De la révélation par Le Monde de l'affaire Benalla à la prise de parole d'Emmanuel Macron, la majorité a, pour la première fois du quinquennat,...
Affaire Benalla: quand la Macronie a perdu pied
De la révélation par Le Monde de l'affaire Benalla à la prise de parole d'Emmanuel Macron, la majorité a, pour la première fois du quinquennat,...
Par Baptiste PACE
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De la révélation par Le Monde de l'affaire Benalla à la prise de parole d'Emmanuel Macron, la majorité a, pour la première fois du quinquennat, paru perdre la maîtrise des évènements, de l’Élysée à l'Assemblée en passant par le gouvernement.
Scène surréaliste samedi à l'Assemblée. Salle des Quatre-Colonnes, devant des députés et des journalistes ébahis, Marine Le Pen interpelle vivement Christophe Castaner. Alors que les oppositions somment le gouvernement de s'expliquer, le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement n'a pas mis les pieds dans l'hémicycle depuis plus de deux jours.
Tout a semblé échapper à la "Macronie" dans les jours qui ont suivi la révélation par Le Monde des agissements d'Alexandra Benalla, proche collaborateur du président, lors du défilé parisien du 1er Mai. "Cette affaire est gérée n'importe comment depuis le début", juge un communicant.
Des opposants se disent effarés de lire dès les premiers articles du Monde qu'Emmanuel Macron a été immédiatement informé de cette affaire, le 2 mai, par son directeur de cabinet Patrick Strzoda. "Ils ont réussi à dire d'emblée que Macron était au courant. Ils ne peuvent même plus faire porter le chapeau au dircab", constate l'un d'eux.
Le flottement s'est poursuivi jeudi à l’Élysée avec une déclaration solennelle du porte-parole Bruno Roger-Petit, la première depuis l'entrée en fonction de cet ancien journaliste en août 2017.
Le porte-parole affirme que M. Benalla a été "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président", alors que des photographies laissent supposer le contraire.Son intervention destinée à éteindre l'incendie aboutit à l'aviver.
De l'exécutif, il se propage à la majorité, en plein examen de la révision constitutionnelle, finalement abandonné dimanche après une mémorable bronca parlementaire. "Le gouvernement a laissé faire, a laissé la pauvre Nicole Belloubet toute seule pendant trois jours", assure un collaborateur parlementaire de la majorité.
Galaxie des personnes présumées impliquées dans l'affaire Benalla, du nom de l'ex-collaborateur de l'Elysée qui a frappé un manifestant lors du 1er mai
AFP
Sous pression d'une opposition revigorée, les Macronistes ont opéré "une succession de reculs. La majorité n'est pas arrivée à tenir une seule de ses positions", poursuit la même source.
- "Complètement décontenancés" -
"On a dit qu’on pouvait pas créer de commission d’enquête en session extraordinaire. Puis on s'est aperçu qu’on pouvait et qu’on n’avait pas d’autre choix. Après (le chef des députés LREM) Richard Ferrand a dit que les auditions seraient à huis-clos pour les fonctionnaires, résultat elles sont toutes publiques. On a dit qu’on maintenait les séances, puis on a fermé dimanche", énumère-t-elle.
Pendant ce temps, Édouard Philippe assiste à une étape du Tour de France et refuse les demandes de débat des groupes d'opposition. En conséquence, il devra subir un débat de censure, probablement la semaine prochaine, à l'initiative des Républicains (LR).
Majorité et opposition s'écharpent désormais sur la liste des personnes à auditionner dans le cadre des commissions d'enquête. Les premières auditions, notamment celle du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et de hiérarques policiers, laissent toujours M. Macron en première ligne.
"Ils ont joué la carte des fusibles, en se rendant rapidement compte que les fusibles n'étaient pas conciliants", commente le député LR Fabien Di Filippo.
Le feuilleton se poursuit mardi. Devant la Commission de l'Assemblée, M. Strzoda explique avoir pris "seul, en [son] âme et conscience" la décision de suspendre M. Benalla. Mais quelques heures plus tard, devant les députés de la majorité, le chef de l’État endosse personnellement la responsabilité: "le responsable, c'est moi". "Celui qui a été au courant et a validé l'ordre, la sanction de mes subordonnées, c'est moi et personne d'autre".
Plusieurs marcheurs font le tour des plateaux pour saluer l'intervention du chef de l’État. Olivier Faure, le patron du PS, les as trouvés "assez désemparés, tenant avec des éléments de langage minimalistes".
"On n'arrêtera plus de parler de Benalla jusqu'à la fin du quinquennat", pronostique-t-il: "Il y a un avant et un après. C'est la fin de l'innocence".
Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.
Dans une lettre adressée aux maires de France, le premier ministre répète qu’« un grand acte de décentralisation sera bientôt présenté devant le Parlement pour définir précisément la compétence de chacun ».
A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.
Alors que le ton se durcit entre les dirigeants de l’audiovisuel public et la chaîne CNews de Vincent Bolloré, qualifiée « d’extrême droite » par Delphine Ernotte, une délégation de sénateurs LR sera reçue par la patronne de Radio France Sibyle Veil le 30 septembre. Le 1er octobre, le président de l’Arcom, Martin Ajdari sera, lui, auditionné par la commission de la culture et de la communication de la chambre haute.