Ce premier débat télévisé est très attendu. Il aura lieu au Centre national de la Constitution à Philadelphie, grande métropole de Pennsylvanie dans l’Est des Etats-Unis. Le choix de cet Etat est très symbolique…
La Pennsylvanie fait partie des swing states, ces Etats qui peuvent basculer du côté de Donald Trump ou de Kamala Harris. Si l’on se fie aux derniers sondages, les deux candidats sont au coude-à-coude, donc ces Etats vont être cruciaux pour déterminer le vainqueur de l’élection. Sur 538 électeurs présidentiels, la Pennsylvanie n’en désigne que 19, soit un très faible nombre, mais ces 19 vont avoir une importance capitale pour départager les candidats.
Trump et Harris vont débattre pendant 90 minutes, avec deux pauses publicitaires, dans une salle sans public. Comment le format de l’émission a-t-il été négocié par les équipes des candidats ?
Rien n’est laissé au hasard, ces joutes sont très préparées. Tous les débats présidentiels font l’objet d’une négociation serrée entre les équipes. Pour celui-ci, les conditions sont très sévères. Il a été décidé de faire sans public afin d’éviter les manifestations partisanes en faveur de l’un ou de l’autre. Le fait que les micros soient coupés a aussi donné lieu à de très longues discussions. Mais il faut surtout retenir le fait qu’aucun deuxième débat n’est pour l’instant prévu entre Trump et Harris. Au mois de juin, le candidat républicain avait affronté Joe Biden, mais depuis la donne a changé avec l’entrée en scène de Kamala Harris. Cela signifie que le débat de mardi pourrait être décisif. Si l’un des deux dit une bêtise ou fait des déclarations contestables, il ne pourra pas se rattraper dans un second débat. Tous les deux vont jouer très gros.
Est-ce que ce genre de débat a déjà fait basculer une élection aux Etats-Unis ?
Oui, à au moins deux reprises. Les débats télévisés datent de 1960. Avant cela, ils n’existaient pas : Eisenhower, Truman, Roosevelt n’ont jamais eu à débattre face à un autre candidat. C’est John Kennedy qui a obtenu, lors de la présidentielle de 1960, l’organisation de quatre débats face à Richard Nixon, afin de montrer qu’il avait les épaules devant le vice-président américain qui bénéficiait déjà d’une certaine notoriété. Les quatre débats avaient tourné à l’avantage de Kennedy et il avait été élu dans la foulée.
L’autre exemple est celui de Ronald Reagan en 1980. L’âge, 69 ans, de ce républicain, ancien gouverneur et ancien président du syndicat des acteurs, était pointé du doigt. Il était considéré comme trop vieux pour devenir président. Il souhaitait donc à tout prix débattre avec Jimmy Carter. L’échange a permis à Reagan de l’emporter, car Carter avait commis la faute d’affirmer qu’il avait consulté sa fille de 13 ans sur l’épineuse question de la dissuasion nucléaire. A la fin du débat, Reagan avait eu une formule percutante à l’adresse des téléspectateurs, à qui il demandait si leur situation était meilleure aujourd’hui qu’avant l’ère Carter. Cela avait fait mouche et Ronald Reagan a remporté l’élection.
Est-ce que Kamala Harris peut faire le poids face au showman Donald Trump ?
Elle semble s’être adaptée à son nouveau rôle, auquel elle ne s’attendait peut-être pas. Cela fait seulement depuis le 21 juillet, soit deux mois, qu’elle est la candidate démocrate. Elle a sillonné les Etats, est allée d’une ville à l’autre, elle essaye de rattraper le temps perdu. Comment résistera-t-elle à Donald Trump ? Est-ce qu’elle va se montrer distante, calme, face à un candidat qui partira dans tous les sens, ou est-ce qu’elle va recevoir des coups dont elle ne pourra pas se relever ? C’est un débat à quitte ou double, pour l’un comme pour l’autre. Trump ne va pas y aller avec des gants.
Quelles seront les prochaines échéances pour les deux candidats ?
On l’oublie souvent en France, mais les élections américaines se déroulent sur plusieurs semaines. La date ultime est le 5 novembre, mais des Etats commencent à accepter le vote dès la mi-septembre. On peut voter par correspondance ou par mail, pour des raisons diverses. Aujourd’hui, la plupart des Américains ont déjà fait leur choix. Combien reste-t-il d’indécis ? Il y a une quinzaine de jours, il y en avait 15 % selon les sondages. Aujourd’hui, il n’y en aurait plus que 6 %. Tous les autres électeurs ont déjà fait leur choix.
Ceux qui ne l’ont pas encore fait ne savent pas encore quel candidat leur convient le mieux, ou ont tout simplement décidé de ne pas voter. Le taux d’abstention reste élevé aux Etats-Unis, même pour un scrutin présidentiel. En général, on oscille autour de 20 à 25 % d’abstention, beaucoup d’Américains ne sont pas intéressés par cette élection. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’au même moment on vote aussi pour le Congrès : les 435 membres de la Chambre des représentants, et 34 sénateurs sur 100, sont renouvelés au mois de novembre. Le bulletin de vote est donc très long à remplir pour les Américains, ce qui peut aussi expliquer le fait que certains rechignent à exercer leur droit de vote.