Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Retour sur l’année 2023 de Vladimir Poutine : « L’armée russe a tenu sur ses positions défensives », affirme le général Trinquand
Par Steve Jourdin
Publié le
Pour Vladimir Poutine l’année 2023 avait commencé de manière délicate avec les annonces successives de livraison de matériel occidental à l’Ukraine. Elle s’est poursuivie par le coup de force de Evgueni Prigojine, et se termine par la « résistance » russe à la contre-offensive ukrainienne. Comment qualifier l’année 2023 de Vladimir Poutine ?
C’est l’année des rebonds. Cela a mal commencé pour lui, puis au milieu les choses ont même pris un tournant catastrophique avec le coup de force d’Evgueni Prigojine. Mais l’année se termine mieux qu’elle n’a débuté. Il y a eu ce voyage au Moyen-Orient de Vladimir Poutine, qui marque son retour sur la scène internationale. En Ukraine, sur le front militaire, on assiste également à un redressement global de la situation.
Peut-on d’ores et déjà parler de victoire, même précaire, de Vladimir Poutine sur le front ukrainien, alors que tout indique que l’armée russe a tenu bon face à la contre-offensive de Kiev ?
L’armée russe a effectivement tenu sur ses positions défensives. Elle est aujourd’hui capable de relancer quelques actions. Mais il faut se garder d’employer le terme de victoire. L’objectif initial de Vladimir Poutine était de renverser le gouvernement de Kiev, de prendre Odessa et de démilitariser l’Ukraine. On en est très loin ! Et le Kremlin sait bien qu’il ne pourra pas tenir ces buts militaires, donc Poutine se raccroche à ce qu’il a. Il a annexé quatre oblasts du sud et de l’est de l’Ukraine, mais il ne les contrôle même pas entièrement, notamment dans la région de Zaporijia.
A quoi faut-il s’attendre dans les mois à venir ?
Le temps joue en la faveur de Vladimir Poutine. En Ukraine, il est capable de tenir ses positions. Ailleurs dans le monde et sur la scène internationale il parvient également, de manière progressive, à élargir son cercle d’influence. On le voit en Afrique, où il a renforcé des partenariats et engagé des rapprochements avec certains pays, comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso. Sur le terrain diplomatique, il est en train de sortir de son isolement, en se rapprochant de la Chine.
Faut-il en conclure que la Russie a gagné la « bataille économique » ? Les sanctions européennes semblent bien peu efficaces…
Les sanctions sont une passoire. Elles ne concernent que les pays occidentaux, et Vladimir Poutine parvient à trouver des alternatives ailleurs. Mais en contrepartie la Russie est devenue tributaire de la Chine. On note une augmentation de 30 % des échanges entre les deux pays : Pékin achète des matières premières et exporte des matières finies.
Vladimir Poutine a annoncé être candidat pour un cinquième mandat à la présidentielle du 17 mars. La guerre en Ukraine l’a-t-elle renforcée auprès de sa population ?
Le fait est que la situation en interne sur le plan économique n’est pas si catastrophique, et que la population est moins en colère que ce que certains avaient imaginé au départ. La population russe est assez apathique, elle accepte la situation et les développements en cours sur le front ukrainien. Sur la scène politique, les ultranationalistes russes rêvent de récupérer Kiev et Odessa, mais je n’y crois pas un seul instant. Cela n’arrivera pas, car les Occidentaux ne pourront pas l’accepter. Au fond, qu’est-ce que la Russie et Vladimir Poutine ont gagné en termes de territoires depuis 2014 ? Pas grand-chose. Ils sont simplement parvenus à annexer certaines régions, sans que cela ne se traduise matériellement par un contrôle du territoire.
Quelle doit être la position des Européens dans les mois à venir face à Vladimir Poutine ?
Il faut tenir nos positions en Ukraine, et faire en sorte que la victoire de Poutine ne soit pas une victoire complète. Nous devons aussi reconquérir notre crédibilité dans le monde. L’Europe doit pouvoir afficher des positions autonomes et indépendantes. La première étape, ce sont les élections européennes du mois de juin. Il y aura ensuite la présidentielle américaine à la fin de l’année et, si Donald Trump venait à être élu, nous devrons redoubler d’efforts pour montrer notre unité. La Russie est parvenue à augmenter son budget militaire (+ 70 % en 2024 par rapport à 2023, ndlr.), car elle fait la guerre et elle s’en donne les moyens. Nous devons, nous Européens, nous affirmer plus fortement, sinon nous assisterons à une montée des régimes autoritaires en Europe. Les élections de l’année prochaine seront cruciales pour l’avenir du continent.
Pour aller plus loin