BELGIUM-EU-FRANCE-UKRAINE-RUSSIA-DIPLOMACY-SUMMIT
France's President Emmanuel Macron (L) and Ukraine's President Volodymyr Zelensky pose before a meeting in Brussels on December 18, 2024.//ANDRIEUARNAUD_SIPA.78168/Credit:NICOLAS TUCAT/POOL/SIPA/2412191031

Ukraine : « En cas d’accord de paix, l’envoi d’une force d’interposition en Ukraine sera incontournable », estime le sénateur Olivier Cadic

Alors que les Etats-Unis et la Russie entament, ce mardi 18 février, des discussions pour rétablir leurs relations diplomatiques, le sort de l’Ukraine inquiète. Interrogés sur un éventuel envoi de troupes en Ukraine, les sénateurs de la commission des affaires étrangères défendent l’idée d’envoyer un contingent pour fournir des garanties de sécurité, mais seulement en cas d’accord acceptable pour les pays européens.
Henri Clavier

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

« Nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire », a déclaré le Premier ministre britannique, Keir Starmer, dimanche dans une tribune publiée dans le Daily Telegraph. Une déclaration forte qui fait suite aux propos du vice-président américain J.D Vance à l’occasion de la conférence de Munich sur la sécurité marquant un tournant dans la relation entre les Etats-Unis et les pays européens. Une conférence au cours de laquelle J.D Vance a estimé que la démocratie européenne était menacée par ses dirigeants. 

Dans ce contexte de tensions avec les Etats-Unis et alors que l’envoyé spécial de Donald Trump pour l’Ukraine a affirmé que les Européens n’auraient pas leur place à la table des négociations pour un accord de cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie, Emmanuel Macron organise ce lundi une réunion avec plusieurs dirigeants européens, la présidente de la commission européenne et le secrétaire général de l’Otan. En février 2024, le président de la République avait déjà évoqué l’idée d’envoyer des troupes en Ukraine, une idée qui pourrait revenir. 

« Je ne pense pas que l’envoi de troupes au sol soit un moyen pour rentrer à la table des négociations » 

Alors qu’une prise de contacts pour des négociations sur un cessez-le-feu doit se faire ce 18 février en Arabie saoudite entre Russes et Américains, le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky refuse de laisser Donald Trump et Vladimir Poutine décider du sort de son pays. « L’Ukraine considère une négociation sur l’Ukraine sans l’Ukraine comme étant dépourvue de résultat […] nous ne reconnaîtrons pas de tels accords », prévient Volodymyr Zelensky. Malgré cela, l’envoi de troupes européennes avant l’ouverture de négociations ou la conclusion d’un cessez-le-feu ne semble pas réaliste.

Pour le président de la commission des affaires étrangères et des forces armées du Sénat, compte tenu du soutien européen à l’Ukraine et des sanctions déployées contre la Russie, il est impensable d’écarter les pays européens d’une négociation sur le futur de l’Ukraine. « Le soutien des Américains est évidemment très important, mais on ne peut pas considérer, comme semble le faire l’administration américaine actuelle, que les Européens n’ont pas fait grand-chose. En réalité, l’Europe s’est mobilisée dans des proportions inimaginables à partir de février 2022 », assure Cédric Perrin (LR). 

« Je ne pense pas que l’envoi de troupes au sol soit un moyen pour rentrer à la table des négociations », explique le sénateur socialiste et membre de la commission des affaires étrangères et de la défense, Rachid Temal. « C’est impossible que l’Ukraine et l’Europe ne soient pas à la table des négociations, ça ne passe pas que par l’envoi de troupes », continue le sénateur socialiste. « Les Européens sont des partenaires indispensables pour la paix en Ukraine, ils auront voix au chapitre », abonde le sénateur centriste, Olivier Cadic. Les sénateurs pointent notamment l’implication des pays européens dans les opérations de reconstruction de l’Ukraine. La Pologne a d’ores et déjà écarté la possibilité d’intervenir tandis que l’Allemagne juge ces discussions « prématurées ». La question pourrait se poser de manière différente en cas d’accord pour un cessez-le-feu. 

