A Villers-Cotterêts (Aisne), Franck Briffaut, le RN assumé

A Villers-Cotterêts (Aisne), Franck Briffaut, le RN assumé

Militant historique du Front national depuis 1977, nostalgique de son fondateur Jean-Marie Le Pen, le maire RN de Villers...
Public Sénat

Par Lise VERBEKE

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Militant historique du Front national depuis 1977, nostalgique de son fondateur Jean-Marie Le Pen, le maire RN de Villers-Cotterêts (Aisne), qui brigue un deuxième mandat en mars, assume aujourd'hui clairement étiquette et héritage.

Révolue, ainsi, l'époque des municipales de 2014, où, il a "dû aller chercher (ses) adjoints à la fourchette à escargot car assumer l’étiquette FN n’était pas simple", "le parti" étant "diabolisé", raconte à l'AFP le maire.

"Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont venues d’elles-mêmes", assure cet ancien militaire devenu ensuite ingénieur dans le génie militaire, portant deux pin's sur sa veste, insigne parachutistes et flamme frontiste.

Le score de la liste de Jordan Bardella aux européennes de mai, en tête dans sa commune avec 15 points au-dessus de la moyenne nationale, lui donnerait-il les coudées plus franches?

Il y a "un contexte favorable", dit-il, pour "appliquer les idées du RN à l’épreuve du réel". Se battant par exemple pour la "préférence communale face à l’intercommunalité, une usine à gaz", il trace d'ailleurs le parallèle avec la préférence nationale chère à son parti.

Dès le début de son mandat, il supprime ainsi les subventions à la Ligue des droits de l'Homme et la CGT, jugées "politiques et partisanes", et impose une "charte de neutralité politique" pour des évènements culturels.

"De la censure pure et simple", s'alarment ses opposants. Il refuse aussi un temps de participer aux commémorations de l’abolition de l’esclavage, dans la ville du général Dumas, né esclave, par refus d'une "autoflagellation permanente", avant de se raviser.

Mais "à part cela, il n’a rien fait", lance désabusé un conseiller de l’opposition, qui refuse de jouer encore le rôle de "potiche" et ne se représente pas. "On dirait qu’il a eu peur de faire des bêtises", ajoute un élu socialiste.

- "Bon petit soldat" -

Pour Jeanne Doyez Roussel, suppléante du député axonais LREM Jacques Krabal et qui se présente sans étiquette, "la ville n’a jamais été aussi sale, les bâtiments publics ne sont pas entretenus, le centre-ville est à l’abandon".

Même sur le plan de la sécurité, "rien n’a évolué", dénonce l’opposition socialiste, "alors que l’on aurait pu s’attendre à ce qu’il agisse, dans la droite ligne du RN". Seules trois caméras de vidéosurveillance sur une dizaine fonctionnent depuis six ans, souligne le PS.

Si ses adversaires lui concèdent une baisse des impôts locaux "symbolique" d’un point en 2014, 2015 et 2020, elle a été compensée par l’augmentation de la cantine pour les plus bas revenus, dans une commune comptant 19% de chômeurs et 60% de ménages non-imposables.

Une hausse "de 10 centimes seulement", balaie l’intéressé, "les chômeurs mettaient leurs enfants à la cantine car c’était moins cher. Il faut arrêter la démagogie et je l’assume". Tout comme il revendique de "se prémunir de l’arrivée de populations défavorisées de région parisienne", en augmentant les loyers des logements sociaux, qui composent déjà "plus de 30%" du parc.

Ses opposants lui reconnaissent "une fine intelligence" et une présence importante sur le terrain. "Trop peut-être, ce n’est pas le rôle d’un maire de suivre les patrouilles de police", raille un conseiller municipal de gauche.

Ce père de quatre enfants, remarié après un divorce et qui se décrit comme "bon petit soldat", élevé par un père militaire de carrière, aime en tout cas à rappeler que jadis, il a été chargé par Jean-Marie Le Pen de remettre de l’ordre dans le parti et de faire respecter la doctrine, "pour tenir les troupes".

"Il ne faut pas oublier qu’il a toujours adhéré aux idées de Jean-Marie Le Pen", relève l'ancien maire PS Jean-Claude Pruski. L'intéressé loue d'ailleurs encore aujourd’hui "la clairvoyance et le courage politique qu’aucun homme n’a eus dans la seconde moitié du XXe siècle".

"Si je ne suis pas réélu, personnellement, ce ne sera pas le drame de ma vie", conclut-il, concédant du bout des lèvres que ce serait un échec vis-à-vis de son parti, qui l’érige souvent en exemple. Déjà courtisé plusieurs fois par Marine Le Pen pour reprendre des fonctions d'encadrement dans le parti, Franck Briffaut ne craint pas pour son avenir.

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