Afghanistan : le dilemme des ONG et de la France face aux talibans
Rester pour venir en aide à la population afghane ou quitter le pays faute de sécurité ou de liberté d’action, une question qui hante les organisations humanitaires encore présentes en Afghanistan. Un colloque organisé le 24 octobre 2022 au Sénat par le groupe interparlementaire d’amitié France Afghanistan a permis d’échanger à ce sujet, en présence de l’ambassadeur de France David Martinon.
« Les conditions ne sont absolument pas remplies pour que la communauté internationale et donc la France se réengagent en Afghanistan », rappelle d’emblée David Martinon. Celui qui est encore ambassadeur de France en Afghanistan malgré son retour en France depuis l’évacuation en catastrophe de l’ambassade en août 2021 est clair. Depuis ce retrait, la position de la France n’a pas bougé. « Il y a un canal de dialogue avec les autorités de fait, les talibans, et c’est toujours le cas », précise l’ambassadeur. Mais pas de reconnaissance du nouveau régime.
Oui à l’aide humanitaire, non à l’aide au développement
Face aux ONG présentes, David Martinon tente de rappeler la doctrine française vis-à-vis des humanitaires. Oui à un soutien « avec une très grande générosité, mais dès lors que nous voudrions reprendre une aide au développement, il faudrait que les conditions soient réunies ». Le soutien de la France se limite donc désormais à la poursuite de projets engagés comme sur l’Institut pour la Mère et l’Enfant, un hôpital ultra-moderne construit par la France en 2006 et géré par l’association La chaîne de l’espoir.
Mais l’ambassadeur le reconnaît, les ONG sont désormais seules sur place. Sans protection de la France qui n’est plus présente. Notamment sur le plan sécuritaire, alors que DAESH multiplie les attentats. Les organisations humanitaires constatent aussi un raidissement du gouvernement taliban depuis quelques mois. « Il y a un rapport de force avec les talibans, explique Éric Cheysson, représentant de La chaîne de l’espoir. Ils savent ce que nous représentons, ils ont besoin de nous. Et nous, nous avons l’obligation de reprendre nos missions vu la submersion de patients. Mais nous avons désormais une très faible visibilité, maximum 15 jours, avec une incertitude totale sur la suite ».
Chez Médecins sans Frontières, Claire Ha-Duong, sent aussi « que les talibans commencent à se raidir, à avoir de plus en plus de demandes. On essaye de repousser ou de négocier, mais c’est clair qu’à un moment il peut y avoir une confrontation et nous, nous quitterions le pays » explique celle qui est responsable des programmes de l’association en Afghanistan. « Mais ce n’est pas ce qu’on veut pour les populations afghanes que l’on soigne », reprend-elle immédiatement, en détaillant les programmes lancés, dont trois nouveaux depuis le retrait occidental du pays.
Si la situation politique se tend dans le pays, Claire Ha-Duong note une amélioration sur le plan sécuritaire pour les humanitaires dans le pays. « C’est paradoxal à dire mais le retrait des forces étrangères a provoqué la fin des combats sur les routes et a donc facilité l’accès des patients à nos structures » note-t-elle, malgré la menace de DAESH.
Pour le sénateur centriste Jacques Le Nay, qui préside le groupe d’amitié France-Afghanistan au Sénat, la situation est « forcément dans le rapport de force. On doit faire en sorte que nos personnels ne soient pas en danger ». Mais s’il plaide pour que les relations avec l’Afghanistan se règlent au niveau européen, le sénateur du Morbihan pointe le dilemme français : « Le dialogue est important. Mais comment le réaliser sans reconnaître officiellement le régime des talibans. Moi je n’ai pas la réponse », conclut-il modestement.
Les ONG connaissent les conditions fragiles dans lesquelles elles peuvent pour l’instant continuer d’opérer en Afghanistan. Mais David Martinon a été clair : « En cas de crise, nous ne pourrons pas apporter grand-chose. Nous n’avons plus aucune capacité d’intervention sur place, vous êtes sans protection » a-t-il rappelé aux représentants d’ONG.
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