A Matignon, Jean Castex redonne «un petit coup de boost» aux parlementaires de la majorité

A Matignon, Jean Castex redonne «un petit coup de boost» aux parlementaires de la majorité

Recevant députés et sénateurs de la majorité, le nouveau premier ministre a voulu leur montrer qu’ils sont « des rouages importants de la démocratie ». Son discours était aussi axé sur les territoires, cherchant à « coller au terrain » et « à la France ». Si l’opération séduction est réussie, certains sentent en lui « une main de fer dans un gant de velours ».
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Par François Vignal, avec Marie Bremeau

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Changement de méthode. Edouard Philippe n’avait jamais cherché à jouer pleinement le rôle de chef de la majorité, que lui confère la fonction de premier ministre. Ses relations avec le groupe LREM, à l’Assemblée, n’étaient pas toujours des meilleures. Son successeur, Jean Castex, entend faire tout l’inverse. En recevant les parlementaires de la majorité présidentielle à Matignon ce lundi soir, trois jours après sa nomination et dans la foulée de l’annonce de la composition de son gouvernement, le premier ministre envoie un message clair aux députés et sénateurs : il entend être à l’écoute de sa majorité. « Le plus important, c’est ma relation avec la majorité parlementaire » a assuré dimanche au JDD le premier ministre, qui n’a jamais été ni député, ni sénateur, contrairement à son grand-père, qui occupa les bancs de la Haute assemblée.

Jean Castex veut « tendre vers une société dans laquelle l’ascenseur républicain doit fonctionner » 

Ce lundi soir, Jean Castex est passé des paroles aux actes, en s’adressant aux parlementaires LREM, Modem et Agir. Tout le bloc de la majorité présidentielle. « Il a d’abord reçu dans son bureau les présidents de groupes. Il nous a dit sa vision, sa mission » raconte à publicsenat.fr François Patriat, président du groupe LREM.

Puis, depuis les marches qui donnent sur les jardins de Matignon, à l’arrière, le premier ministre s’est adressé à tous les parlementaires. « Le message, c’était un gouvernement opérationnel, immédiatement à l’action, capable de remettre en route le dialogue avec les territoires, de refaire marcher l’ascenseur social, de réunir les Français et d’agir vite pour répondre à leurs attentes » relate le sénateur LREM de Côte-d’Or, pour qui « son discours est totalement différent de celui d’Edouard Philippe. Là, on trouve une forme d’expression ancrée dans les territoires, pragmatique, parlant à la population. Edouard Philippe avant un talent oratoire et d’analyse extraordinaire. Là, c’est "je colle au terrain, je colle à la France". C’est un discours plus IIIe République, ou plutôt plus proche des gens que celui d’Edouard Philippe ». Autre point, qui était un peu le passage obligé : « Un discours très flatteur à l’égard du Parlement », ajoute François Patriat. Son discours terminé, Jean Castex a d’ailleurs pu « faire des photos avec tout le monde. Il est très simple et très accessible » constate le président de groupe. Le premier ministre a la fibre de l’élu local au contact facile.

Si le discours était court, il y a eu quelques messages, qu’a bien notés le député LREM Didier Paris. « Pour lui, "on doit montrer l’exemple de notre unité pour mieux rechercher celle de la Nation" » relate le député de Côte-d’Or. « Il a affirmé qu’il fallait "renouer les liens avec les corps intermédiaires", "renforcer les liens avec les territoires de la République". Il a aussi dit : "Je veux tendre vers une société dans laquelle l’ascenseur républicain, dont je suis l’illustration, doit fonctionner" » selon Didier Paris. Autre propos du premier ministre :

J’ai une seule boussole, l’efficacité. Nos concitoyens attendent des résultats.

Il justifie le peu de changements au gouvernement

Jean Castex a rapidement évoqué les nominations au sein de son nouveau gouvernement, où beaucoup de ministres sortants se retrouvent de nouveau sur la feuille de match. On fait mieux pour un nouveau souffle. Le premier ministre a semblé se justifier, sur ce point. « Il a dit en substance, que « vous vous attendiez peut-être à plus de renouvellement, mais c’est une équipe qui se base sur l’expérience. Et le changement de premier ministre, c’est déjà un gros changement » » raconte Didier Paris. Autrement dit, c’est surtout lui, personnalité inconnue, qui incarne ce nouveau souffle… On comprend qu’aucune tête ne doit vraiment dépasser, pour ne pas faire d’ombre à un Emmanuel Macron qui a déjà 2022 dans le viseur.

En tout état de cause, l’opération qui visait à resserrer les liens de la majorité a visiblement fonctionné. « C’est bien que la première adresse du premier ministre se fasse en direction des parlementaires. Ça montre qu’il considère les députés et sénateurs comme des rouages importants de la démocratie. Et pour les sénateurs, tous les propos qu’il a tenus sur les territoires étaient assez enthousiasmants » apprécie Frédéric Marchand, sénateur LREM du Nord, qui note qu’« après, il a pris le temps de discuter avec les uns et les autres. Il a fait le job ». Il ajoute :

Ce n’est pas de la câlinothérapie. Mais on est toujours content quand on a un petit coup de boost, qu’on est remotivé.

« La grande majorité des parlementaires ne connaît pas le premier ministre »

« C’était un moment de rencontre. Car la grande majorité des parlementaires ne connaît pas le premier ministre », rappelle Laurent Saint-Martin, rapporteur du Budget à l’Assemblée, « c’était l’occasion de se saluer, déjà, un moment convivial ». Pour le député LREM du Val-de-Marne, « ça lance bien la dynamique autour du nouveau premier ministre ». Pour ne pas dire relance.

« Il a eu des mots chaleureux. Pas de gros contenu politique, plutôt des propos de chaleur humaine » confirme Alain Richard, sénateur LREM du Val-d’Oise, qui a retenu cependant davantage un point : « Il a parlé de sa détermination pour la laïcité et la République ». 

« On sent que c’est quelqu’un d’autoritaire »

Le sénateur LREM de Dordogne, Bernard Cazeau, a apprécié son « discours d’homme du sud, avec un accent. Moi qui suis du sud, de Dordogne, c’est comme ça que je l’ai ressenti ». Le sénateur relève sa « volonté de garder l’unité. Le chef, c’est le premier ministre, il doit se faire respecter et être capable de coordonner les choses ».

Une certaine forme de chaleur dans la forme qui cacherait en réalité un goût pour l’ordre ? C’est le sentiment de la sénatrice du Cantal, Josiane Coste, membre du groupe RDSE du Sénat. « On sent que c’est une main de fer dans un gant de velours… La main de fer, c’est vraiment l’impression première. Incontestablement, c’est un homme qui sait où il veut aller », qui « veut vraiment que ça marche droit ». Et de conclure : « On sent que c’est quelqu’un d’autoritaire ». La chaleur, ça brûle parfois.

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