Affaire Benalla: le débat s’enflamme pour la reprise des travaux du Sénat
La commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla reprend ses travaux sur les chapeaux de roue mercredi, après une journée d'éclats de...

Affaire Benalla: le débat s’enflamme pour la reprise des travaux du Sénat

La commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla reprend ses travaux sur les chapeaux de roue mercredi, après une journée d'éclats de...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT, Jean-Louis PREVOST

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

La commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla reprend ses travaux sur les chapeaux de roue mercredi, après une journée d'éclats de voix qui lui a permis d'obtenir l'audition à venir de l'ex-chargé de mission d'Emmanuel Macron.

En attendant ce rendez-vous prévu a priori pour le 19 septembre, la commission, qui tente de déterminer quel était exactement le rôle et l'étendue des fonctions d'Alexandre Benalla à l'Elysée, doit auditionner le chef de cabinet du président et le commandant militaire de l'Elysée.

M. Benalla, mis en examen pour des violences contre un manifestant le 1er mai à Paris, a annoncé mardi soir qu'il était "contraint" de se rendre devant la commission sénatoriale, pour éviter des "poursuites judiciaires", dans un communiqué transmis à l'AFP.

Un refus de se présenter est punissable de deux ans d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

"Je suis dans la transparence la plus totale. Je n'ai rien à cacher", a-t-il assuré à l'AFP. Mais, avertit-il, dans son communiqué, "je ne pourrai répondre à aucune question concernant les faits dont la justice est saisie".

Et "je ne pourrai pas non plus répondre aux questions dont la réponse supposerait de violer le secret de la défense ou le secret professionnel auxquels je suis lié".

Il avait fait savoir dans la journée qu'il n'entendait pas être auditionné par cette commission en raison de la "séparation des pouvoirs". Une fin de non recevoir qui avait déclenché la colère de la commission.

D'abord, Alexandre Benalla sera bien convoqué "prochainement", a annoncé à l'AFP Philippe Bas, président de la commission d'enquête du Sénat. "Il est très probable que ce sera le 19", a de son côté précisé sur CNews Jean-Pierre Sueur (PS), corapporteur de la commission.

Le président de la commission des lois du Sénat Philippe Bas, le 31 juillet 2018 à Paris
Le président de la commission des lois du Sénat Philippe Bas, le 31 juillet 2018 à Paris
AFP/Archives

Ensuite, "il n’appartient pas aux personnes convoquées pour être auditionnées de décider de se présenter ou non à cette convocation", a tonné M. Bas. "Je peux le faire chercher par huissier", a-t-il menacé sur Public Sénat.

La garde des Sceaux elle-même est intervenue dans le débat, relevant qu'"il ne peut pas y avoir d'interférences" entre une commission d'enquête et une information judiciaire. "C'est la raison pour laquelle Alexandre Benalla n'a pas encore répondu à la commission d'enquête du Sénat", a déclaré Nicole Belloubet à Tours, s'attirant une réponse cinglante de M. Bas.

"J'ignorais que [Mme Belloubet] était le conseil juridique de monsieur Benalla", a-t-il ironisé.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a lui aussi invoqué "le B.A.BA de la séparation des pouvoirs", s'attaquant au président de la commission. "M. Bas fait sa campagne politique personnelle depuis des semaines sur le sujet", a-t-il accusé sur RTL.

- "Rôle exact" -

Mercredi, la commission attend du chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch, qu'il l'éclaire "sur le rôle exact de M. Benalla" à l'Elysée.

Il était "l'employeur le plus direct" d'Alexandre Benalla, qui occupait le poste d'"adjoint au chef de cabinet", son rôle étant de coordonner "des services qui concourent aux déplacements officiels du président de la République".

