9 mai : un discours « classique et sans surprise » de Vladimir Poutine, selon Dominique Trinquand

9 mai : un discours « classique et sans surprise » de Vladimir Poutine, selon Dominique Trinquand

Vladimir Poutine s’est adressé aux Russes avant le traditionnel défilé militaire moscovite du 9 mai célébrant la victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie. Très attendu, le discours du président Russe s’est révélé extrêmement classique et sans surprise majeure. Le chef du Kremlin a usé de la même rhétorique nationaliste et anti-occidentale, utilisée depuis le début des opérations militaires en Ukraine.
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Par Louis Dubar

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« On s’attendait au pire », explique Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française aux Nations Unies. Les observateurs et spécialistes s’attendaient pour ces commémorations du 9 mai à une déclaration « hors-norme » de Vladimir Poutine dans le discours précédant la parade militaire sur la place Rouge : Déclaration de guerre officielle à Kiev, lancement d’une nouvelle offensive militaire ou l’annonce d’une victoire de l’armée à Marioupol. Pour cette édition 2022, les traditionnels défilés militaires du « Jour de la victoire » se sont déroulés dans un format réduit. D’après le magazine américain Forbes, les autorités russes auraient réduit de 35 % les moyens militaires alloués à ces événements.

La guerre en Ukraine, « la seule décision juste » pour Vladimir Poutine

Dans un très court discours davantage destiné aux Russes qu’à la communauté internationale, le président russe a de nouveau justifié sa guerre d’agression auprès de son peuple. « L’Otan se rapprochait de nos territoires. Ainsi, petit à petit, la menace inadmissible pour nous planait au-dessus de nos frontières », a expliqué Vladimir Poutine. Selon ce dernier, l’Occident « se préparait à une opération de représailles » en Crimée et dans le Donbass, « nos terres historiques. » L’ancien officier du KGB laisse également entendre que l’Ukraine est acquise aux « néonazis » et aux « adeptes de Stepan Bandera » (figure nationaliste ukrainienne controversée). Face à cette « menace grandissante », l’invasion de l’Ukraine fin février par l’armée était « la seule unique décision juste pour un pays souverain, fort et indépendant. La Russie était face à une menace inacceptable. »

Cette rhétorique de la citadelle assiégée par des forces étrangères « hostiles » à Moscou, prend tout son sens aujourd’hui notamment dans les conséquences géopolitiques du conflit, « des conséquences, qu’il a provoquées », souligne Dominique Trinquand. L’élargissement possible de l’UE à plusieurs ex-républiques soviétiques (l’Ukraine, la Moldavie et à la Géorgie), les adhésions « probables » de voisins proches (la Suède et de la Finlande) à l’alliance atlantique sont autant d’événements provoqués par la Russie qui justifient désormais « l’opération militaire » en Ukraine.

» Lire aussi : Ukraine : « Les Russes n’étaient pas prêts à une guerre de haute intensité »

Pour Dominique Trinquand, le chef du Kremlin « s’est tenu dans son discours, au statu quo. » « Ce discours est dans la suite logique des annonces et allocutions de propagande faites depuis vingt ans », explique-t-il. Pour le général français, l’annonce d’une mobilisation générale ou d’une déclaration de guerre officielle par Vladimir Poutine aurait été « un aveu de faiblesse. » « Il ne pouvait pas y avoir beaucoup de surprises. S’il rentrait dans le détail, ça aurait immédiatement montré des signes de défaillance », poursuit-il.

« Aujourd’hui comme hier, vous vous battez pour notre peuple dans le Donbass, pour la sécurité de notre patrie, la Russie »

Plus de deux mois après le déclenchement des hostilités avec Kiev, l’heure est à l’unité nationale et au patriotisme pour ce 77e anniversaire de la victoire. Le maître du Kremlin s’est directement adressé aux soldats combattant dans le Donbass. En ce « Jour de la victoire » sur le nazisme, Vladimir Poutine a de nouveau évoqué les mythes de la Grande Guerre Patriotique, « une mémoire immortelle » et le souvenir des exploits militaires soviétiques de Léningrad, Stalingrad, Sébastopol, Minsk et Kharkov. « Aujourd’hui comme hier, vous vous battez pour notre peuple dans le Donbass, pour la sécurité de notre patrie, la Russie », a affirmé le président de la Fédération de Russie.

Sans dévoiler le nombre de militaires tombés au combat en Ukraine, Vladimir Poutine a honoré les mémoires des soldats tués en consacrant une minute de silence. « La mort de chacun de nos soldats est une perte irremplaçable », a avoué le dirigeant Russe. L’Etat « fera tout pour prendre soin des familles des victimes et une aide toute particulière sera adressée aux enfants des soldats. » Depuis le début des combats, Vladimir Poutine s’adresse régulièrement aux familles et aux proches des soldats tués. Pour Dominique Trinquand, le pouvoir russe a besoin de maintenir « une cohésion nationale forte », s’il veut continuer la guerre.

» Lire aussi : En Russie, une violence institutionnalisée et peu réprimée

 

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