Accord entre députés et sénateurs pour réduire les ordonnances du gouvernement
Assemblée et Sénat sont parvenus à un accord en commission mixte paritaire sur le projet de loi « relatif à diverses dispositions liées à la crise sanitaire ». Le nombre d’ordonnances passe au final de 40 à 10, comme le souhaitaient les sénateurs, qui ont eu gain de cause sur plusieurs sujets.

Accord entre députés et sénateurs pour réduire les ordonnances du gouvernement

Assemblée et Sénat sont parvenus à un accord en commission mixte paritaire sur le projet de loi « relatif à diverses dispositions liées à la crise sanitaire ». Le nombre d’ordonnances passe au final de 40 à 10, comme le souhaitaient les sénateurs, qui ont eu gain de cause sur plusieurs sujets.
Public Sénat

Par François Vignal et Jonathan Dupriez

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Députés et sénateurs se sont entendus ce mardi sur le projet de loi « relatif à diverses dispositions liées à la crise sanitaire », un texte qualifié par tous de « fourre-tout ». « Il y a eu un accord, la commission mixte paritaire (CMP) est conclusive » annonce le sénateur LR René-Paul Savary, l’un des rapporteurs du texte.

Alors que le gouvernement prévoyait un large nombre d’ordonnances, qui permettent de légiférer en se passant du Parlement, celles-ci ont été réduites. Face aux 40 ordonnances de départ, les députés en avaient déjà baissé le nombre à 24, puis les sénateurs à 10. En CMP, cet équilibre a été conservé, à la satisfaction des sénateurs, à commencer par Muriel Jourda, rapporteure LR pour la partie concernant la commission des lois.

« C’est une victoire parlementaire que de conserver nos prérogatives »

« C’était le sixième projet de loi que nous examinions pendant l’état d’urgence, et le sixième projet de loi où nous arrivons à trouver un accord, avec le gouvernement, mais je dirais surtout avec nos collègues de l’AN », a réagi à la sortie de la CMP Muriel Jourda.

« C’est un texte qui partait d’une quarantaine d’habilitations à légiférer par ordonnance que nous demandait le gouvernement. Et le but du Parlement, c’est de faire le travail et ne pas déléguer son travail au gouvernement. Donc nous sommes arrivés à une dizaine d’habilitations, c’est une réduction drastique commencée à la l’Assemblée, qui s’est poursuivie au Sénat, je pense que c’est déjà une victoire parlementaire que de conserver nos prérogatives et le travail que nous avons à faire sans dire au gouvernement : “faites le travail à notre place” » salue la rapporteure, « cet apport-là est important ».

« La version du Sénat a été très grandement conservée »

« Comme disait le président de la commission des lois, Philippe Bas, avec beaucoup d’ironie, l’administration sera contente que nous ayons fait en quelques jours ce que le gouvernement proposait de faire en six mois » par ordonnances, sourit Muriel Jourda.

Globalement, la rapporteure du texte ne cache pas sa satisfaction. « Vous verrez en regardant le texte que la version du Sénat a été très grandement conservée, l’inscription en clair dans la loi est un apport fondamental. (…) En réalité, dans le cadre de la CMP, nous faisons en sorte de limiter ce qui paraît devoir être limité, et de promouvoir ce qui nous paraît devoir être promus ». Muriel Jourda ajoute :

Nous avons globalement réussi à circonscrire l’action du gouvernement, autant dans les délais, que sur les matières qui sont concernées.

Restriction de l’extension de l’expérimentation des cours criminelles

Dans le détail, députés et sénateurs ont trouvé un accord pour restreindre l’extension de l’expérimentation des cours criminelles. « Les cours criminelles sont des assises sans jury, ce qui est une atteinte assez forte à ce qu’est le droit français depuis la Révolution quasiment sans interruption... Le droit est rendu au nom du peuple Français, justice est rendue au nom du peuple français. Et en l’occurrence, le peuple français ne sera plus dans ces Cour d’assises, précisément dans ces Cours criminelles. L’expérimentation était à 10, il y en avait 9 qui étaient mises en oeuvre, le gouvernement en voulait 30. Nous estimions que ça n’était pas pour une expérimentation, mais que ça devenait en réalité, une politique de remplacement des Cour d’Assises à des fins de gestion de stocks. Une justice efficace et rapide, c’est essentiel, et le stock ne doit pas durer. Ça reste une expérimentation et nous avons accepté 18 cours criminelles ce qui nous paraissaient encore relever de cette technique d’expérimentation » explique Muriel Jourda. 

Report du registre des lobbys pour les élus locaux d’un an

Concernant le report de deux ans de la création du registre des lobbys pour les élus locaux, mesures votées par le Sénat contre l’avis du gouvernement, un accord a été trouvé avec les députés pour reporter la mesure « d’un an » explique Muriel Jourda. « On s’est mis d’accord pour voir que c’était compliqué pour la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) ». La sénatrice souligne les changements que cela implique, en passant de « 11.000 à 19.000 personnalités publiques concernées. Et le nombre d’entités inscrites augmentera de 75%, de 1.874 aujourd’hui à plus de 3.200. Le travail a commencé mais il est titanesque pour la HATVP, qui n’y arrive pas. On a donc mis un an de plus ».

La CMP a permis également d’encadrer et de mieux limiter dans le temps les habilitations liées au Brexit ainsi qu’au dépôt sur le compte du Trésor des disponibilités des entités soumises à la comptabilité publique et des organismes chargés d’une mission de service public. Une demande du Sénat. Sont exclus de la liste les organismes publics relevant des collectivités territoriales, les organismes sociaux et les caisses de règlements pécuniaires des avocats. « Cela est un apport que de préciser quelle sera la matière, et le périmètre de la matière dans lequel le gouvernement interviendra », souligne Muriel Jourda.

Prise en compte de l’activité partielle pour les indépendants

Pour ce qui concerne la commission des affaires sociales, « il y a la prise en compte de l’activité partielle de tous ceux qui sont indépendants, notamment ceux rattachés à une activité, comme la filière restauration par exemple » explique René-Paul Savary. Le Sénat a aussi été entendu sur « les trimestres de retraite liés à l’activité partielle, pour qu’ils soient pris en compte, mais de manière limitée à la période de la crise. Avant de l’inscrire dans le Code de la Sécurité sociale, il faut une étude d’impact. On a véritablement fait en sorte que ce soient des mesures dérogatoires limitées à la période de crise » ajoute le sénateur de la Marne.

Autres apports du Sénat retenus en CMP : une meilleure gestion des fonds de commerce pour les entreprises en difficulté, l’allongement d’expérimentations pour favoriser l’insertion des agents handicapés dans la fonction publique ou le report de la caducité des règlements locaux de publicité.

Partager cet article

Dans la même thématique

Accord entre députés et sénateurs pour réduire les ordonnances du gouvernement
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Accord entre députés et sénateurs pour réduire les ordonnances du gouvernement
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le