Ukraine : la sénatrice PCF Cécile Cukierman dénonce les propos « scandaleux » du ministre des Affaires étrangères, après un échange tendu

La présidente du groupe communiste du Sénat reproche au ministre Jean-Noël Barrot d’avoir fait « une caricature » des propos des sénateurs de son groupe. « Nous dénonçons l’attitude de Poutine, qui est responsable de cette guerre », soutient Cécile Cukierman. Mais elle défend « un nouvel ordre mondial qui veut faire la paix dans le monde et non la guerre dans le monde ».
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Elle n’a pas aimé sa réponse. Après un échange tendu, ce mercredi, lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat, entre le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et le sénateur communiste, Pascal Savoldelli, sur la question de l’Ukraine, la présidente du groupe CRCE-K (communiste), Cécile Cukierman, a répondu vertement au ministre, au micro de Public Sénat.

« C’est scandaleux », lance la sénatrice PCF de l’Allier. « Ce qu’a fait le ministre, hier, en me répondant, dans le cadre de la déclaration sur l’Ukraine, et ce qu’il vient de faire en répondant à Pascal Savoldelli, est une caricature de nos propos. L’un et l’autre, nous avons dit que nous dénoncions l’attitude de Poutine, qui est responsable de cette guerre. Il ne faut pas nous faire dire le contraire. Car ceci est un mensonge d’Etat organisé », lance Cécile Cukierman (voir la vidéo), qui insiste : « Le groupe communiste, comme tous les groupes, a dénoncé l’agression militaire de Poutine sur l’Ukraine ».

« Nous avons le droit de nous interroger pour savoir si la réponse qui nous a été présentée il y a 3 ans, fut la bonne, et si la réponse présentée depuis lundi est la bonne »

« Comme nous sommes en démocratie, il y a encore une liberté de parole. Il me semble qu’après 3 ans de guerre, malheureusement, pour le peuple ukrainien, ces femmes et hommes qui sont morts, nous avons le droit de nous interroger pour savoir si la réponse qui nous a été présentée il y a 3 ans, fut la bonne, et si la réponse présentée depuis lundi est la bonne. Est-ce que 800 milliards d’euros décidés par Ursula von der Leyen, qui n’a d’ailleurs aucune autorité sur le budget de la France, sera la bonne réponse ? Je ne sais pas. Par contre, cette dépense d’armement ne réglera pas demain la situation du peuple ukrainien », soutient Cécile Cukierman. Et d’ajouter que « l’Amérique vient d’humilier l’Ukraine, vient d’humilier l’Europe ». Pour la sénatrice, la solution viendra en « relançant une politique diplomatique ».

« Nous continuons à rester dans l’Otan et dire que tout va bien ? Dans cette organisation qui est aujourd’hui à la main des Etats-Unis ? », interroge la sénatrice communiste, « ou est-ce que nous disons, comme nous l’avons dit, que nous avons besoin d’un nouvel ordre mondial qui veut faire la paix dans le monde et non la guerre dans le monde. Les Français, aujourd’hui, ne veulent pas de la guerre ».

« Nous avons besoin d’une politique de défense, de dépense en la matière. Nous n’avons jamais dit qu’il fallait amener le budget de la défense à zéro, je n’ai jamais été dans une naïveté, une forme d’angélisme », précise encore la sénatrice communiste, pour être clair.

« Il y a un vrai désaccord politique, stratégique et un désaccord de valeurs », constate l’écologiste Mélanie Vogel

Une position des communistes que tout le monde ne partage pas, y compris à gauche. C’est le cas de Mélanie Vogel, sénatrice écologiste représentant les Français établis hors de France (voir la fin de la vidéo). « J’ai été, très honnêtement, assez heurtée par la position qu’ont défendue les communistes hier et aujourd’hui, lors des questions d’actualité, car quand on écoute ce qu’ils ont dit, il y a deux choses extrêmement problématiques : c’est dire qu’il faut faire, au fond, des concessions territoriales à la Russie, fondées sur l’avancement des troupes russes. Donc c’est accepter les gains, de fait, de Poutine, gains fondés sur une attaque armée illégale, illégitime et odieuse. Et ils sous disent que ça devrait être validé par des référendums dans les territoires occupés, donc ce qu’on a vu en Crimée, c’est-à-dire de faux référendums. J’avoue que ce n’est absolument pas la position que défendent les écologistes », a réagi ensuite sur le plateau de Public Sénat Mélanie Vogel, qui conclut : « Il y a un vrai désaccord politique, stratégique et un désaccord de valeurs, pour le coup, sur la compréhension de ce à quoi on est confronté et ce qu’on doit faire ».

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