« Alarmistes » contre « rassuristes » : une guerre de communication face à la pandémie
Couvre-feu, confinement, fermeture des petits commerces… Depuis le début de la crise de la Covid-19, le gouvernement s’appuie sur les experts pour justifier sa politique sanitaire. Mais si le Conseil scientifique semble être l’annonciateur des mauvaises nouvelles, une autre catégorie de scientifiques est apparue pour leur apporter la contradiction, les « rassuristes » . Alors, « alarmistes » contre « rassuristes », la guerre des experts est lancée ! Décryptage cette semaine dans Hashtag avec Hélène Risser et ses invités.

« Alarmistes » contre « rassuristes » : une guerre de communication face à la pandémie

Couvre-feu, confinement, fermeture des petits commerces… Depuis le début de la crise de la Covid-19, le gouvernement s’appuie sur les experts pour justifier sa politique sanitaire. Mais si le Conseil scientifique semble être l’annonciateur des mauvaises nouvelles, une autre catégorie de scientifiques est apparue pour leur apporter la contradiction, les « rassuristes » . Alors, « alarmistes » contre « rassuristes », la guerre des experts est lancée ! Décryptage cette semaine dans Hashtag avec Hélène Risser et ses invités.
Public Sénat

Par Quentin Poirier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Dans le camp des « alarmistes », le chef du Conseil scientifique, le professeur Delfraissy est la figure la plus médiatique. Jean-Michel Gullung, spécialiste en management analyse : « Je pense, qu’il est très imprégné des deux rôles que l’on attribue aux experts : Aider les dirigeants à prendre des décisions sanitaires et communiquer. Sur la première partie, on peut dire que Jean-François Delfraissy et ses collègues ont joué leur rôle. Par contre leur communication est moins réussie. En mettant beaucoup en avant l’aspect informationnel de leurs prises de position, ils ont été extrêmement exposés, au risque que leur parole soit fragilisée ».

Ainsi, alors que le gouvernement a tout intérêt à se reposer sur la parole de ces experts pour légitimer les décisions, cela présente un risque, pour Jean-Michel Gullung, « que l’on confonde conseil des experts et prise décision politique ».

Les « rassuristes » des porteurs d’espoir ?

Pour Jean-Michel Gullung, avec des scientifiques comme le professeur Raoult ou ses confrères « rassuristes », « on est face à des gens qui ont une réelle compétence. Par contre, ils sont complètement démunis face à cette pathologie inconnue qui déstabilise tout le monde. Ainsi puisqu’ils n’ont pas la possibilité d’affirmer des réalités scientifiques, face à une maladie que l’on apprend à connaître, leurs convictions prennent le pas sur le réel ».

Comme il n’y a pas de consensus scientifique sur la Covid-19, les experts « rassuristes » se focalisent en effet uniquement sur leurs rôles de communicants et cela semble être l’image qu’ils renvoient dans le débat public au détriment de l’information qu’ils diffusent.

Mais comment sont-ils perçus par les internautes sur les réseaux sociaux ?
Pour répondre à cette question Véronique Reille-Soult, spécialiste en communication analyse les mots associés à chaque expert.

vrs2_mots_associes_delfraissy_et_raoult.png


« Quand on regarde les mots qui sont associés au professeur Raoult, au-delà de l’hydroxychloroquine qui visiblement est un reflet de positivisme pour beaucoup, on voit que ce sont des mots presque positifs : traitement, résultat, solution »
Pour Jean-François Delfraissy, les mots associés sont d’un registre bien différent.

Pour la communicante, il y aurait donc « les experts des bonnes et des mauvaises nouvelles, ceux qu’on a envie d’entendre et les autres, que l’on n’a pas envie d’entendre ».

« Les gens ont besoin de savoir où l’on va »

Pour Véronique Reille-Soult, le discours des « rassuristes » fonctionne car il n’y a pour le moment aucun unanimisme sur la pandémie. Mais si au début, les mesures de confinement, ou de port du masque étaient acceptées par la majorité de la population, elles sont à présent de plus en plus remises en cause rendant peut-être les arguments des « rassuristes » plus audibles.

Jean-Michel Gullung approuve et conclut : « Je pense que cette colère pose le problème de l’acceptabilité de ce deuxième confinement, de l’acceptabilité des conséquences économiques. Les gens ont besoin de savoir où l’on va ».

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

French L1 football match between Olympique Lyonnais (OL) and Le Havre AC
8min

Politique

Salaires exorbitants, conflits d’intérêts, droits TV : retour sur la commission d’enquête qui a mis un carton rouge au Foot business

Série- Les enquêtes du Sénat. C’est une commission d’enquête qui a connu de nombreux soubresauts. Alors que le football professionnel traversait une crise majeure liée aux revenus des droits TV, les sénateurs Laurent Lafon et Michel Savin ont lancé une commission d’enquête pour encadrer le sport professionnel. Entre auditions, visite du siège de la Ligue de football et révélations de Complément d’enquête, retour sur les préconisations de la commission d’enquête pour stopper le Foot business.

Le

Le Mans Manifestation des maires de la Sarthe
4min

Politique

Elections municipales : il n’y a jamais eu autant de maires démissionnaires depuis 2020

Le nombre d’édiles qui renoncent à poursuivre leur mandat n’a jamais été aussi élevé, selon une étude de l'Observatoire de la démocratie de proximité AMF-Cevipof/SciencesPo. Les démissions ont été multipliées par quatre depuis 2020 par rapport à la période 2008-2014. Les tensions au sein des Conseils municipaux sont invoquées comme première cause de renoncement.

Le

capture La bomba
3min

Politique

Les « films de l’été » 5/8 : « La bombe atomique a modifié à jamais le monde dans lequel nous vivons »

Pour les Américains, la bombe atomique était LA solution nécessaire pour gagner la Seconde Guerre mondiale. Elle est devenue par la suite un problème environnemental, politique et moral. Comment vivre avec une invention capable de détruire la planète ? Étayé d'images et de vidéos déclassifiées, mais aussi d'archives poignantes consacrées aux victimes d'Hiroshima et de Nagasaki, « La bombe », du cinéaste américain Rushmore DeNooyer, diffusé cet été sur Public Sénat, convoque également les témoignages d'anciens hommes politiques, d'ingénieurs du projet Manhattan et d'historiens pour raconter cette histoire scientifique, politique et culturelle.

Le