Israel French president Emmanuel Macron visit

Visite d’Emmanuel Macron en Israël : « En diplomatie, le en même temps n’a jamais fonctionné »

À l’occasion de sa visite en Israël, Emmanuel Macron fait de la libération des otages une priorité et entend relancer le processus de paix pour tendre vers une solution à deux Etats. Outre Israël, le Président de la République s’est rendu à Ramallah dans les territoires occupés pour s’entretenir avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Henri Clavier

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« Je suis ici pour exprimer notre soutien, notre solidarité, je suis venu exprimer au peuple israélien toutes les condoléances de la France, un pays ami », déclare Emmanuel Macron durant une conférence de presse avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Une proximité sur laquelle le président de la République a appuyé rappelant que « trente Français ont été tués par le Hamas, ce qui en fait l’attaque terroriste la plus meurtrière depuis 2016 » pour les citoyens français.

Au cours de sa visite, Emmanuel Macron détaille ses priorités, à savoir « vaincre ces groupes terroristes [le Hamas et le Jihad islamique] » et « tout faire pour obtenir du Hamas la libération de tous [les otages] ». Sur un temps plus long, Emmanuel Macron souhaite profiter de cette visite pour appuyer « une relance décisive du processus politique » devant permettre la paix et « d’accepter le droit légitime des Palestiniens à disposer d’un État.

Les neuf otages français à Gaza, priorité d’Emmanuel Macron

Alors que l’armée israélienne n’a pas encore lancé son offensive contre la bande de Gaza, environ 220 otages israéliens, étrangers et binationaux sont toujours retenus par le Hamas. Parmi ces otages, neuf sont français, plus que l’ensemble des otages français détenus à travers le monde, pointe Emmanuel Macron. Lundi 23 octobre, le Hamas a libéré deux otages grâce à divers intermédiaires, allant du Qatar au Comité international de la Croix-Rouge. « Je ne suis pas sûr que le président de l’Autorité palestinienne ou le roi de Jordanie soit aujourd’hui des acteurs clés notamment pour la libération des otages », explique Roger Karoutchi (LR), membre de la commission des affaires étrangères et président du groupe d’amitié France-Israël, au micro de Flora Sauvage pour Public Sénat. Si Emmanuel Macron « a souhaité un déplacement plus particulier », en se rendant dans les territoires occupés de Palestine et en Jordanie, « il arrive après les Anglais, les Allemands, les Italiens et la présidente de la Commission européenne », note Roger Karoutchi. Un retard qui peut fragiliser la position française dans les négociations.

Un point de vue partagé par Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, qui estime que l’absence de « ligne claire » nuit à l’efficacité de la diplomatie française. Pour Guillaume Gontard, la France doit tout faire pour libérer les otages, y compris négocier avec des acteurs comme le Qatar, accusé de jouer un double jeu. « Il ne faut écarter aucune solution, le Qatar occupe une position importante dans les négociations, il faut discuter avec eux tout en étant conscient de leurs ambiguïtés », poursuit Guillaume Gontard.

Un point de vue partagé par le sénateur socialiste Mickaël Vallet qui expliquait ce 24 octobre au matin : « On ne peut pas discuter avec des terroristes comme le Hamas. Donc on passe par des personnes qui peuvent parler et expliquer que c’est dans leur intérêt de lâcher du lest. »

Emmanuel Macron demande une « coalition contre le Hamas »

Alors que le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé à « un cessez-le-feu humanitaire immédiat », le Président de la République française défend le droit d’Israël de se défendre tout en rappelant que « la lutte doit être sans merci mais pas sans règle ». En voulant présenter une position équilibrée, Emmanuel Macron rappelle que « le respect des populations impose de permettre l’accès de l’aide, de rétablir l’accès à l’électricité et l’eau ». Pourtant, le président de la République appelle aussi à former une alliance contre le Hamas et faire en sorte que la « coalition internationale contre Daech puisse se battre contre le Hamas ».

Une position équivoque qui exclut un cessez-le-feu humanitaire immédiat. « Quelle forme prendrait cette coalition ? On ne sait pas, nous n’avons aucun élément non plus sur la position des autres membres de la coalition contre Daech. Demander une coalition et en même temps vouloir relancer le processus de paix est incohérent. En diplomatie, le « en même temps » n’a jamais fonctionné, il n’y a rien de pire », fustige Guillaume Gontard. « C’est la politique française du en même temps, si c’est pour revenir sans résultat tangible ça ne donnera pas l’image que nous souhaitions », estime Roger Karoutchi. Invité de franceinfo, Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat considérait, à la veille de la visite d’Emmanuel Macron en Israël « qu’aucune guerre n’a été gagnée sans solution politique » durant les quinze dernières années.

 «On ne peut pas relancer le processus politique seul »

Avant de se rendre en Cisjordanie, Emmanuel Macron insiste sur l’importance « d’accepter le droit légitime des Palestiniens à disposer d’un État », en rappelant une position historique de la diplomatie française. « On ne peut pas relancer le processus politique seul », martèle Guillaume Gontard qui plaide pour une position commune de l’Union européenne, tout en saluant l’initiative du président de la République de se rendre à Ramallah et en Jordanie. « C’est la solution idéale [d’avoir deux Etats]. Si rencontrer Abbas et le roi Abdallah y participe très bien, mais je ne suis pas convaincu », avance Roger Karoutchi qui note que « Mahmoud Abbas est très affaibli, on a le sentiment que l’Autorité palestinienne n’a plus la légitimité qu’elle pouvait y avoir il y a dix ou quinze ans ».

 

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