13 novembre : « Ce qui doit rester de ce procès, c’est la force de l’Etat de droit et de la démocratie »

13 novembre : « Ce qui doit rester de ce procès, c’est la force de l’Etat de droit et de la démocratie »

Alors que démarre ce mercredi, le procès-fleuve des attentats du 13 novembre, le sénateur PS, Rémi Féraud, maire du 10e arrondissement en 2015, se souvient des jours qui ont suivi le drame. « Il fallait préserver le recueillement tout en permettant au quartier de revivre ». Interview.
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Vous étiez maire du 10e en 2015, c’est dans cet arrondissement que le « commando des terrasses » a commencé sa tuerie au Petit Cambodge et au Carillon. Quel souvenir garder vous de cette soirée ?

J’étais encore à la mairie quand je reçois un coup de fil de mon voisin qui me prévient qu’il a entendu des coups feux rue Bichat. J’ai tout de suite senti qu’on était au-delà des problèmes d’insécurité habituels. J’ai donc immédiatement appelé le commissaire du 10e pour l’alerter. Il n’était pas encore au courant qu’il se passait quelque chose. Cette nuit a été très longue et je n’ai pu me rendre sur les lieux du drame qu’aux alentours de 23h, une fois le périmètre de sécurité assuré.

Comment se sont déroulés les jours qui ont suivi ?

J’ai vécu cet attentat à la fois comme habitant du quartier et comme maire. Il y avait un gros travail à faire pour assurer la sécurité et le réconfort des habitants. Je me souviens de l’inquiétude qui régnait autour de la sécurité des écoles. Il fallait rassurer les parents d’élèves. Nous avons par exemple organisé avec la préfecture les tournées sentinelles. Une cellule psychologique a été installée à la mairie. C’était un lieu de réconfort et ça a donné à mon mandat une dimension exceptionnelle.

Nous devions également préserver recueillement. Beaucoup de gens venaient déposer des fleurs sur les terrasses du Petits Cambodge et du Carillon. C’était très important mais il fallait aussi prendre en compte la volonté des habitants du quartier qui souhaitaient reprendre, au plus vite, une vie normale.

Justement, est-ce que la vie normale est revenue ?

Pour moi, il y a un avant et un après 13 novembre. Dans le quartier festif du canal Saint-Martin, la vie nocturne n’a jamais complètement repris. Ce n’est plus la même intensité, la même légèreté. J’ai gardé des liens très forts avec les associations d’aides aux victimes et avec les responsables du Petit Cambodge et du Carillon. Ils ont été accompagnés humainement et matériellement par la ville de Paris et ont rouvert dans les mois qui ont suivi les attentats. Une plaque commémorative a été installée sur le mur de l’hôpital Saint-Louis. A l’époque, des réticences s’étaient exprimées dans le quartier autour de l’installation de cette plaque. Ça me semblait important qu’on n’oublie pas le nom des victimes.

Qu’attendez-vous du procès qui vient d’ouvrir ?

J’attends vérité et justice. Je me pose encore beaucoup de questions. Pourquoi cet endroit ? Pourquoi ces établissements ? Pourquoi à cette date-là ? J’espère avoir des éléments de réponses sur la préparation des attentats. Sur un procès aussi long, on peut espérer que les accusés parlent.

Le 13 novembre 2015 est inscrit dans l’histoire de France et de Paris. Ce qui doit rester de ce procès, c’est la force de l’Etat de droit et de la démocratie.

 

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