Aides sociales: le gouvernement souffle le chaud et le froid
Déclarations alambiquées, prises de position parfois contradictoires: le gouvernement souffle le chaud et le froid sur la...

Aides sociales: le gouvernement souffle le chaud et le froid

Déclarations alambiquées, prises de position parfois contradictoires: le gouvernement souffle le chaud et le froid sur la...
Public Sénat

Par Valentin BONTEMPS

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Déclarations alambiquées, prises de position parfois contradictoires: le gouvernement souffle le chaud et le froid sur la question des prestations sociales, avant la publication très attendue d'un rapport d'experts chargé d'identifier des pistes d'économies budgétaires.

L'exécutif s'apprête-t-il à tailler dans les aides sociales ? Quelles prestations pourraient être amenées à évoluer ? Difficile, sur ce sujet politiquement sensible, de voir clair dans les intentions de l'exécutif, à quatre mois de la présentation du budget 2019.

"Ce qui est certain c'est qu'il y en a trop" et "qu'elles sont parfois contradictoires", a estimé mardi sur RTL le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, pointant l'existence de dispositifs nationaux et locaux nombreux et "complexes".

"On a un système social qui malheureusement n'a pas réglé le problème de la grande pauvreté en France et qui n'a pas réglé non plus le problème de l'activation vers le travail", a ajouté le ministre.

Un propos visant "le maquis" existant en matière de prestations sociales, et non le niveau des aides, a précisé à l'AFP l'entourage du ministre. "Ca rend le système incompréhensible pour les gens", a-t-on assuré.

Interrogé sur les intentions exactes du gouvernement, alors que des rumeurs et informations contradictoires circulent depuis plusieurs semaines, le ministre a tenu à distinguer deux types de prestations.

"Il y a des aides sociales aujourd'hui pour les gens qui sont cassés par la vie", a-t-il détaillé, citant l'allocation aux adultes handicapés (AAH) et le minimum vieillesse, que l'Etat a décider d'augmenter. "Ce sont des aides sociales légitimes", a insisté le ministre.

Et puis "il y a des aides sociales" attribuées lorsqu'on est "entre deux périodes d'activité. Et malheureusement elles ne sont pas incitatives pour sortir de cette période d'inactivité", a poursuivi Gérald Darmanin.

Nous devons réfléchir "à notre système social notamment sur ce deuxième point", a -t-il dit, citant une nouvelle fois l'exemple de la prime d'activité, attribuée aux travailleurs à revenus modestes.

- "choix structurants" -

Ce dispositif, lancé en janvier 2016 pour remplacer le RSA-activité et la prime pour l'emploi (PPE), a connu une montée en charge très rapide. Au point d'inquiéter Bercy, qui craint un dérapage budgétaire.

"En 2016, quand elle a été créée, c'était quatre milliards d'euros. Aujourd'hui, c'est six (...) alors qu'on a une croissance économique et des créations d'emplois", a souligné Gérald Darmanin.

Cette prestation, qu'Emmanuel Macron s'était engagé pendant la campagne présidentielle à revaloriser, pourrait-elle être rabotée ? Le gouvernement, tout en laissant entendre qu'une refonte est possible, s'en défend.

"Il faut revoir le système sans toucher aux aides sociales individualisées", a jugé mardi M. Darmanin. Un propos relayé par le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a assuré sur Franceinfo que les aides individuelles "ne baisseront pas".

Ce dernier avait rappelé à l'ordre la semaine dernière le gouvernement, après un couac entre Bruno Le Maire - qui avait jugé "peut-être légitime de réduire la politique sociale sur l'emploi" - et Gérald Darmanin, qui avait évoqué une différence de "sensibilité".

Selon Bercy, l'objectif du gouvernement est "de revoir les dispositifs" dont l'Etat estime "qu'ils ne remplissent plus le rôle pour lequel ils ont été créés". Autrement dit: d'"améliorer leur efficacité".

Selon une source proche du dossier, cette réflexion n'est cependant pas dénuée d'arrière-pensées, l'exécutif étant à la recherche d'économies pour tenir ses objectifs budgétaires, à savoir réduire la dépense publique de trois points de PIB d'ici à 2022.

Selon Les Echos, la sphère des prestations sociales pourrait faire partie des postes d'économies proposés par les experts.

Cette piste, politiquement sensible, a également été proposée par la direction du Budget, qui a suggéré dans une note de revoir les "règles d'éligibilité" des prestations ou de mieux prendre en compte le patrimoine des contribuables dans le calcul des allocations.

"L'objectif du président est que la lutte contre la pauvreté soit axée sur le travail et l'activité", a fait savoir de son côté l'entourage du président de la République, annonçant des "choix structurants", sans autre précision.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris  Marine Tondelier meets French PM
3min

Politique

Rencontre à Matignon : les Écologistes menacent de « renverser Lecornu » s’il ne « renverse pas la table »

Tous les dirigeants de gauche, à l’exception de La France insoumise, qui a décliné l’invitation, se sont succédé mercredi 17 septembre dans le bureau du nouveau Premier ministre. À la sortie de Matignon, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, entourée de ses deux présidents de groupe, a résumé des échanges sans réponses concrètes.

Le

Aides sociales: le gouvernement souffle le chaud et le froid
3min

Politique

Rencontre entre Sébastien Lecornu et le PS : « Nous n'arriverons pas à un accord si nous ne faisons pas des pas dans leur direction », estime Christophe Béchu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu reçoit ce mercredi 17 septembre les représentants socialistes à Matignon. De nombreuses figures du bloc central appellent à trouver un accord avec le PS pour faire adopter le prochain budget. Pour Christophe Béchu, secrétaire général d’Horizons, il faut « bien entendu » faire des concessions à la gauche dans cette optique, explique-t-il dans la matinale de Public Sénat.

Le

SIPA_01066724_000014
8min

Politique

Référendum sur l’immigration : une pétition controversée relance le débat enterré au Sénat en 2023

Plus d’1,3 million de personnes auraient signé la pétition de Philippe De Villiers en faveur d’un référendum sur l’immigration, dont certains cadres LR, comme Laurent Wauquiez. L’idée d’élargir les conditions du recours au référendum de l’article 11 de la Constitution aux questions migratoires avait été portée en 2023 par l’ancien président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau avant d’y renoncer faute de majorité.

Le