Vladimir Poutine veut « aller toujours plus loin pour affaiblir l’Ukraine », estime Rachid Temal

Alors que Moscou a qualifié de simple « répit » la trêve proposée par les Etats-Unis et Volodymyr Zelensky à l’issue des négociations à Djeddah, ce jeudi 13 mars, le vice-président de la commission des Affaires étrangères au Sénat a réagi en déplorant la « volonté hégémonique » du chef d’Etat russe.
Clarisse Guibert

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Deux jours après la proposition de cessez-le-feu en Ukraine formulée par les Etats-Unis à l’issue du sommet à Djeddah, Moscou a réagi ce jeudi 13 mars. Pour la diplomatie russe, cet accord ne serait qu’un « répit temporaire pour les soldats ukrainiens ». De son côté, Vladimir Poutine vient de s’exprimer en faveur d’un « arrêt des combats » mais sous conditions, lors d’une conférence de presse. Pour le sénateur socialiste, et vice-président de la Commission des Affaires étrangères, la situation illustre la « logique impérialiste » du président russe.

Vladimir Poutine « pousse les feux contre notre allié ukrainien », selon le sénateur socialiste

Pour Rachid Temal, les premières déclarations de Moscou dévoilent ses ambitions. La logique de Poutine est « d’aller toujours plus loin pour affaiblir toujours l’Ukraine », estime-t-il. En effet, au lendemain des pourparlers en Arabie saoudite, mercredi 12 mars, le chef d’Etat russe s’est rendu sur le front, dans la région russe de Koursk, en habit militaire pour soutenir son armée.

Derrière la volonté russe se cache, pour le sénateur socialiste, le « discours de Donald Trump, qui affaiblit les Ukrainiens », selon ses mots. Rachid Temal fait notamment référence à la suspension de l’aide militaire américaine accordée à l’Ukraine, le 3 mars dernier, sur laquelle les Etats-Unis sont revenus à l’issue de la rencontre en Arabie saoudite, mardi 11 mars.

« Il faut que les Européens s’assument beaucoup plus dans cette capacité à se défendre seuls » affirme Rachid Temal

A ce sujet, la commission des Affaires étrangères de la Haute assemblée a auditionné Marcos Perestrello de Vasconcellos, président de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, mercredi 12 mars. Lui voit dans cette période « un moment charnière pour notre relation transatlantique ». Pour Rachid Temal, également membre de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, le contexte est effectivement « historique ».

Pour y faire face, le sénateur socialiste estime que le Vieux continent doit « renforcer notre pilier européen », et ce afin de « se défendre seul, si les Américains devaient être moins présents à nos côtés ». Sur le matériel militaire, son camp appelle à « soutenir la base industrielle, technologique et de défense européenne » pour « ne pas être sous dépendance de tel ou tel Etat sur la production » des armes, au cœur de l’autonomie du continent européen.

Pour financer l’effort de défense, il faut « mobiliser la société », estime Rachid Temal

A la question de savoir comment financer cet effort, les socialistes répondent « livret défense et souveraineté ». Pour le sénateur, un « livret dédié » produirait un « effort volontaire » de la société française, et non contraint. Un élément important pour la gauche socialiste qui estime indissociable la hausse des crédits de la défense et la prise de « conscience de la réalité du monde » par la société française.

Un discours partagé par Anne Hidalgo, sur le plateau de la matinale de Public Sénat, ce jeudi 13 mars. La maire de Paris a notamment appelé à une « cohésion nationale autour de la défense ». Mais du côté de Bercy, l’hypothèse du livret ne séduit pas. « Je ne suis pas sûr qu’un livret dédié soit une solution », a précisé le ministre Eric Lombard lors des questions au gouvernement du Sénat.

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