Agriculture : les enjeux du salon 2023

Agriculture : les enjeux du salon 2023

A la veille du Salon de l’Agriculture, la FNSEA, principal syndicat des agriculteurs, a tenu à rappeler les principaux enjeux du secteur lors d’une conférence de presse. Néonicotinoïdes, accès à l’eau et renouvellement de générations vont dominer les débats, sur fond de guerre en Ukraine.
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Par Romain Ferrier

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Il y a un an, la guerre en Ukraine avait fortement marqué le salon de l’agriculture qui ouvrait ses portes aux lendemains du déclenchement de l’offensive russe. Une empreinte toujours très présente à la veille de l’édition 2023, selon la présidente de la FNSEA, « ce grand moment de retrouvailles [qu’est le Salon de l’Agriculture] est marqué d’une émotion particulière, celle du triste anniversaire de l’invasion russe en Ukraine ». Christiane Lambert retient surtout le caractère unique de cette inflation, que « personne n’avait prédite ». La situation des agriculteurs français s’inscrit en effet dans un contexte géopolitique dont les enjeux se retrouvent autant à l’échelle locale qu’européenne, et l’inflation pèse lourdement sur eux. En un an, les coûts liés à l’énergie et aux matières premières ont bondi de 16,5 % dans le secteur, attaquant directement l’attractivité des métiers de l’agriculture. Lors du dernier recensement en 2000, 31 % des paysans étaient âgés de plus de 55 ans et moins de 5 % seulement avaient moins de 30 ans, rapporte le Sénat. Vieillissante, la population du secteur agricole nécessite un renouvellement de générations, un enjeu démographique des plus importants pour Christiane Lambert. La syndicaliste et éleveuse porcine a rappelé le vrai besoin de recrutement, et a annoncé « refuser la fatalité du déclin ».

Les néonicotinoïdes : une législation différente en France et dans l’Union Européenne

Si les intérêts des agriculteurs dépendent de la situation de Kiev, ils le sont aussi de Bruxelles. « Pour un marché unique, règle unique » souhaite Christiane Lambert, en évoquant la législation des néonicotinoïdes. Ces insecticides utilisés pour la protection des plantes, particulièrement nocifs pour les abeilles, ont été interdits en France en 2015 sous la direction de Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement. « C’est un mauvais choix qu’à fait la France, un choix prématuré » commente la présidente de la FNSEA. Ce choix politique contribue à mettre en péril le secteur de la betterave à sucre, dont la France est le deuxième plus grand producteur au monde derrière la Russie. « Les betteraves ne fleurissent pas, il n’y a donc pas de fréquentation par les abeilles » défend la syndicaliste.

Depuis 31 jours, il n’a pas plu en France

Autre sujet d’inquiétude, le manque de précipitations. « Les prochains mois seront déterminants, et nous suivons la météo au jour le jour » affirme la syndicaliste. Subissant une sécheresse hivernale sans précédent, la France prévoit d’ores et déjà des solutions, telles que les méga-bassines. Très controversés, ces stockages d’eau de huit hectares (en moyenne) permettent d’irriguer durant les périodes de grande chaleur, mais sont dénoncés par les défenseurs de l’environnement. Christiane Lambert les défend. « Les réserves d’eau hivernales, telles qu’elles sont définies, sont nécessaires » dit-elle. « Personne ne veut revivre l’année 2022 », une année fortement marquée par les épisodes de canicule.

Autant d’enjeux sur lesquels le président de la République est attendu le 25 février, date d’ouverture du Salon de l’Agriculture qu’Emmanuel Macron inaugurera.

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