du 7 octobre ? », a-t-il demandé, « dès que le Président de la République l’a annoncé, le premier à le féliciter a été le Hamas, ce n’est pas bon signe ». Roger Karoutchi déplore une « inversion de la diplomatie ». Pour lui, il ne faut pas reconnaître l’Etat de Palestine tant que les conditions posées par la France pour une telle reconnaissance (libération des otages, démilitarisation du Hamas, nouvelle gouvernance des territoires palestiniens et intégration d’Israël à la zone géographique) ne sont pas remplies. « Une fois que vous avez reconnu l’Etat, plus aucune de ces conditions n’est nécessaire, puisque c’est fait. Tant que les conditions ne sont pas réunies, c’est une aberration de reconnaître l’État de Palestine », a-t-il dénoncé.

Une ligne que ne partage pas le maire communiste de Gennevilliers, Patrice Leclerc, qui débattait avec le sénateur, en visio. « Depuis 1967, ce n’est jamais le moment, il n’y a jamais les conditions », a-t-il déploré. Pour lui, les attaques d’Israël, qui s’intensifient, sur la bande de Gaza, justifient la reconnaissance par la France de l’Etat palestinien : « il y a aujourd’hui un génocide en cours et on ne peut pas faire comme s’il n’y avait rien, comme s’il n’y avait pas une colonisation qui s’exerçait sur la Cisjordanie, comme s’il n’y avait pas une agression israélienne contre les Palestiniens, une volonté de les éradiquer ». Il est utile de rappeler que ce mardi, une enquête de l’ONU a accusé les dirigeants israéliens d’avoir « incité à commettre un génocide » à Gaza, enquête qu’Israël a qualifiée de « biaisée et mensongère ».

« Quel autre pays peut se permettre de bombarder des pays étrangers comme le fait Israël ? »

Le maire communiste s’est montré extrêmement critique du gouvernement israélien : « Il est indécent de penser que l’on répond à un crime de guerre pas un génocide. C’est extrêmement dangereux de laisser un état piétiner le droit international comme le fait Israël aujourd’hui. Cela ne peut pas être le droit de la force et de la violence contre le droit international. Quel autre pays peut se permettre de bombarder des pays étrangers comme le fait Israël ? ». Patrice Leclerc a appelé à la mise en place de sanctions économiques contre l’Etat hébreu, « comme quand on a lutté contre l’apartheid ». « Qu’on n’imagine pas que les ‘pro israéliens’, ou ceux qui ne sont pas d’accord avec la reconnaissance de l’Etat de Palestine soient insensibles à la souffrance à Gaza, ça n’a pas de sens », lui a répondu Roger Karoutchi, « dans tous les cas, la mort est insupportable, point final ». Le sénateur l’assure, la situation actuelle est le fait du Hamas. « Même les autorités israéliennes le disent, si la libération des orages intervient [elles] arrêtent les combats », a-t-il assuré.

« Il n’y a pas d’autre drapeau sur le fronton des mairies et des bâtiments publics que le drapeau national »

L’autre débat qui agite la classe politique actuellement a été lancé par le socialiste Olivier Faure, en proposant de pavoiser le drapeau palestinien sur les mairies le jour de la reconnaissance par la France de l’Etat de Palestine. Au sein de son propre camp, cette proposition divise. Sur notre antenne, le président du groupe socialiste du Sénat Patrick Kanner s’est dit favorable à pavoiser les deux drapeaux (palestinien et israélien), pour symboliser la solution à deux Etats. Patrice Leclerc, lui, avait déjà accroché un drapeau palestinien sur sa mairie à Gennevilliers, retiré sur ordre du préfet. « Maintenant que la France va reconnaître l’Etat de Palestine, ce ne sera plus interdit », espère-t-il. Pour Roger Karoutchi, le débat est nul et non avenu : « Le fait de reconnaître ou pas l’Etat de Palestine ne change pas la décision du conseil d’Etat, il n’y a pas d’autre drapeau sur le fronton des mairies et des bâtiments publics que le drapeau national », a-t-il considéré.

Partager cet article

Dans la même thématique

Ukraine – Summit in Berlin, Berlin, Berlin, Germany – 15 Dec 2025
7min

International

Garanties de sécurité à l’Ukraine : « Est-ce que Donald Trump est en mesure d’imposer à Vladimir Poutine ce qui a été discuté à Berlin ? »

Ce lundi, une réunion a eu lieu entre Américains et Ukrainiens à Berlin, à l’issue de laquelle les Etats-Unis ont annoncé des « garanties de sécurité très fortes » pour l’Ukraine. Si des divergences existent toujours sur la question territoriale, Volodymyr Zelensky a fait état de « progrès » dans les négociations. Pour Public Sénat, le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, fait un point sur ces dernières.

Le

WhatsApp Image 2025-12-15 at 18.07.16
4min

International

La mère de Christophe Gleizes demande « la bienveillance et la clémence » du président algérien après avoir sollicité une grâce présidentielle.

Condamné à sept ans de prison ferme en Algérie, le journaliste français Christophe Gleizes est détenu depuis le 28 mai 2024 « pour avoir exercé son métier ». Ce mardi, parents, sénateurs et défenseurs de la liberté de la presse se sont rassemblés au Sénat pour dénoncer une condamnation jugée injuste et réclamer sa libération.

Le