A dix jours des municipales, La République en marche en pleines turbulences
Campagnes compliquées, entre-deux tours incertains et, déjà, remise en cause du leadership: à quelques jours des municipales, le mouvement...

A dix jours des municipales, La République en marche en pleines turbulences

Campagnes compliquées, entre-deux tours incertains et, déjà, remise en cause du leadership: à quelques jours des municipales, le mouvement...
Public Sénat

Par Paul AUBRIAT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Campagnes compliquées, entre-deux tours incertains et, déjà, remise en cause du leadership: à quelques jours des municipales, le mouvement présidentiel entre dans une zone de turbulences et l'après-scrutin s'annonce douloureux.

Si l'objectif, modeste, de passer de 2.000 conseillers municipaux à 10.000 au soir du deuxième tour, le 22 mars, est toujours jugé atteignable, c'est la gestion de l'entre-deux tours qui inquiète désormais l'état-major de LREM, lorsqu'il s'agira de choisir entre maintiens de liste, retraits ou fusions, selon des possibilités d'alliances variées.

Deux candidates à la mairie de Pairs, Anne Hidalgo et Rachida Dati, lors du premier débat télévisé de campagne, le 4 mars 2020
Deux candidates à la mairie de Pairs, Anne Hidalgo et Rachida Dati, lors du premier débat télévisé de campagne, le 4 mars 2020
POOL/AFP

A Paris, l'idée poussée par certains cadres du parti d'un front anti-Hidalgo qui passerait par une alliance avec Rachida Dati (LR) a fait pousser des cris d'orfraie. "Moi, jamais on ne me fera voter Dati. Et si c'est ça, je pars", prévient un député marcheur issu du PS.

D'éventuels rapprochements entre marcheurs et écologistes, prônés par d'aucuns dans certaines villes, y compris la capitale, provoquent les mêmes réticences et divisions. "Les écolos? Mais on voit que ce sont des Insoumis déguisés, on n'a rien à voir avec ces gens-là", tacle une figure de la macronie, issue de LR.

Dès lors, "le risque, c'est que ça pète", prophétise un responsable, qui admet que le mouvement présidentiel s'apprête à vivre "peut-être la crise la plus grave de son existence", à l'occasion de ces municipales.

"La politique, c'est aussi la façon dont on intègre les technologies, les sciences et diagnostics au service de l'humain", a estimé Cédric Villani, à Paris, le 18 février 2020
AFP

A la tête de La République en marche, les rapports entre le numéro un, Stanislas Guerini, et son adjoint, Pierre Person, se sont d'ailleurs considérablement refroidis, notamment après qu'une tentative de rapprochement entre Cédric Villani et Agnès Buzyn - ardemment défendue par M. Person - eut échoué.

En creux, certains veulent voir dans cette défaite annoncée l'occasion pour l'aile gauche du parti, qui a déjà profité du recours au 49.3 pour hausser le ton, de porter sa voix - et s'en prendre, par ricochet, à son promoteur, Édouard Philippe.

- "Plein la gueule" -

"Des gens qui sortent tout d'un coup pour faire de la politique politicienne? Ils ne jouent pas seulement contre leur camp, ils jouent contre le président de la République", s'offusque un ministre. "Ils se croient encore à l'Unef", renchérit un proche de la direction de LREM, en référence au syndicat étudiant dont sont issus ces francs-tireurs à qui l'on prête des volontés de prise du parti.

Visée? La "bande de Poitiers", ces anciens Jeunes avec Macron devenus députés - Pierre Person, Sacha Houlié, Guillaume Chiche, Aurélien Taché -, ou eurodéputé, en l'occurrence Stéphane Séjourné, autrefois conseiller à l'Elysée.

L'ex-ministre Agnes Buzyn, candidate (LREM) à Paris, et le délégué général de LREM Stanislas Guerini, le 16 février 2020
L'ex-ministre Agnes Buzyn, candidate (LREM) à Paris, et le délégué général de LREM Stanislas Guerini, le 16 février 2020
AFP/Archives

"On sait que ça va tanguer à la suite des municipales. Stanislas Guerini va en prendre plein la gueule. Mais il a été élu en 2018 pour trois ans et il ira jusqu'au bout", prévient l'un de ses proches, qui rappelle qu'Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé au numéro un de LREM lorsqu'il a reçu les députés de la majorité à l'Élysée le mois dernier.

Autre cible de critiques toujours plus acerbes, la Commission nationale d'investiture du parti, jugée incapable d'empêcher les dissidences et responsable de la Bérézina annoncée. "Je le vis bien", sourit la co-présidente de la CNI, Marie Guévenoux, qui dit savoir "qu'on s'expose, en cas de défaite, à en être tenu pour responsable".

Un ministre résume la guérilla à venir: "Les députés diront que les municipales, ce sera la faute du Premier ministre car il est trop à droite; la faute de Gilles Le Gendre - patron des députés LREM - car il n'a pas d'autorité; et la faute de Guerini car il dirige mal le parti".

En petit comité, un député lui donne raison: "J'espère qu'ils savent faire de la politique. Parce que quand on va solder les comptes, on ne sera pas tendre".

Partager cet article

Dans la même thématique

A dix jours des municipales, La République en marche en pleines turbulences
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le

Paris : Preparations for the handover ceremony of the new Prime minister
3min

Politique

Quels sont les avantages dont bénéficient les anciens Premiers ministres et ministres ?

Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.

Le