Les sénateurs favorables à l’envoi d’une force d’interposition en cas d’accord de paix satisfaisant 

« En cas d’accord de paix, l’envoi d’une force d’interposition en Ukraine sera incontournable », estime Olivier Cadic qui insiste sur la nécessité de conclure un accord permettant à l’Ukraine de s’appuyer sur d’importantes garanties de sécurité pour l’avenir. « S’il y a un accord de paix sur la délimitation des frontières, il serait impératif d’avoir des garanties de sécurité et donc d’envoyer des troupes françaises en Ukraine », affirme Rachid Temal. Plutôt que de participer directement au conflit, les pays européens pourraient surtout envoyer des contingents dans le cadre d’une force d’interposition comme celle présente au Liban. « Il faudra des forces pour préserver l’Ukraine et ne pas répéter l’épisode de 2014 avec la Crimée, la Russie ne s’arrêtera pas », prévient Olivier Cadic. « Il est hors de question de déployer nos soldats dans le cadre d’un accord bancal qui permettrait à la Russie de préparer sa prochaine guerre. Il nous faut penser de façon stratégique, c’est-à-dire penser au coup d’après ; ce n’est que dans une perspective de moyen à long terme que peut s’envisager le déploiement de soldats européens », explique Cédric Perrin.

Dos au mur, la mise à l’écart des Européens par les Etats-unis pourrait relancer les projets de développement d’une industrie de la défense européenne et d’une armée commune. « Votre diplomatie n’existe pas si vous n’avez pas d’armée pour l’accompagner si on veut peser diplomatiquement il faut avoir une structure de défense », plaide Olivier Cadic.

Partager cet article

Dans la même thématique

Royal Salute France State visit Windsor
7min

International

Visite d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni : le contexte géopolitique prime sur les tensions passées

Cela faisait plus de 17 ans qu’un président français n’avait pas foulé le sol britannique à l’occasion d’un voyage d’Etat. Ce mardi, Emmanuel Macron est arrivé au Royaume-Uni pour une durée de trois jours. Au programme : sécurité, énergie, mais également intelligence artificielle. Dans un contexte géopolitique incertain, ce voyage souligne avant tout le rapprochement entre le Royaume et l’Union européenne (UE) après de fortes tensions liées au Brexit.

Le

Grand Prix du Roman de l’Academie Francaise
4min

International

Boualem Sansal : « Il faut user de tous les moyens pour faire pression sur les autorités algériennes »

Les espoirs de libération ont été balayés. La grâce présidentielle du président Abdelmadjid Tebboune, prononcée le 5 juillet, n’a pas inclus l’écrivain Boualem Sansal, incarcéré depuis plus de sept mois par le régime algérien pour des propos relatifs aux frontières historiques de l’Algérie. Après une nouvelle condamnation en appel à cinq ans de prison ferme, les chances de libération sont minces. Pour Arnaud Benedetti, co-fondateur du comité de soutien de Boualem Sansal, seul le « rapport de force » entre les deux pays peut permettre d’infléchir la position algérienne. Il appelle la France à se saisir de tous les outils dont elle dispose. Entretien.

Le

Ukraine : « En cas d’accord de paix, l’envoi d’une force d’interposition en Ukraine sera incontournable », estime le sénateur Olivier Cadic
5min

International

Brexit : « Aujourd'hui, 62% voteraient non », rappelle cet ancien eurodéputé britannique

Avant qu’Emmanuel Macron effectue une visite d’État au Royaume-Uni, du 8 au 10 juillet, retour sur le rapprochement entre l’Union européenne et le gouvernement britannique travailliste, sur le plan sécuritaire et commercial, 5 ans après le divorce historique du Brexit. C’est le sujet de la semaine dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24, LCP et Public Sénat.

Le