Présidence belge de l’UE : « Il n’est pas question de pause dans le Pacte vert » assure la ministre des Affaires étrangères belge

Alors que les agriculteurs manifestent dans toute l’Europe contre les normes environnementales européennes, la Belgique, qui préside l’Union européenne pour 6 mois, souhaite avancer sur le Pacte vert. Le bilan écologique de l’UE c’est le sujet de l’émission Ici l’Europe cette semaine, sur Public Sénat et France 24.
Alexandre Poussart

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Le Green Deal ou Pacte Vert est dans toutes les bouches actuellement alors que la colère des agriculteurs résonne dans de nombreux pays européens, avec parmi les motifs de contestation, les normes environnementales qui seraient imposées par l’Europe. Le Pacte vert a été proposé en 2019 par la Commission européenne d’Ursula Von Der Leyen, au début de la mandature qui s’achève avec les élections européennes de juin prochain.

Ce Green Deal regroupe un ensemble de 60 textes législatifs, dans de nombreux domaines (transports, agriculture, alimentation, biodiversité…) afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et de baisser de 55% les émissions européennes de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport à 1990). 5 ans après sa présentation, la moitié du Pacte Vert a été adoptée. On peut citer la loi interdisant la vente de véhicules thermiques à partir de 2035. Mais ces derniers mois, certains textes ont été rejetés ou vidés de leur substance, comme la loi sur la restauration des espaces naturels, très amoindrie, et la loi pour diminuer l’usage des pesticides, qui n’a pas obtenu de majorité au Parlement.

Pacte Vert : « un enthousiasme puis une pause environnementale » déplore l’écologiste David Cormand

“Au début de cette mandature de la majorité Von Der Leyen, il y avait un certain enthousiasme pour ce Pacte vert”, raconte l’eurodéputé écologiste David Cormand, invité au débat de l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. “Et puis il y a eu la fameuse “pause environnementale”, pour reprendre les mots du président Macron. Une coalition allant des centristes de Renew aux groupes d’extrême droite du Parlement s’est dit, “ça va trop vite !” L’eurodéputé écologiste estime que la droite se trompe quand elle pense “que les normes écologiques vont amoindrir notre compétitivité. Au contraire, l’Union européenne doit construire une réalité économique sur des ressources qui sont renouvelables et sur une économie sobre, circulaire.”

Du côté de la droite européenne, on invoque une écologie plus pragmatique. Invitée d’Ici l’Europe, l’eurodéputée luxembourgeoise (Parti populaire européen) Isabelle Wieseler-Lima explique notamment pourquoi elle n’a pas voté en faveur de la loi sur la restauration de la nature en 2023. “Le texte qu’on nous a présenté était désastreux. Il interdisait par exemple de nettoyer les forêts. Or on sait qu’avec le réchauffement climatique, les méga feux se multiplient et nous avons besoin de nettoyer nos espaces forestiers.”, alerte-t-elle.

« Sur le Pacte vert, on ne peut pas se contenter de faire du sur-place » affirme la ministre des affaires étrangères belge

Interrogée plus tôt dans l’émission la ministre des affaires étrangères belge Hadja Lahbib, pays qui préside l’union pour six mois, a rappelé son attachement à la poursuite des objectifs de ce pacte vert « Sur le pacte, on ne peut pas se permettre de faire du sur place, tout le monde a conscience qu’il y a urgence, il y a un réel bouleversement climatique. Il n’est pas question de pause » ajoute t-elle avant de concéder qu’il faudra en même temps « tenir compte des contraintes » exprimées par les entreprises, citoyens ou agriculteurs.

Au sein de la gauche, les positions divergent sur les conséquences sociales de cette transition écologique. Le groupe de la Gauche au Parlement européen a par exemple voté contre certaines dispositions du Pacte vert au motif qu’elles seraient injustes socialement. “Notre position est très claire”, explique l’eurodéputé belge Marc Botenga, “nous sommes pour l’action climatique mais ce n’est pas aux travailleurs et aux plus modestes de la payer. C’est pourquoi nous avons voté contre la réforme du marché de carbone, (qui étend le marché de quotas d’émissions de CO2 au bâtiment) car nous estimons que cela allait se répercuter sur le prix du logement.”

Pour que les nouvelles normes écologiques n’accroissent pas les inégalités, l’Union européenne s’est dotée d’un Fonds social pour le Climat de 65 milliards d’euros pour aider les Européens dans la rénovation thermique de leur logement ou dans leur transition vers un mode de transport plus propre.

Retrouvez l’émission intégrale ici

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