A l’Est, les réseaux sociaux, fer de lance des luttes citoyennes

A l’Est, les réseaux sociaux, fer de lance des luttes citoyennes

Russie, Biélorussie, ces deux pays découvrent, via les réseaux sociaux, des horizons nouveaux pour contester le pouvoir. Ils permettent à des oppositions citoyennes de s’organiser et de s’exprimer. Face à des pouvoirs autoritaires, la lutte s’organise donc en ligne. Cette semaine dans l’émission Hashtag, Hélène Risser et ses invités font cap à l’est pour décrypter un combat qui s’organise sur Twitter mais aussi d’autres réseaux parmi lesquels Telegram et Vkontakte…
Public Sénat

Par Quentin Poirier

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Depuis le 9 août, la réélection d’Alexandre Loukachenko a provoqué de vives manifestations dans tout le pays, des manifestations qui continuent aujourd’hui. Pour Andreï Vaitovich, journaliste franco biélorusse : « Les réseaux sociaux sont la source d’information principale parce qu’en Biélorussie, il n’y a pas de chaîne de télévision indépendante. Donc les réseaux sociaux sont la première source d’information indépendante du pays ». Il précise : « les Biélorusses sont très connectés y compris les générations qui ont connu l’URSS ».
En effet, depuis le début de la crise électorale, de nombreux opposants exilés partagent sur Twitter ou Telegram des images de manifestations et de répressions policières.
Ainsi émergent des figures populaires de la contestation comme Nina Baguinskaïa, une « mamie » de 73 ans dont la vidéo où elle fait face à des policiers, est devenue virale.

 

En Biélorussie, les réseaux sociaux au service de la liberté d’informer
 

Mais si des coupures internet ont été organisées par le pouvoir, Andreï Vaitovich n’y voit pas un frein à la révolte : « Les réseaux sociaux fonctionnent, car dans n’importe quel pays à part peut-être la Corée du Nord, il n’est plus possible de bloquer internet 24 heures sur 24. En Biélorussie c’est très ponctuel ». Il poursuit : « Ce qui est possible, et ce qui se passe en ce moment, c’est que l’on peut arrêter les administrateurs des chaînes Telegram par exemple car ils sont physiquement sur place en Biélorussie ».

Autre exemple pour tenter de museler la contestation, la chaîne Nexta, chaîne indépendante diffusée sur Telegram et Twitter et dont le fondateur Stepan Svetlov est exilé en Pologne, a été classée comme « ressources extrémistes » par la cour de Minsk.


En Russie, les initiatives citoyennes trouvent leur place sur le Net
 

En Biélorussie, le vent de contestation souffle donc bien sûr le net, comme chez son grand frère, le voisin russe. En effet, alors qu’en Occident notre regard se focalise principalement sur l’opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny ; sur les réseaux sociaux et en particulier sur le Facebook russe « VKontakte », des initiatives régionales s’organisent notamment.

La sociologue Perrine Poupin qui s’est intéressée à la lutte des habitants de la région d’Arkhangelsk contre un projet de décharge raconte : « On voit que les thèmes les plus abordés en Russie dans les discussions en ligne, ne sont pas forcément la politique nationale, Poutine et Navalny, mais des mouvements locaux ou régionaux par exemple « la révolte des déchets ». Il y a donc, pour l’experte, une séparation entre une Russie plus culturelle, plus intellectuelle qui serait sur Twitter, Facebook et plutôt la Russie « ordinaire » qui est plutôt sur VKontakte et « qui ne parle pas des mêmes choses que nous en Occident ».

Les réseaux sociaux sont donc un moyen pour échapper à la communication du gouvernement de Vladimir Poutine « qui au nom d’une forme d’unanimisme et d’apathie, invisibilise la vitalité contestataire du peuple russe » selon la politologue spécialiste de la Russie, Clémentine Fauconnier.

Perrine Poupin conclut « Il y a eu beaucoup de manifestations ces dernières années autour de questions environnementales. En fait il faut sortir de l’idée qu’il y a une sorte d’encéphalogramme plat politique en Russie et que de temps en temps il y a un Navalny ou un Poutine qui sort ».

Retrouvez l’intégralité de l’émission Hashtag en replay ici

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