Affaire Benalla : quand la consigne était de « tuer le Sénat »

Affaire Benalla : quand la consigne était de « tuer le Sénat »

Invitée de l’émission « On va plus loin », la journaliste Sophie Coignard, revient sur l’affaire Benalla à laquelle elle a consacré un ouvrage.
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Une histoire qui n’a pas fini de livrer ses secrets. L’affaire Benalla est à nouveau dans l’actualité mais cette fois avec l’enquête de Sophie Coignard. Dans son ouvrage « Benalla, la vraie histoire » (éditions de l’Observatoire), l’éditorialiste politique au Point, s’est penchée sur un scandale qui a ébranlé l’exécutif.

On savait que la création au Sénat d’une commission d’enquête sur cette affaire, avait tendu les relations entre la chambre haute et l’exécutif mais on ne connaissait pas la violence des méthodes employées pour déstabiliser l’adversaire.

Sur le plateau d’ « On va plus loin », Sophie Coignard raconte, qu’au moment des auditions de cette commission, certains « au sommet de la macronie » estiment qu’ « il faut tuer le Sénat » et tentent de creuser dans le passé de Philippe Bas, le président de la commission d’enquête :  « Ils se disent « Philippe Bas a été secrétaire général de l’Élysée du temps de Chirac et forcément en ce temps-là, il (…) y avait des affaires aussi » (…) Il va y avoir des pressions, il va y avoir des envoyés spéciaux en fonction des affinités de chacun (…) L’Élysée va aller jusqu’à essayer de choisir des avocats à Alexandre Benalla, pour faire une défense de rupture. Où Alexandre Benalla viendrait devant les sénateurs [et] se tairait. Ce serait un avocat - et pas n’importe lequel - Éric Dupond-Moretti, qui lirait une sorte de document pour expliquer que la séparation des pouvoirs est totalement piétinée et que la République exige qu’Alexandre Benalla ne soit pas auditionné. Finalement c’est lui qui n’a pas [eu] envie de se laisser dicter cette manière de faire et qui décide de se rendre au Sénat, avec une certaine assurance, voire une certaine arrogance et puis un respect relatif vis-à-vis des sénateurs et des institutions. »

« Monsieur solutions »

Dans son ouvrage, Sophie Coignard retrace également le parcours très atypique du jeune homme : « Alexandre Benalla n’aurait pas dû se trouver là. Il est né dans une banlieue d’une ville moyenne, d’une région plutôt défavorisée. Il était un élève correct mais pas éblouissant. Il n’a pas fait de grandes écoles. Rien ne le prédisposait à ça. Rien sauf sa niaque (…) Il n’est pas conforme aux rituels, aux codes, aux usages. Il les comprend très bien, très vite, très tôt mais il décide de s’en affranchir. »

Et c’est ce parcours, cette façon d’être, qui séduit Emmanuel Macron : « [Alexandre Benalla] a ce destin individuel comme Emmanuel Macron les aime. Et puis il sait se rendre plus qu’indispensable. Il est à la fois Monsieur solutions, le « couteau suisse » du Président. Il est le gardien des secrets. Il sait des quantités de choses sur le Président. »

Alexandre Benalla va très vite prendre une grande place à l’Élysée : « Le Président va lui confier rien de moins que la réorganisation de la sécurité de la présidence (…) Tout cela ravive la guerre entre gendarmerie et police. Jusqu’à des paroxysmes qui vont mener au 1er mai. »

Ce 1er mai, où Alexandre Benalla sera vu dans une vidéo, interpellant violemment deux manifestants. Ce qui entraînera sa suspension et débouchera sur la création d’une commission d’enquête au Sénat.

 

Vous pouvez voir et revoir cet entretien, en intégralité :

OVPL. Entretien avec la journaliste Sophie Coignard à propos de l'affaire Benalla (en intégralité)
07:10

 

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