Affaire Benalla: paralysie inédite de l’Assemblée, les séances houleuses se multiplient
Nouvelle journée inédite de paralysie vendredi à l'Assemblée, avec un projet de révision constitutionnelle victime collatérale de l'affaire...

Affaire Benalla: paralysie inédite de l’Assemblée, les séances houleuses se multiplient

Nouvelle journée inédite de paralysie vendredi à l'Assemblée, avec un projet de révision constitutionnelle victime collatérale de l'affaire...
Public Sénat

Par Anne-Pascale REBOUL et Fabrice RANDOUX

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Nouvelle journée inédite de paralysie vendredi à l'Assemblée, avec un projet de révision constitutionnelle victime collatérale de l'affaire Benalla - droite et gauche réclamant au préalable d'entendre Edouard Philippe - et une commission d'enquête qui n'a pu commencer ses travaux.

"Le boycott devient un principe de fonctionnement chez vous. Vous voulez bordelliser le travail parlementaire", a lancé aux oppositions de droite et de gauche le président du groupe majoritaire LREM Richard Ferrand avant que la séance ne soit levée vers 23H15.

Les députés venaient d'apprendre que le bureau de la commission des Lois, dotée de pouvoirs d'enquête pour l'affaire Benalla, avait échoué à se mettre d'accord vendredi soir sur un programme d'auditions.

En conséquence, la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet (LREM) a décidé de convoquer la commission dans son ensemble samedi à 09H30 pour essayer de trouver un nouvel accord, la séance devant reprendre en théorie à 10H30 pour poursuivre le débat des 1.470 amendements restant sur le projet de loi constitutionnelle dont plus personne n'ose pronostiquer la fin de l'examen.

Lors de ce bureau, la majorité a proposé que Gérard Collomb soit entendu lundi matin, après un week-end consacré comme prévu au débat sur le projet de loi constitutionnel, alors que les oppositions ont exigé que le ministre de l'Intérieur soit entendu dès samedi matin.

Elle a également souhaité que seule l'audition du ministre soit publique, estimant le huis-clos préférable pour les autres auditions (fonctionnaires de police, etc) "pour obtenir la manifestation de la vérité" selon Mme Braun-Pivet, ce qu'ont rejeté les oppositions de droite et de gauche.

Le co-rapporteur de la commission, le LR Guillaume Larrivé a jugé que "ce n'était pas possible" d'attendre jusque lundi matin pour l'audition de Gérard Collomb, parlant de "dizaines d'heures de travail devant nous". "Ces auditions doivent avoir un caractère public", a insisté M. Larrivé, tout comme Ugo Bernalicis (LFI).

"La majorité ne peut pas décider seule des conditions d'enquête, l'Assemblée est en train de se suicider", a jugé le président du groupe UDI-Agir Jean-Christophe Lagarde.

La majorité a été accusée par le socialiste David Habib "de se raidir à l'idée d'auditionner des personnalités proches du président de la République" et par le communiste Stéphane Peu "de vouloir tuer dans l'oeuf cette commission".

"Vous avez envie de bloquer, assumez-le", leur a répondu le chef de file du Modem Marc Fesneau.

Fin de non-recevoir

Comme une grande partie de la journée de jeudi, la journée de vendredi dans l'hémicycle a consisté en une succession de rappels aux règlements et suspensions de séance.

Ce sont les articles de presse affirmant que le ministre de l'Intérieur était au courant dès le 2 mai des violences commises par Alexandre Benalla qui ont provoqué ces levées de boucliers.

LR, socialistes, Insoumis, communistes et extrême droite ont dénoncé des "mensonges" de M. Collomb, qui a laissé entendre jeudi, devant le Sénat, que la saisine de la police des polices était nouvelle. Ces députés ont "exigé", comme déjà la veille, qu'il vienne s'expliquer au plus vite devant la représentation nationale.

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a rappelé qu'il n'existait pas de pouvoir d'"injonction" des députés pour entendre un ministre.

Le patron des députés LR Christian Jacob a écrit au chef du gouvernement en lui demandant une déclaration au titre de l'article 50-1 de la Constitution.

Plusieurs députés ont épinglé "mépris" ou "dédain" d'Edouard Philippe, qui n'a pas modifié son agenda et a suivi la 13ème étape du Tour de France cycliste.

Alexandre Benalla
Eléments biographiques d'Alexandre Benalla, collaborateur d'Emmanuel Macron qui a frappé un manifestant lors du 1er-Mai, en garde à vue pour violences
AFP

Depuis Valence, il a envoyé une fin non-recevoir en indiquant qu'il s'exprimerait mardi lors des questions au gouvernement (QAG) et a appelé d'ici là à la "responsabilité" face à "l'obstruction parlementaire" et la "récupération politique"

Dans les couloirs, quelques élus LREM, la fatigue aidant au neuvième jour d'examen du projet de loi constitutionnelle "pour une démocratie plus représentative, responsable et efficace", peinent à cacher leur désarroi. Selon une source parlementaire, "c'est le bras de fer, c'est le premier qui lâchera", gouvernement ou oppositions.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Affaire Benalla: paralysie inédite de l’Assemblée, les séances houleuses se multiplient
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le