Politique
Sénat : Guillaume Gontard reste président du groupe écologiste
Le groupe écologiste – solidarité et territoires a maintenu à sa tête le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard.
Le
Par Héléna Berkaoui
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« J’entends la volonté de changement que le pays a clairement exprimé. » Trois jours après le second tour des législatives et la crise politique qui en découle, le président de la République s’est exprimé devant les Françaises et les Français.
Une courte allocution de huit minutes qui fait suite à la consultation des différents chefs de partis politiques par Emmanuel Macron ces derniers jours. Des entretiens à l’issue desquels il a acté le fait que l’opposition a « exclu l’hypothèse d’un gouvernement d’unité nationale ».
« Je ne peux d’abord ignorer la forte abstention. Je ne peux pas davantage ignorer les fractures, les divisions profondes qui traversent notre pays et se reflètent dans la composition de la nouvelle Assemblée », a déclaré Emmanuel Macron avant d’appeler à « apprendre à gouverner et légiférer différemment ».
La majorité présidentielle se retrouve avec la plus petite majorité jamais connue dans l’histoire de la Ve République. Une situation politique inédite. « Aucune force politique ne peut aujourd’hui faire les lois seules. La majorité présidentielle est en effet relative », a reconnu Emmanuel Macron. « Pour avancer utilement, il revient maintenant aux groupes politiques de dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller », a conclu le chef de l’Etat. Une dernière déclaration qui n’a pas manqué de faire réagir l’opposition.
« J’ai l’impression qu’il n’a pas encore saisi l’étendue du désaveu de dimanche soir », réagit Roger Karoutchi. Le sénateur LR des Hauts-de-Seine raille au passage la durée de cette allocution : « Pour une fois, il aurait dû parler plus longtemps ». Mais la critique sur le fond et la forme est plus sérieuse. Pour le vice-président LR du Sénat, Emmanuel Macron s’est visiblement exprimé trop tôt et de façon trop imprécise.
« Pourquoi une intervention, ce soir, pour ne pas mettre en place des pistes d’orientation ? Il dit qu’il va falloir gouverner différemment mais il ne dit pas comment, c’est un peu juste », estime Roger Karoutchi. Pour le sénateur, le président de la République semble anticiper les prochains accrocs, « sous quinzaine, on va voir les situations de blocage se mettre en place » à l’Assemblée nationale. Appeler « les groupes politiques de dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller » ne suffira pas à se dédouaner des prochaines situations de blocage, selon lui.
« Il n’y a rien, c’est blablabla », s’agace, de son côté, le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. Le fait que le président de la République entame cette allocution en rappelant sa victoire à la présidentielle fait marque d’un « manque d’humilité ». Emmanuel Macron a effectivement assuré qu’il avait été élu « sur le fondement d’un projet clair ». Le sénateur socialiste du Nord note également qu’il n’y a pas le début d’une autocritique : « Contrairement au Général de Gaulle, il n’a rien compris ».
« Sur le fond, il reste dans ses certitudes notamment en disant qu’il n’y aura pas d’impôts nouveaux », souligne-t-il. « Il est possiblement l’alpha et l’omega de l’équilibre des institutions mais le roi est nu, il n’a pas la majorité », rappelle le sénateur du Nord. Le président du groupe socialiste demande par ailleurs au Président de la République de convoquer un Congrès à Versailles pour clarifier sa ligne.
Patrick Kanner note aussi qu’« Élisabeth Borne passe par pertes et profits ». Comprendre : par son intervention, il l’invisibilise et l’affaiblit. Son nom n’a, par ailleurs, pas été évoqué une seule fois. « Emmanuel Macron est maintenant au front, il n’a plus de fusibles potentiels, ce qui doit être le rôle du Premier ministre. »
Le sénateur de la majorité présidentielle, Xavier Iacovelli, voit cette intervention comme « un point d’étape ». « Il a acté en transparence ce qu’il s’est passé », estime le sénateur des Hauts-de-Seine. Pour lui, le chef de l’Etat a raison de ne pas dramatiser les choses, « on n’est pas le seul pays européen à fonctionner avec une majorité relative ». Sur l’absence d’annonces notables, Xavier Iacovelli juge qu’il est trop tôt. « Il nous pousse à nous réinventer dans une recherche de majorité stable pour gouverner le pays, avec les sociaux-démocrates et la droite républicaine et une ligne rouge : le RN et LFI »
« Dans n’importe quelle autre démocratie, quand on veut faire confiance au Parlement, on donne des orientations, on cherche des points de convergence », réagit, quant à lui, le président du groupe écologiste au Sénat. Guillaume Gontard estime que ce discours « n’est pas à la hauteur de ce que l’on est en train de vivre ».
Pour Guillaume Gontard, cette intervention a complètement éludé deux sujets majeurs : « L’analyse de ce qu’il s’est passé » et les conclusions à en tirer. La perspective d’avancer texte après texte avec des majorités d’appoint lui paraît impensable. « Il nous dit qu’il va continuer à appliquer son programme et puis « qui m’aime me suive » ? Son rôle, c’est de donner un cap, une plateforme de propositions. Là on n’a rien ! », fustige le sénateur de l’Isère. Les discussions doivent cependant se poursuivre la semaine prochaine. Élisabeth Borne recevra alors les présidents des groupes de l’Assemblée nationale.
L'intégrale du 26 septembre