Affaire Benalla: Macron garde le silence mais la pression monte
Depuis le début de l'affaire Benalla, plus grave crise politique qu'il traverse depuis le début du quinquennat, Emmanuel Macron garde le silence...

Affaire Benalla: Macron garde le silence mais la pression monte

Depuis le début de l'affaire Benalla, plus grave crise politique qu'il traverse depuis le début du quinquennat, Emmanuel Macron garde le silence...
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Par Jérôme RIVET

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Depuis le début de l'affaire Benalla, plus grave crise politique qu'il traverse depuis le début du quinquennat, Emmanuel Macron garde le silence, mais les appels se multiplient dans la classe politique pour qu'il s'explique.

L'Elysée n'a donné aucune indication sur une éventuelle prise de parole du président. Il devait passer le week-end à travailler à Paris ou à La Lanterne, la résidence présidentielle située en marge du parc de Versailles.

Aux yeux d'une source proche de l'exécutif, de par les différentes enquêtes lancées par la justice, le Parlement ou l'IGPN (la police des polices), "tous les leviers ont été actionnés" et il n'est donc "pas nécessaire" que le président s'exprime "dans l'immédiat" au sujet de son ex-collaborateur Alexandre Benalla, en garde à vue pour des violences le 1er mai.

Mais une source dans la majorité, sidérée par la brève communication du porte-parole de l'Elysée jeudi, pense qu'"il aurait fallu communiquer vite et clairement pour tenter au moins d'enrayer l'affaire". Ce silence au sommet de l'Etat est d'autant plus dommageable que "les télés en continu tournent en boucle avec ça".

"Plus longtemps il se tait, plus cela alimente les interrogations", pressait un député d'opposition. "En gestion de crise, ils ont coché toutes les cases" pour un ratage, jugeait un autre.

Les ténors ont accru samedi la pression sur le chef de l'Etat. Pour le président de LR Laurent Wauquiez, Alexandre Benalla "rendra des comptes à la justice, mais Emmanuel Macron, lui, va devoir rendre des comptes aux Français".

Il a listé au Figaro les questions qui se posent au chef de l'Etat: "Qui était au courant? Quand? Pourquoi la justice n'a-t-elle pas été saisie? Pourquoi a-t-on été jusqu'à instrumentaliser la police pour étouffer l'affaire? De quels secrets Benalla est-il le détenteur pour avoir été ainsi protégé?".

- "Watergate" -

Alexandre Benalla à l'arrivée des Bleus à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle le 16 juillet 2018
Alexandre Benalla à l'arrivée des Bleus à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle le 16 juillet 2018
AFP/Archives

Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a jugé l'affaire "du niveau du Watergate", qui avait conduit à la démission du président américain Richard Nixon, quand Marine Le Pen a vu "autant de mensonges de la part du gouvernement, un mensonge par omission en quelque sorte de la part du président de la République, qu'il y en avait dans l'affaire du Watergate".

"Le mutisme" du président transforme l'affaire Benalla en "scandale d'Etat", a aussi insisté la présidente du Rassemblement national (ex-FN) samedi soir sur BFMTV.

"Le président de la République devra obligatoirement parler aux Français, à la télévision", a assuré devant la presse Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France).

Face à ce qui est déjà dénoncé par certains comme un "scandale d'Etat", Gilles Le Gendre, porte-parole des députés LREM, accuse l'opposition d'"instrumentaliser cette affaire" parce que ses représentants ""n'ont toujours pas digéré la défaite cuisante" dans les urnes il y a un an.

Pour l'exécutif, il s'agit dans l'immédiat de préparer les auditions très attendues des prochains jours, en premier lieu celle de Gérard Collomb devant la commission des Lois de l'Assemblée lundi.

D'après M. Mélenchon, "le ministre de l’Intérieur est déjà disqualifié" et "bien sûr qu’il va démissionner et il ne sera pas le seul".

"Aucun fusible ne fera oublier que tout a été piloté depuis l'Élysée", tonne M. Wauquiez.

Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a montré à plusieurs reprises qu'il n'aimait pas réagir sous la pression, notamment médiatique ou partisane.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à l'Assemblée Nationale le 13 juin 2018
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à l'Assemblée Nationale le 13 juin 2018
AFP/Archives

Mais il a aussi fait évoluer sa communication ces derniers mois, passant d'une parole rare à une expression beaucoup plus fréquente, notamment lors de ses déplacements.

Lors de sa visite jeudi en Dordogne, il a refusé de répondre aux nombreuses questions des journalistes lui demandant de réagir aux révélations du quotidien Le Monde.

"La République est inaltérable!", a-t-il seulement lâché en réponse à un journaliste qui lui demandait si la République n'était pas "entachée" par cette affaire.

Certains dans la majorité espèrent encore que la fièvre retombera d'ici aux vacances de l'exécutif, prévues après le Conseil des ministres du vendredi 3 août. En attendant, Emmanuel Macron doit notamment se rendre la semaine prochaine sur une étape du Tour de France, puis en Espagne et au Portugal.

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