Ukraine : Une « contre-offensive » se prépare pour « mettre la Russie à la table des négociations », estime Christian Cambon

Invité de notre matinale, Christian Cambon est revenu sur la situation en Ukraine. Le président LR de la commission des Affaires étrangères estime qu’une contre-offensive ukrainienne est en préparation et que la France finira probablement par livrer des avions militaires à l’Ukraine.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après une visite en Italie et en Allemagne, Volodymyr Zelensky est rapidement passé par la France et l’Elysée, ce dimanche soir. Pour évoquer une éventuelle contre-offensive ukrainienne, évoquent certains commentateurs : « Je pense que globalement, les Ukrainiens sont prêts. D’après les renseignements que nous avons, il y a des ajustements en termes de matériel, mais le moral y est, le projet est là. À Bakhmout l’offensive russe est contrée, les pertes en vies humaines côté russe sont innombrables, il y a la volonté de reprendre les terres du Donbass et peut être même la Crimée », détaille Christian Cambon, président LR de la commission des Affaires étrangères au Sénat.

« C’est difficile de fournir des armes et d’être dans le rôle de l’arbitre »

D’après lui, la visite du président Ukrainien aurait eu pour but « d’informer Emmanuel Macron de ses intentions », et peut-être d’évoquer l’après-guerre. « La diplomatie ne peut rien faire pour l’instant, seule l’Ukraine peut décider de déclencher une négociation de cessez-le-feu. Militairement, la Russie souffre, elle a perdu énormément de blindés. Il faut que les succès militaires obligent la Russie à arrêter cette agression. Je pense que cette contre-offensive a pour but de mettre la Russie à la table des négociations », explique Christian Cambon.

À cet égard, la Chine jouera un rôle décisif, estime le président de la commission des Affaires étrangères : « Actuellement, les Chinois font une très belle affaire en achetant du gaz et du pétrole russe à très bas coût. Mais pour faire du commerce, il faut la paix. Or, les tensions sont telles, que la croissance de la Chine en pâtit. Peut-être qu’ils finiront par trouver la situation difficile. Ils ont un rôle essentiel pour faire venir Poutine autour de la table. Il y a d’autres pays comme la Turquie qui gardent un contact important avec à la fois la Russie et l’Ukraine. En ce qui concerne les Européens, c’est difficile de fournir des armes et d’être dans le rôle de l’arbitre. »

« L’affaire des avions est un tout petit peu plus compliquée que ce que l’on en dit »

Le sénateur LR voit dans le déroulement des événements « un véritable échec » pour Vladimir Poutine, qui « s’est mis à dos » la majorité de la communauté internationale pour des résultats très limités. « Je pense qu’il pensait que l’Europe allait se séparer et mettre en avant ses intérêts économiques, or il n’a réussi qu’à rassembler l’Union Européenne. Même des pays aussi réservés que la Finlande viennent nous rejoindre dans l’OTAN », poursuit Christian Cambon.

Mais pour que cette union porte ses fruits sur le terrain militaire, la France pourrait être amenée à encore franchir des étapes dans la livraison d’armes, et notamment des avions militaires, estime le sénateur LR : « L’affaire des avions est un tout petit peu plus compliquée que ce que l’on en dit, parce que pour bénéficier d’un appui aérien, toute une logistique doit se mettre en place : un avion c’est 10 à 20 personnes qui doivent l’entretenir et le préparer. La France ne peut donner que ce qu’elle a, il pourrait s’agir de Mirages. C’est un risque qui va devoir être pris en compte dans la Loi de Programmation Militaire (LPM), pour faire en sorte de regarnir nos effectifs aériens. »

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

President introduces new composition of European Commission, Strasbourg, Bxl, France – 17 Sep 2024
6min

International

Commissaires européens : quelles leçons tirer de la nouvelle équipe dévoilée par Ursula von der Leyen ?

