Dans son allocution, Emmanuel Macron a demandé aux forces politiques et aux syndicats de « faire des propositions », sans en appeler explicitement à une forme d’union sacrée. Le président du groupe Les Indépendants, Claude Malhuret, estime à cet égard « qu’une grande partie de la classe politique est prête » à participer à cet élan pour construire une défense européenne, en dehors de LFI et du RN. « L’extrême droite et l’extrême gauche ont annoncé la couleur à l’Assemblée nationale : pas d’Europe, pas de défense européenne, pas de réaction à Poutine, pas de soutien aux Ukrainiens. Cela fait trois ans qu’ils sont alignés sur Poutine, qu’ils essaient de discréditer Zelensky », assène-t-il.
« La question de notre modèle social se pose avec ou sans la guerre en Ukraine »
Un des sujets qui pourrait constituer une pomme de discorde, c’est notamment la question du financement du réarmement européen. Le Président de la République a annoncé de « nouveaux investissements » tout en maintenant l’impératif de « ne pas augmenter les impôts », ce qui obligerait mécaniquement à réduire les dépenses, et notamment les dépenses sociales, au premier rang desquelles les retraites.
« Il est évident que le sujet du modèle social se pose et qu’il se serait posé même sans guerre en Ukraine. On ne va pas refaire le débat, mais cela vient de l’évolution de la démographie », estime Claude Malhuret. D’après ce membre d’Horizons, « la seule solution de court terme, c’est ce que l’on a fait : augmenter l’âge légal de départ à la retraite. » Mais à long terme, la question de « mixer la capitalisation et la répartition » va se poser, anticipe Claude Malhuret : « En France le mot capital est presque une injure, il faut que l’on reprenne nos esprits, la capitalisation sera globale et solidaire, on ne parle pas du capital au sens de la lutte des classes. »
« Même Fox News commence à prendre ses distances »
Mais d’après le sénateur, cette division politique n’est pas propre à l’Europe ou à la France. « Il ne faut pas confondre Trump et sa bande d’oligarques et l’ensemble des Etats-Unis : les sondages de popularité ont baissé entre 5 et 10 points, les marchés sont en train de se casser la figure et même Fox News commence à prendre ses distances », analyse-t-il.
Pour Claude Malhuret, certains dossiers et notamment le Canada, ont du mal à passer dans l’opinion publique américaine, tandis que les sanctions commerciales inquiètent les milieux économiques. « Vu ce qu’il se passe avec le Canada et le Mexique, puis bientôt l’Europe, les chefs d’entreprise sont fous de rage », explique-t-il. À tel point que les Européens n’auront peut-être pas d’après lui « à prendre de décisions difficiles » au niveau commercial quand Trump « décidera de revenir au réel. »
Ce jeudi, les Vingt-Sept discutent des mesures à prendre lors d’un sommet extraordinaire. « Il faut le faire. Comme l’Europe n’est pas un Etat, il faut que l’on se concerte donc il faudra continuer à le faire », estime le président du groupe Les Indépendants.