« Trump joue très clairement le jeu de Poutine » estime d’emblée le général Michel Yakovleff, après la scène surréaliste qui a vu Trump « se payer » Zelensky dans le bureau ovale. « C’était trop beau pour être vrai, c’était un piège tendu par Trump parce qu’il déteste Zelensky », ajoute l’ancien vice chef d’Etat-major du SHAPE, quartier général des forces de l’OTAN en Europe.
D’après lui, un cessez-le-feu « aurait pu intervenir plus tôt si Trump s’était mis dans un véritable mode de négociation avec Poutine » et le processus en cours a peu de chances d’aboutir à une « paix durable » : « Une paix ça présuppose un accord politique. Je pense qu’il y aura un cessez-le-feu à un moment ou à un autre, et qu’il durera 70 ans comme en Corée. Il n’y a pas de paix durable avec Poutine, non. »
Le général Yakovleff compare la situation avec celle de la France en 1871, qui avait cédé l’Alsace-Lorraine à la Prusse et estime que les Ukrainiens ne seraient pas prêts à accepter une telle « perte de souveraineté. »
« Une troisième guerre mondiale se rapproche si tous les cons restent aussi cons »
Plus qu’un soutien des Etats-Unis à la Russie, le général développe « une théorie personnelle » plus forte : « Trump est un agent de Poutine. » Et d’ajouter : « Qu’il soit tenu personnellement je ne sais pas, mais il est convaincu, stockholmisé. Ils ont recruté Trump sur son ego, il ne faut pas oublier que Poutine était un recruteur de formation au KGB. Des informations disent que Trump avait un nom de code qui est Krasnov, mais même s’il n’est pas agent retourné au sens juridique du terme et que c’est juste un convaincu, il est ce que Lénine appelait les idiots utiles : lui il est très idiot et très utile. Même s’il agit comme ça par conviction personnelle, le Kremlin dirige Washington aujourd’hui. »
Cet « alignement américain sur les thèses russes » est un fait géopolitique majeur pour l’ancien dirigeant de l’OTAN, qui reste sceptique sur la situation internationale : « Une troisième guerre mondiale se rapproche si tous les cons restent aussi cons. On est sur une trajectoire de collision si on ne touche à rien. Donc il faut que quelqu’un touche à quelque chose. Soit Poutine se met à atterrir, soit l’Amérique, soit l’Europe… »
À cet égard, le général Yakovleff estime que les efforts budgétaires nécessaires à la construction d’une défense européenne imposent « de changer de modèle social pour se payer la défense dont nous avons besoin dans un monde qui n’est plus le même qu’il y a 30 ans. » Sans aller jusqu’au partage de la dissuasion nucléaire française à toute l’Union européenne, le débat ouvert par Emmanuel Macron et Friedrich Merz est intéressant d’après lui : « La dissuasion ne se partage pas. Emmanuel Macron reste dans le flou, c’est tout l’intérêt de l’ambiguïté stratégique. »