Après des semaines de négociations avec les États membres, Ursula von der Leyen a dévoilé ce 17 septembre les noms des personnalités qui l’entoureront lors de son nouveau mandat à la tête de la Commission européenne. Les profils des 27 nouveaux commissaires ont directement été recommandés par les États membres, puis validés par Ursula von der Leyen. Les candidats aux postes devront encore être auditionnés au Parlement européen, qui validera leur nomination par un vote. Comment se compose ce nouveau collège de commissaires ? De quel portefeuille la France hérite-t-elle ? Certaines personnalités risquent-elles d’être retoquées par les eurodéputés ? Décryptage. La parité, enjeu central dans l’attribution des portefeuilles de commissaires Signe des difficultés rencontrées par Ursula von der Leyen pour former cette nouvelle équipe, l’annonce de sa composition a finalement été reportée d’une semaine. Un retard qui n’a rien d’exceptionnel, souligne Francisco Roa Bastos, maître de conférences en sciences politiques à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne : « La composition de la Commission européenne est toujours un exercice compliqué, parce qu’il faut satisfaire plusieurs logiques, de géographie, de parité, en plus des exigences des différents États membres. » Cher à Ursula von der Leyen depuis son premier mandat, c’est notamment le critère de parité qui semble avoir donné du fil à retordre à la présidente de la Commission. « Lorsque j’ai reçu les premières propositions de nomination des États membres, nous avions 22 % de femmes et 78 % d’hommes. Vous imaginez bien que c’était tout à fait inacceptable », a-t-elle déploré à l’occasion d’une conférence de presse. Finalement, le collège proposé comporte 40 % de femmes. Une répartition non-paritaire, compensée toutefois par l’attribution de quatre des six postes clés de vice-présidents de la Commission à des femmes. « Ursula von der Leyen a su faire de cet enjeu de parité un élément de négociation important dans la répartition des portefeuilles entre les différents États membres », observe Francisco Roa Bastos. Sommés de proposer le nom d’une femme pour le poste, les pays qui ont joué le jeu – notamment la Bulgarie, la Slovénie et la Roumanie – se voient en effet attribuer « des portefeuilles importants », estime-t-il. Les socialistes obtiennent un poste clé, un proche de Meloni nommé vice-président Par ordre d’importance, après Ursula von der Leyen, c’est d’ailleurs l’Espagnole Teresa Ribera qui hérite du poste le plus influent. La socialiste, ministre de la Transition écologique dans le gouvernement de Pedro Sanchez, est nommée vice-présidente de la Commission et prend en charge le portefeuille de la concurrence. Un rôle central. « Elle guidera les travaux pour que l’Union européenne reste sur les rails du Pacte vert, de la décarbonation et de la réindustrialisation », a détaillé Ursula von der Leyen. Pourquoi la présidente de la Commission européenne, membre de la droite européenne du PPE, a-t-elle attribué ce poste de premier plan à une socialiste ? « Elle a été fine stratège », estime Francisco Roa Bastos : « Avec la nomination de Teresa Ribera, il va être plus difficile pour les eurodéputés socio-démocrates de contester la composition globale du collège de commissaires, au risque de voir ce poste leur échapper ». Deuxième force politique du Parlement derrière le PPE, le groupe S&D aura en effet un rôle central à jouer dans la validation par un vote de ce nouveau collège de commissaires. Le profil de Teresa Ribera pourrait ainsi calmer les critiques venues de la gauche quant à la nomination d’un autre vice-président : Raffaele Fitto. Le choix de l’Italien, ministre des Affaires européennes au sein du gouvernement de Giorgia Meloni, est en effet vivement contesté par les eurodéputés de gauche, opposés à la nomination d’une personnalité d’extrême droite à la Commission. « La France sort affaiblie de cette séquence » Enfin, côté français, le bilan de ces nominations semble contrasté. Après la démission fracassante du commissaire européen Thierry Breton, victime de ses relations exécrables avec Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron a finalement proposé la candidature de Stéphane Séjourné. Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères obtient une place de choix dans ce nouveau collège : un poste de vice-président, chose que Thierry Breton n’avait pas obtenue, ainsi qu’un portefeuille dédié à la « prospérité » et à la « stratégie industrielle ». « Grâce à sa position de vice-président, Stéphane Séjourné aura une position importante et transversale au sein de la Commission, que n’avait pas Thierry Breton. Mais son portefeuille n’inclut que la politique industrielle, on peut regretter qu’il n’intègre pas des éléments de politique commerciale, notamment la concurrence », analyse Elvire Fabry, chercheuse senior à l’institut Jacques Delors. Pour Francisco Roa Bastos, la nomination de Stéphane Séjourné peut même être vue comme une « rétrogradation » par rapport au poste occupé par Thierry Breton. Sans pouvoir s’occuper des politiques centrales de concurrence, attribuées à Teresa Ribera, l’influence de Stéphane Séjourné pourrait selon lui être « limitée », comparée à celle que pouvait avoir Thierry Breton. « C’est assez clair pour tous les observateurs, la France sort affaiblie de cette séquence », tranche Francisco Roa Bastos. Pour être confirmé à son poste, le nouveau commissaire français devra dans tous les cas se soumettre au vote des eurodéputés. Un soutien qui ne semble pas acquis dans le camp des eurodéputés français. « Stéphane Séjourné hérite d’un portefeuille clé, avec possiblement plusieurs commissaires expérimentés sous ses ordres. Avec quelle expertise ? Il va se faire manger et l’influence française va payer l’addition », a par exemple raillé l’eurodéputé Les Républicains Céline Imart, auprès de l’AFP.

Le

Meta Bans Russian State Media Outlets, Asuncion, Paraguay – 16 Sep 2024
4min

International

Meta bannit les médias d'État russes sur ses plateformes pour contrer les ingérences étrangères 

La société américaine qui possède Facebook, Instagram et WhatsApp a annoncé, lundi 16 septembre, expulser le groupe Rossia Segodnia, dont fait partie Russia Today (RT), et plusieurs autres médias soutenus par Moscou. Objectif : limiter leurs activités d'ingérence sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, les autorités américaines avaient déjà mis en place certaines mesures contre ces organes de presse.

Le

Thierry Breton et Ursula von der Leyen
10min

International

« C’était un rival pour elle » : comment expliquer l’éjection surprise de Thierry Breton de la Commission von der Leyen

Poussé par Paris pour rester à la Commission européenne, l’ancien ministre français Thierry Breton a quitté ses fonctions, mettant notamment en cause « la gouvernance » de la présidente Ursula von der Leyen. Selon plusieurs spécialistes, le commissaire français paye ses mauvaises relations avec elle, et surtout, la volonté de cette dernière d’imposer sa marque. Stéphane Séjourné est devenu en urgence le candidat de second choix.

Le