A Matignon, Edouard Philippe cultive l’originalité pour imprimer sa marque
Matignon "délocalisé" quelques jours en province, des "Facebook Live" depuis son bureau, un nouveau "comité" rassemblant les poids lourds de la...
Par Marc PRÉEL
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Matignon "délocalisé" quelques jours en province, des "Facebook Live" depuis son bureau, un nouveau "comité" rassemblant les poids lourds de la majorité: Edouard Philippe tente d’innover dans la fonction de Premier ministre, quitte à prêter le flanc aux critiques sur une communication factice.
Premier chef de gouvernement sans parti depuis Raymond Barre, lieutenant d’un Emmanuel Macron bien décidé à présider tous azimuts, l’ancien maire du Havre esquisse, après six mois à Matignon, une originalité dans le style et dans l’exercice du pouvoir, derrière le sérieux du personnage et les impératifs de la communication institutionnelle.
Dernière innovation en date, annoncée jeudi: le chef du gouvernement, ainsi que son cabinet, vont "délocaliser Matignon" trois jours en décembre dans le Lot, à l'occasion d'une conférence avec les collectivités locales prévue à Cahors le 14.
Une initiative à la fois "symbolique" et "utile", dixit Matignon, face aux critiques sur un pouvoir trop parisien qui ne visite les régions que pour des déplacements de quelques heures au pas de charge.
"Dans une société où il y a beaucoup de +com'+, il y a un bruit de fond, qui fait que parfois quand vous parlez, on n’entend pas grand-chose. Une actualité chasse l’autre. Mais si on sort des sentiers battus, il peut se passer quelque chose", plaide son entourage.
"L’idée, c’est d’instaurer un dialogue plus lent et plus long avec les Français, sans intermédiaire. Mais ce n’est pas factice pour autant. Le Premier ministre sera très prudent avant d’accepter des émissions d’+infotainment+. Il voudra être certain que l’on ne tombe pas dans l’artifice", souligne-t-on.
Edouard Philippe et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, visitent la Sociéte Nouvelle d'Installations Electriques à Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne, le 30 novembre 2017
AFP
Rapprocher la -et le- politique des gens: depuis les dîners chez les Français du président Giscard jusqu'aux Conseils des ministres organisés en province de l'ère Hollande, en passant par la nuit dans un gîte rural de Manuel Valls, l'exercice a été tenté par nombre d’exécutifs, avec des succès très inégaux.
- Facebook Live à la Renzi -
"Il nous arrivera bien de nous planter aussi. Mais on ne veut pas être planqués. On pourrait ne faire que des discours sur fond bleu avec les drapeaux comme l’avait fait François Fillon pendant cinq ans, mais si on se contente de ça, on ne fait que la moitié du boulot", juge un membre de son équipe de communication.
Depuis début octobre, le chef du gouvernement répond, chaque semaine, aux questions des internautes sur Facebook, filmé en direct assis dans son bureau à Matignon, pendant une demi-heure.
Un créneau pédagogique, sans risquer d'être interrompu ou mis en difficulté par un journaliste, pour celui qui a résumé jeudi son leitmotiv: "il faut expliquer, expliquer, expliquer et expliquer. Et ensuite, il faut expliquer".
Signal générationnel aussi pour le quadragénaire normand, qui s'est directement inspiré en la matière de l'ex-Président du Conseil italien Matteo Renzi.
Edouard Philippe, le 29 novembre 2017 à l'Assemblée nationale
AFP
Après avoir mis en place des "séminaires" du gouvernement le week-end pour caler les grandes séquences, Edouard Philippe a aussi tenté d’innover cette semaine dans son rôle inhabituel de chef de la majorité non membre du parti majoritaire, en réunissant pour la première fois mercredi soir, un "comité de la majorité" avec les poids lourds de la majorité et de l'exécutif.
Quand Emmanuel Macron capte beaucoup l'attention, Edouard Philippe doit aussi composer avec sa notoriété encore faible: fin septembre, dans un sondage Odoxa, plus d'un tiers des personnes interrogées n'étaient pas en mesure de donner le nom exact du Premier ministre.
Enarque parfois décrit comme hautain et juriste sourcilleux, Edouard Philippe peut compter sur une qualité pour se distinguer: l’humour.
Lundi soir, sur la scène du Casino de Paris, le Premier ministre s’est livré, pendant dix minutes, à un drolatique compte-rendu, façon one-man-show, des coulisses de sa nomination à Matignon.
"Chez lui, le sérieux est toujours là mais l’humour n’est jamais loin", explique un de ses amis.
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.
Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a interpellé ce 7 mai, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre François Bayrou sur les projets de référendum évoqués ces derniers jours par l'exécutif.
Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.