Agirc-Arrco : un nouveau coup dur pour les retraités ?

Agirc-Arrco : un nouveau coup dur pour les retraités ?

Patronat et syndicats négocient les derniers réglages de la fusion de l’Agirc et de l’Arcco prévue pour janvier 2019. Le nouveau système de retraites complémentaires du privé pourrait largement rogner les pensions de retraites selon les informations du Parisien. Les partenaires sociaux démentent. 
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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Une baisse de 9 % du niveau des pensions de retraite sur 15 ans ? Ce sont les conclusions de l’étude confidentielle réalisée par les services techniques du régime de retraite Agirc-Arrco dont le Parisien s’est fait l’écho. Cette baisse toucherait les retraites complémentaires des salariés et des cadres du privé. Pour 100 euros cotisés par an, les pensions pourraient passer de 7,25 en 2018 à 5,77 en 2033 selon le quotidien. Lors de la prochaine réunion, le 17 novembre, le patronat (MEDEF, U2P, CPME) et les syndicats (CFDT, FO, CGT, CFE-CGC, CFTC)  devront s’accorder sur les nouvelles règles du système de retraites complémentaires du privé.

Après un déficit cumulé de plus de 3 milliards en 2014, le déficit de l'Agirc-Arrco a été ramené à 2,24 milliards d’euros en 2016.

Le Parisien a donc pris connaissance d’un document des services techniques de l’Agirc-Arrco ébauchant les nouvelles règles juridiques de fonctionnement et de gestion. Selon eux, au 1er janvier 2019 le régime des retraites des cadres et des salariés du privé disposera d’un système de pilotage quasi-automatique qui lui permettrait de moduler le niveau des pensions complémentaires en cas de déficit financier. Un changement majeur. En effet, jusqu’à présent les partenaires négociaient les ajustements financiers. Autre nouveauté, les cotisations seraient définies en amont. Plus question de les augmenter. Le réajustement des finances de l’Agirc-Arrco devrait donc passer par le niveau des pensions de retraite.

L’assainissement des finances de l’Agirc-Arrco reste la priorité des partenaires sociaux. La crise économique et le départ à la retraite des papy-boomers ont impacté les caisses de l’Agirc-Arrco qui étaient excédentaires de 1998 à 2008. Leurs déficits cumulés se sont creusés à plus de 3 milliards d'euros en 2014. Le déficit cumulé de l’Argirc-Arrco a été ramené à 2,24 milliards d’euros en 2016.

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APRÈS 11 ANNÉES D’EXCÉDENTS, LA RÉAPPARITION DE DÉFICITS DEPUIS 2009
Cour des comptes

L’accord du 16 octobre 2015 entre le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC) visait au renflouement de ces caisses des retraites complémentaires (Lire notre papier). Cet accord avait introduit un malus pour inciter les salariés du privé à retarder leur départ à la retraite. En effet, les cadres et salariés du privé nés à partir de 1957 devront reculer leur âge de départ à la retraite sous peine de voir leurs pensions de retraites amputées de 10 % pendant les deux, voire les trois, premières années.

Les partenaires sociaux nient la baisse de 9 % du niveau des pensions, sauf la CGT

« Il n’est pas souhaitable, ni économiquement ni socialement, de baisser les pensions » assure le représentant du MEDEF, Claude Tendil, a l’AFP. Pour serge Lavagna (CFE-CGC) il s’agit seulement « de mettre en musique » l’accord du 16 octobre 2015 qui acte la fusion entre l’Agirc (4,2 millions de cadres du privé) et de l’Arcco (18 millions de salariés du privé). Du côté de la CGT le ton monte. La secrétaire générale de l’UGICT-CGT, sur Twitter, tacle le MEDEF. D’après elle, l’organisation patronale « ne s’interdit pas de baisser la valeur du point (de retraite complémentaire NDLR), ce qui permettrait de diminuer les retraites. »

Dans un communiqué publié sur le site de l’UGICT-CGT, le syndicat s’inquiète notamment de la suppression de « la garantie minimale de points (GMP) qui permettait, par une cotisation supplémentaire, d’améliorer le montant de la retraite des cadres payés. » L’UGICT-CGT plaide pour que le financement du régime se fasse, entre autres, par la « mise à contribution de l’ensemble de la rémunération des cadres. » Ils reprochent au MEDEF de maintenir ces négociations « dans l’opacité » pour « imposer des baisses de droits. » Selon l’UGICT-CGT, cet accord préfigure « la réforme du régime général annoncée par le gouvernement pour début 2018. »

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