Affaire libyenne: Claude Guéant interrogé mardi par les juges d’instruction
L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant a été interrogé mardi par les juges d'instruction qui enquêtent sur les accusations de...

Affaire libyenne: Claude Guéant interrogé mardi par les juges d’instruction

L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant a été interrogé mardi par les juges d'instruction qui enquêtent sur les accusations de...
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Par Nathalie ALONSO et Benjamin LEGENDRE

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L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant a été interrogé mardi par les juges d'instruction qui enquêtent sur les accusations de financement libyen de la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007, une audition qui a été suspendue dans la soirée.

Arrivé mardi matin au tribunal de Paris avec son avocat, Claude Guéant en est ressorti peu avant 21H00 sans s'exprimer sur les éventuelles suites données à cette audition, a constaté une journaliste de l'AFP. Son audition a été suspendue, a indiqué une source judiciaire sans plus de précision.

Celui qui fut aussi le secrétaire général de l'Elysée sous la présidence Sarkozy a été interrogé pour la première fois depuis sa mise en examen dans ce dossier tentaculaire le 7 mars 2015 pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. En cause: un virement suspect de 500.000 euros sur son compte, non justifié aux yeux des enquêteurs.

Selon une source proche du dossier, les juges Serge Tournaire, Aude Buresi et Clément Herbo envisagent de le mettre en examen pour d'autres qualifications pénales.

Cette audition intervenait alors que les magistrats ont accéléré le pas dans leurs investigations avec la mise en examen en mars de Nicolas Sarkozy pour "corruption passive", "recel de détournements de fonds publics libyens" et "financement illégal de campagne électorale", puis celle d'Eric Woerth la semaine dernière pour "complicité" de ce financement en tant que trésorier à l'époque. L'avocat de l'ancien président a lancé des recours pour contester la procédure.

Les magistrats soupçonnent un lien entre un possible financement libyen de la campagne électorale et la circulation d'espèces au sein du camp Sarkozy, relevée par les policiers dans un rapport de septembre 2017.

Dans son rapport, la police anticorruption de l'Oclciff avait notamment souligné "l'usage immodéré des espèces" de Claude Guéant, relevant qu'il n'avait retiré que 800 euros de ses comptes en près de 10 ans, entre 2003 et 2012.

Ces dernières années, les ennuis judiciaires se sont accumulés pour l'ex-Premier flic de France: condamné en appel en 2017 dans le procès de ces primes en liquide, il est mis en examen dans l'affaire des sondages de l'Elysée et a été entendu à la mi-mai en garde à vue dans l'affaire du "Kazakhgate". Sans toutefois être convoqué à ce stade chez le juge. Ses biens immobiliers ont été saisis en 2017 dans l'affaire libyenne.

- "Constat d'échec" -

Depuis 2013, les juges mènent des investigations d'envergure pour vérifier les accusations portées par d'anciens dignitaires du régime de Mouammar Kadhafi et par le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine.

En novembre 2016, M. Takieddine, lui-même poursuivi dans ce dossier, avait affirmé avoir remis, entre fin 2006 et début 2007, cinq millions d'euros en liquide à M. Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à Claude Guéant, son directeur de cabinet d'alors.

"Claude Guéant a une position très nette depuis le début: il n'a jamais vu un centime d'argent libyen", déclare à l'AFP son avocat, Me Philippe Bouchez El Ghozi.

"Ce rapport de police de 2017, c'est un constat d'échec: faute de trouver les preuves de versements en amont, on cherche la trace de l'argent en aval", assure-t-il.

"Mais les seules traces d'argent libyen, ce sont les virements de 2 millions d'euros arrivés dans la poche de M. Takieddine", affirme-t-il.

Les enquêteurs ont cependant identifié en amont des opérations suspectes dont ils pensent qu'elles ont pu masquer d'éventuels détournements de fonds.

En 2013, les enquêteurs ont découvert que l'ex-secrétaire général de l'Elysée avait perçu 500.000 euros sur un compte, le 3 mars 2008, en provenance d'un avocat malaisien. Il avait expliqué, sans convaincre les enquêteurs, que ce virement était le fruit de la vente de deux tableaux flamands.

Les enquêteurs pensent que ce virement vient en fait d'un riche entrepreneur saoudien, Khalid Ali Bugshan, lui aussi mis en examen, et dont les investigations démontrent également des liens avec l'homme d'affaires français Alexandre Djouhri.

Ce proche de Guéant a été arrêté en janvier à Londres et est en attente d'une éventuelle extradition. M. Djouhri est soupçonné d'être derrière la revente suspecte en 2009 à un prix surévalué d'une villa à un fonds libyen géré par l'ex-argentier du régime déchu, Bachir Saleh.

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