« À Mulhouse, c’est une course contre la montre »
Face à la progression de l’épidémie de Covid-19, les sénateurs du Haut-Rhin et du Bas-Rhin décrivent une situation dramatique.

« À Mulhouse, c’est une course contre la montre »

Face à la progression de l’épidémie de Covid-19, les sénateurs du Haut-Rhin et du Bas-Rhin décrivent une situation dramatique.
Public Sénat

Par Fabien Recker

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165 nouveaux cas sur la seule journée de lundi et 6 nouveaux décès. En avance sur le reste du territoire, la région Grand Est est frappée de plein fouet par l’épidémie du Covid-19. “On a un nombre important de personnes contaminées, qui ne cesse de croître chaque jour, des capacités de réanimation saturées dans le Haut-Rhin, et très largement occupées dans le Bas-Rhin” indiquait mardi matin sur France Inter la préfète du Grand Est et Bas-Rhin Josiane Chevalier.

À Mulhouse, dans le Haut-Rhin, l'hôpital est débordé. La ville est l’un des principaux foyers de contamination, depuis qu’un rassemblement évangélique fin février avait causé l’infection de 10 personnes. La situation se dégrade très vite, tant par le nombre de malades que par la gravité des cas. "Depuis trois jours, nous sommes submergés par un flux incessant de patients avec des critères d'hospitalisation" écrivait lundi 16 mars le docteur Marc Noizet, directeur des urgences de l'hôpital, dans un message adressé à ses confrères. "L'ouverture des lits COVID ne suffit plus, l'établissement est quasi à bout des moyens qu'il peut déployer".

"Le premier souci à Mulhouse, c’est de libérer des lits, le deuxième souci, c’est que les transferts vers Nancy ou Strasbourg se passent dans les meilleures conditions” explique Jean-Marie Bockel. Ancien maire de la ville et membre du conseil de surveillance de l'hôpital, le sénateur du Haut-Rhin suit de près la situation. Il tient à rassurer : si les capacités d'accueil à Mulhouse sont saturées, tout le monde peut encore être soigné, en transférant des malades vers d’autres hôpitaux en Alsace ou dans d’autres régions. “Ce matin même, des hélicoptères du service de Santé des Armées sont en train d’opérer un transfert des malades graves et jeunes” indiquait le ministre de la santé Olivier Véran mardi matin sur France Inter. Une évacuation sanitaire militaire depuis Mulhouse vers Toulon doit avoir lieu mercredi. “Pour le moment ils n’en sont pas encore à faire le tri des personnes que l’on pourra soigner” poursuit Jean-Marie Bockel.  “On n’en est pas là. Mais comme le pic n’est pas atteint, ça fait craindre que dans les prochains jours on y soit. C’est une course contre la montre.”

"Ça tient mais c’est très limite"

Si le Haut-Rhin est saturé, ce n’est pas encore le cas des hôpitaux dans le Bas-Rhin. Le département comptabilisait 354 cas positifs lundi 16 mars. À Strasbourg, le Plan Blanc déclenché lundi soir doit permettre aux hôpitaux de se réorganiser rapidement pour faire face à l’afflux de malades. “Ça tient mais c’est très limite” alerte le sénateur du Bas-Rhin Jacques Bigot. “On a beaucoup de gens de Strasbourg qui sont allés au rassemblement évangélique de Mulhouse et qui ont été contaminés. Strasbourg doit répondre aux demandes de soutien de Mulhouse et de Colmar, où les capacités en réanimation ne pouvaient plus répondre”. Le sénateur espère que l'hôpital militaire de campagne promis lundi par Emmanuel Macron et qui doit se déployer à Mulhouse va soulager l’ensemble des hôpitaux alsaciens. Il devrait permettre d'accueillir une trentaine de malades en réanimation selon le ministre de la santé.

La députée européenne et ancienne sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller s’inquiète de son côté des personnes en maison de retraite, “un problème moins médiatisé que l’hôpital”. “Il y a des maisons de retraite touchées par le virus, ce qui implique une prise en charge très complexe des personnes. Nous sommes concernés comme tous les départements et les territoires ruraux”. L'ancienne sénatrice observe en revanche que la solidarité se met en place à Strasbourg, où “des restaurateurs ont proposé de donner leurs stocks à des habitants”. Et se félicite de l’attitude responsable de ses concitoyens, “peut-être plus sensibilisés ici que dans le reste du pays parce que nous avons eu l’épidémie avant les autres”. Jacques Bigot est moins élogieux à l’égard des habitants de Strasbourg : “Encore ce matin, les marchés étaient maintenus, et on observait que les gens se comportaient comme si de rien n’était…  C’est ce problème civique qui est l’une des grandes difficultés”.

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