Accidents médicaux: la Cour des comptes pointe les « défaillances » de l’indemnisation
Gestion "laxiste", délais trop longs, rejets de dossiers au détriment des victimes, et autres "graves" ou "lourdes défaillances":...

Accidents médicaux: la Cour des comptes pointe les « défaillances » de l’indemnisation

Gestion "laxiste", délais trop longs, rejets de dossiers au détriment des victimes, et autres "graves" ou "lourdes défaillances":...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Gestion "laxiste", délais trop longs, rejets de dossiers au détriment des victimes, et autres "graves" ou "lourdes défaillances": la Cour des comptes dresse un tableau noir de l'activité de l'Oniam, l'établissement public censé faciliter l'indemnisation à l'amiable des victimes d'erreurs médicales et d'accidents médicaux.

"En l'état actuel de sa gestion, il serait aventureux" de lui "confier la mission d'indemniser les victimes de la Depakine dont l'ampleur et les enjeux seraient encore plus important que dans l'affaire du Mediator", assène la Cour dans son rapport paru mercredi.

Créé par la loi Kouchner de 2002 sur les droits des malades, et placé sous tutelle du ministère de la Santé, l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam), des affections iatrogènes (dues aux traitements) et des infections nosocomiales (contractées lors d'un acte médical) a pour mission "d'organiser le dispositif d'indemnisation – amiable, rapide et gratuit - des victimes" sans passer par une procédure en justice. Il prend en charge le Mediator (laboratoire Servier), ou encore des victimes de l'hépatite C de contaminations anciennes par transfusion.

- 'Un dispositif en échec' -

Le dispositif devait être "simple, objectif et rapide". "Les résultats sont très loin de ces objectifs", selon le rapport qui parle d'"un dispositif en échec", de "mise en oeuvre dévoyée" et d'"une remise en ordre impérative".

L'organisme, qui rejete "8,5%" des avis favorables d'indemnisation de commissions régionales, est de plus en plus contesté : entre 2011 et 2015, le taux de contestation de ces décisions est passé de 11% à 17%.

Le rapport relève des délais d’indemnisation qui s'allongent, "les procédures de l’Oniam ont une durée moyenne de 2 ans 9 mois".

La Cour s'étonne de l'argent à recouvrer mais qui n'est pas récupéré auprès des assureurs, des professionnels de santé ou des hôpitaux, de l'AP-HP (créance de 4,3 M€ abandonnés "à tort") ou encore auprès du laboratoire Servier (40.000 € d'expertises réalisées dans le cadre de la gestion du Mediator). Au passage, elle relève que "des cartons de pièces justificatives non ouverts ont été retrouvés et ont à peine commencé à être exploités".

Pour 2011-2015 sur 49,5 millions d'euros, "près de 30" n'avaient pas donné lieu à une démarche de recouvrement auprès des assureurs.

Ainsi "l'examen des états financiers fait apparaître un défaut d'enregistrement d'un total de créances supérieur à 92 millions d'euros (dont 17,5 millions en instance d'examen pour l'hépatite C, 11,6 en suspens et 29 non identifiés).

D'ailleurs, le système d'information de l'Oniam est "onéreux, inadapté et inefficace" et ne permet pas d'informer correctement ses administrations de tutelle sur son activité (dossiers d'indemnisation, état des recouvrements...).

Le gouvernement est "pleinement mobilisé pour réformer l'Oniam et renouveler sa gouvernance" et les "dysfonctionnements" identifiés ont fait l'objet d'une réponde immédiate, assure le Premier ministre dans sa réponse jointe au rapport.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : Statement on national defence at National Assembly
6min

Politique

Budget : après la loi spéciale, la perspective du recours au 49-3 se dessine

Sébastien Lecornu a acté le recours à une loi spéciale, présentée ce soir en Conseil des ministres. Mais cette solution ne peut être que temporaire, a rappelé le Premier ministre aux représentants des groupes parlementaires qu’il a reçus ce lundi. L’équation impossible demeure : comment faire adopter un budget sans majorité et sans recourir au 49-3 ?

Le

Accidents médicaux: la Cour des comptes pointe les « défaillances » de l’indemnisation
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le