Les protagonistes de l'affaire Benalla
Galaxie des personnes présumées impliquées dans l'affaire Benalla, du nom de l'ex-collaborateur de l'Elysée qui a frappé un manifestant lors du 1er mai, actualisée avant le reprise des auditions du Sénat mercredi.
AFP

Elle cherche à déterminer si M. Benalla n'a pas en fait rempli une fonction de protection personnelle du chef de l'Etat, ce qui "apparaît vraisemblable", alors que cette tâche sensible incombe à des unités d'élite de la police et de la gendarmerie.

Les sénateurs entendront également le général Eric Bio-Farina, commandant militaire de l'Élysée, qui a déjà été auditionné en juillet par la défunte commission d'enquête de l'Assemblée nationale.

M. Benalla était "une sorte de facilitateur de la sécurité", selon le commandant militaire, sans en être "en charge". "Il ne pouvait pas intervenir dans les processus de sécurité", avait-il martelé.

Troisième et dernière audition au programme mercredi, celle de Maxence Creusat, commissaire de police à la direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris.

Ce responsable de la police "a été en contact avec M. Benalla bien avant le 1er mai et après le 1er mai", a relevé M. Bas. Il est donc à même de "savoir exactement ce qu'il faisait dans l'appareil d'Etat et s'il y a eu confusion entre la présidence de la République (...) et le fonctionnement de l'administration".

La commission des Lois sénatoriale, dotée des prérogatives d'une commission d'enquête pour six mois, entend bien se donner le temps pour connaître "la réalité des faits", mettre au jour d'éventuels dysfonctionnements des institutions et faire des recommandations pour qu'ils ne se reproduisent pas.

Pour sa part le député LR Guillaume Larrivé, ancien corapporteur de l'éphémère commission d'enquête de l'Assemblée, ne souhaite pas "passer le réveillon" sur ce sujet, et a exhorté mardi à se concentrer sur "la vie quotidienne des Français".

jlp-vm-jmt-ib/sma

Partager cet article

Dans la même thématique

PARIS , LES CANDIDATS REMI FERAUD ET EMMANUEL GREGOIRE
8min

Politique

« Force du dégagisme », « fin de cycle » et « bataille de chiens » à venir : les socialistes font le bilan, après la victoire d’Emmanuel Grégoire face à Rémi Féraud

La victoire d’Emmanuel Grégoire, dès le premier tour, lors de la primaire PS qui l’opposait au sénateur Rémi Féraud s’explique notamment par « la volonté de tourner la page Hidalgo » chez les militants, mais aussi le poids des rapports de force issus du congrès PS ou la « dérive clanique » autour de la maire sortante.

Le

SIPA_01206229_000010
6min

Politique

Programmation de l’énergie : en commission, les sénateurs ne reprennent pas le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque

En commission des affaires économiques, les sénateurs ont adopté la proposition de loi sénatoriale, dite Gremillet, qui avait été passablement dénaturée par des amendements des députés LR et RN, puis finalement rejetée par l’Assemblée nationale. Le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque ou encore la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim ne figurent plus dans le texte adopté en commission pour une deuxième lecture prévue la semaine prochaine.

Le

Affaire Benalla: le débat s’enflamme pour la reprise des travaux du Sénat
3min

Politique

Loi Duplomb : un texte qui permet « de mettre les agriculteurs français au même niveau que les agriculteurs européens », assure son auteur

Ce mardi, Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, auteur du texte « visant à lever les contraintes sur le métier d’agriculteur », était invité sur la matinale de Public Sénat. Il a évoqué l’accord trouvé en commission mixte paritaire sur sa proposition de loi, ainsi que les critiques qu’elle suscite, notamment en ce qui concerne la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018.

Le

Affaire Benalla: le débat s’enflamme pour la reprise des travaux du Sénat
2min

Politique

Canicule : « La vigilance rouge ne concerne pas que les publics les plus fragiles, elle concerne tout le monde », déclare François Bayrou

Alors que la France fait face à un épisode caniculaire, François Bayrou, accompagné de Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Retailleau s’est rendu ce mardi au centre opérationnel de gestion des crises du ministère de l’Intérieur. L’objectif était de faire état de l’ensemble des mesures prises pour faire face à cette vague de chaleur.

Le